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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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vue de la situation. Côté Kingsbridge, le comte Roland et sa
suite tentaient vainement de franchir le pont, mais il était bien difficile de
repousser les piétons. Merthin repéra son frère Ralph à son cheval brun à
crinière et queue noires, ainsi que le prieur Anthony. Venu selon toute
évidence faire ses adieux, le père abbé se tordait les mains avec inquiétude en
voyant les hommes de Roland pousser de force leurs montures dans la foule pour
dégager un passage.
    La sensation d’un danger imminent s’empara de Merthin. Il y
avait quelque chose d’anormal, il en était certain. Mais quoi ? Il
n’aurait su le dire. Il scruta le pont plus attentivement. Le lundi d’avant, il
avait remarqué que les massives poutrelles de chêne reliant les piles l’une à
l’autre sur toute la longueur du pont, côté amont de la rivière, avaient été
renforcées à l’aide de plaques de fer là où il y avait des fissures. N’ayant
pas pris part à ce travail de réhabilitation, il n’avait pas examiné les
réparations très attentivement. Il s’était surtout interrogé sur ce qui pouvait
être à l’origine de ces fissures. Car elles ne se trouvaient pas à mi-longueur
entre les piles, comme cela aurait été le cas si le bois s’était simplement
détérioré avec l’âge, elles étaient situées près du pilier central, là où
l’usure aurait dû être moindre.
    Accablé par les soucis, il n’y avait pas repensé depuis
lundi, mais en cet instant, en regardant le pont, il avait subitement
l’impression que le pilier central tirait les poutres vers le bas au lieu de
les soutenir ! Autrement dit, le problème concernait les fondations. À
peine cette pensée se forma-t-elle dans son esprit qu’il comprit la cause du
désordre : en fait, le flot accéléré des eaux de la rivière creusait le
lit en dessous du pilier.
    Il se revit enfant, au bord de la mer, barbotant près du
bord et regardant les vagues descendantes emporter le sable de dessous ses
orteils. Ce genre de phénomène le fascinait depuis toujours.
    Si le lit se creusait, alors le pilier central n’était plus
soutenu par rien. Il était uniquement retenu par le tablier du pont, ce qui
expliquait que les poutres se soient fissurées. Et les croisillons de fer apposés
par Elfric n’avaient servi à rien. Ils avaient même pu aggraver le problème en
empêchant le pont de se stabiliser dans une autre position.
    A priori, l’autre pile de cette paire centrale, en aval du
courant, devait encore reposer sur des fondations solides, se dit-il, car de ce
côté-ci le courant était moins fort. Un seul pilier était donc endommagé. Le
reste de la structure semblait suffisamment solide pour maintenir le pont en
place – du moins, tant qu’il n’était pas soumis à une contrainte extraordinaire.
    Or, les fissures semblaient plus larges aujourd’hui qu’au
début de la semaine. Cela n’avait rien de surprenant, compte tenu des centaines
de gens rassemblés sur ce pont, charge bien supérieure à celle que l’ouvrage
supportait habituellement. Et il y avait aussi cette charrette lourdement
chargée de sacs de laine, et encore alourdie par les vingt ou trente personnes
juchées à leur sommet.
    Le pont n’allait pas supporter longtemps un tel poids !
    La crainte au cœur, Merthin devinait vaguement que Caris lui
parlait, mais il n’entendait rien de son discours. Elle finit par hausser le
ton : « Tu ne m’écoutes même pas !
    — Il va y avoir une catastrophe !
    — Que veux-tu dire ?
    — Tous ces gens doivent quitter le pont dans
l’instant !
    — Tu penses comme ils vont t’écouter ! Ils
s’amusent bien trop à tourmenter Nell. Le comte Roland lui-même n’arrive pas à
les déloger.
    — Je crois que le pont risque de s’effondrer.
    — Oh, regarde ! s’écria Caris en désignant la
forêt. Tu vois, il ya quelqu’un qui court le long de la route vers le
pont ? »
    Quel intérêt ? se demanda Merthin, mais il tourna quand
même la tête dans la direction indiquée. Et, de fait, une jeune femme courait à
perdre haleine, cheveux au vent.
    « C’est Gwenda ! On dirait qu’elle fuit
quelqu’un ! » s’écria Caris.
    Un homme était bien lancé à sa poursuite, un homme en
tunique jaune.
    *
    Jamais, de toute sa vie, Gwenda n’avait connu fatigue plus
grande.
    Le moyen le plus efficace de couvrir une longue distance,
elle le savait, consistait à passer de la marche à la course tous les vingt

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