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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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avaient été
aménagés. La rive nord était donc tranquille et couverte de buissons en fleurs
en cette période de l’année. C’était là que Merthin et Caris avaient choisi de
se rendre.
    Juchés sur un escarpement, ils regardaient couler la rivière
gonflée par la pluie. Merthin remarqua que le courant était plus fort que de
coutume, et il nota aussi que le chenal était plus étroit qu’autrefois. Quand
il était enfant, la rive sud offrait sur presque toute sa longueur l’aspect
d’une vaste plage marécageuse. En ce temps-là, il avait souvent traversé la
rivière en se laissant flotter sur le dos. Mais ces quais nouvellement
construits, protégés des inondations par des digues en pierre, canalisaient la
même quantité d’eau dans un couloir plus étroit, et le flot s’en trouvait
accéléré, comme si l’eau se hâtait de passer le pont pour retrouver son ampleur
et ralentir sa course à proximité de l’île aux lépreux.
    « J’ai commis une chose affreuse », dit Merthin.
De découvrir Caris si belle aujourd’hui le désespérait. Dans sa robe de toile
grenat qui rosissait son teint, la jeune fille était éblouissante et pleine de
vie. La façon dont s’était déroulé le procès l’avait fâchée, et son inquiétude
pour Nell la folle lui donnait une expression vulnérable qui déchirait le cœur
de Merthin. Elle s’était forcément rendu compte qu’il avait évité de croiser
son regard tout au long de la semaine et elle avait dû imaginer des choses
épouvantables. Mais tout ce qui avait pu lui venir à l’esprit était
certainement bien moins affreux que ce qu’il avait à lui dire maintenant.
    Il n’avait soufflé mot à personne de sa dispute avec
Griselda, maître Elfric et Alice. Personne n’était même au courant que son
patron avait brisé son œuvre. Malgré sa peine immense, il s’était interdit d’en
discuter avec qui que ce soit. Sa mère l’aurait critiqué et son père lui aurait
seulement enjoint de se conduire en homme. Il aurait pu se confier à Ralph,
mais une froideur s’était installée entre eux depuis la bagarre avec le paysan.
Merthin considérait que Ralph s’était comporté en tyran et celui-ci en était
conscient.
    À l’idée d’avouer la vérité à Caris, le jeune homme était
terrifié au point de se demander d’où lui venait son effroi. Car, en fait, il
n’avait pas peur de sa réaction. Au pire, elle l’écraserait de son mépris – et,
dans ce domaine, elle savait y faire. Mais les reproches qu’elle lui
adresserait ne seraient jamais plus amers que ceux qu’il s’adressait à
lui-même.
    En réalité, ce qu’il craignait, comprenait-il soudain,
c’était de la blesser. Affronter sa colère, oui. Sa douleur ? Il n’y
parviendrait pas.
    Elle lui demanda : « Tu m’aimes
toujours ? »
    Il ne s’attendait pas à cette question, mais répondit oui
sans hésitation.
    « Moi aussi, je t’aime. Tout le reste n’est qu’un
problème que nous pouvons résoudre ensemble. »
    Si seulement elle pouvait avoir raison ! se dit-il. Il
le souhaitait tant que les larmes lui vinrent aux yeux et il détourna le regard
pour qu’elle ne s’en aperçoive pas. C’est ainsi qu’il remarqua sur le pont la
foule marchant derrière le chariot qui avançait lentement. Il devait s’agir de
Nell la folle, condamnée à être fouettée tout au long du chemin jusqu’à la
croisée au Gibet, dans le hameau de Villeneuve. Le pont était déjà encombré par
les charrettes des marchands rentrant chez eux après la foire et la circulation
était quasiment arrêtée.
    « Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu pleures ?
s’inquiéta Caris.
    — J’ai couché avec Griselda », répliqua
brutalement Merthin.
    Caris en resta bouche bée. « Avec Griselda  ?
Répéta-t-elle, incrédule.
    — J’ai tellement honte !
    — Je croyais que c’était avec Élisabeth Leclerc.
    — Elle est trop fière pour ça.
    — Ah ? Parce que tu l’aurais fait aussi si elle te
l’avait proposé ? » s’enquit Caris.
    Sa réaction l’étonna. « Ce n’est pas ce que je voulais
dire !
    — Griselda ! Sainte Marie Mère de Dieu !
j’aurais pensé que je valais mieux que ça.
    — Mais tu le vaux !
    — Cette lupa , dit-elle, utilisant le mot latin
qui signifiait « putain ».
    — Je ne peux même pas la supporter, cette fille, et
j’ai détesté ça.
    — C’est censé me rendre la chose plus agréable ?
Dois je en déduire que tu

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