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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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les poutres qui soutenaient encore cette partie du pont s’écroulèrent à
leur tour, et Merthin vit son frère disparaître dans les flots avec sa monture.
    Merthin releva les yeux et regarda l’autre bout du pont, là
où Caris avait repéré Gwenda quelques instants plus tôt. Il vit qu’elle se
débattait entre les mains d’un homme en tunique jaune. Puis cette partie de
l’ouvrage donna de la bande elle aussi, entraînée avec l’autre dans
l’écroulement de la pile centrale. La rivière était maintenant une cohue de
gens qui se démenaient, de chevaux pris de panique, de poutres rompues, de
charrettes brisées et de cadavres en sang.
    Caris avait disparu. Il ne s’en rendit compte qu’en la
voyant escalader les rochers de la berge et patauger dans les marais vers le
pont. Se retournant, elle hurla : « Mais dépêche-toi !
Qu’attends-tu ? Il faut leur porter secours ! »
    *
    Voilà à quoi doit ressembler un champ de bataille : des
cris, une violence brutale, des hommes qui tombent et des chevaux rendus fous
par la peur. Telle fut l’ultime pensée de Ralph à l’instant où le sol
s’effondra sous lui.
    Il connut un instant de terreur absolue, ne comprenant pas
ce qui se passait. La minute d’avant, un pont se trouvait sous les sabots de
son cheval ; désormais il n’y avait plus rien, uniquement ce vide dans
lequel il culbutait avec Griff – son cheval dont il ne serrait plus les flancs
entre ses cuisses. Il eut seulement le temps de prendre conscience qu’il avait
été éjecté de sa selle avant de frapper à plat l’eau glacée.
    Retenant son souffle, il se laissa descendre au fond. La
panique l’avait quitté, il était calme malgré sa frayeur. Enfant, il avait joué
au bord de la mer où son père possédait un village. Il savait qu’il finirait
par remonter à la surface, même si le temps que cela prenait lui paraissait
durer une éternité. Ses lourds vêtements de voyage, gorgés d’eau, le retenaient
au fond. S’il avait porté une armure, il y serait resté à tout jamais. Enfin,
sa tête émergea à la surface et il reprit sa respiration en haletant.
    Il avait beaucoup nagé étant enfant et, malgré ses longues
années sans pratique, les mouvements à faire lui revinrent plus ou moins et il
réussit à garder la tête hors de l’eau. Il décida de regagner la rive nord en
se frayant une voie parmi les corps et les débris. Non loin de lui, il reconnut
le museau brun et la crinière noire de Griff, qui, comme lui, tentait de nager
vers le bord le plus proche.
    Voyant que l’allure de son cheval s’était modifiée, il
comprit qu’il avait retrouvé le sol sous ses pattes, et il laissa ses jambes
couler vers le fond. Il avait pied, lui aussi. Il se mit à marcher dans l’eau.
La boue collante du lit de la rivière semblait vouloir l’aspirer et le retenir.
Griff s’était hissé sur une étroite bande de terre au pied de l’enceinte du
prieuré. Ralph l’imita et contempla le désastre.
    Des centaines de personnes se débattaient dans l’eau. Un
grand nombre d’entre elles perdaient leur sang et criaient, beaucoup étaient
mortes. À proximité du bord, il aperçut un corps vêtu aux couleurs rouge et
noir du comte de Shiring, flottant à la dérive, le visage dans l’eau. Entré
dans la rivière, Ralph le saisit par la ceinture et le tira sur le bord malgré
son poids.
    Là, il le retourna. Stephen ! Ralph se sentit chavirer.
Le visage de son ami était intact, mais ses yeux grands ouverts ne montraient
aucun signe de vie. Sa poitrine perforée ne se soulevait plus. Son corps était
trop meurtri pour que son cœur batte encore. Et dire que je l’enviais, il y a
quelques instants ! pensa Ralph. De nous deux, c’est moi qui suis béni des
dieux !
    Saisi d’un sentiment de culpabilité irraisonné, il ferma les
yeux de Stephen.
    Il songea alors à ses parents qu’il avait laissés quelques
minutes plus tôt devant les écuries. Quand bien même l’avaient-ils suivi, ils
ne pouvaient avoir déjà atteint le pont. Ils étaient sains et saufs,
certainement.
    Mais dame Philippa ? Ralph se força à se remémorer tous
les détails de la scène qui avait précédé l’effondrement du pont. Le seigneur
William et dame Philippa étaient en queue de cortège, ils n’avaient donc pas
encore atteint la rivière.
    Mais le comte, lui, se trouvait sur le pont !
    Ralph revoyait à présent clairement la scène. Le comte
Roland, juste derrière lui, poussait

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