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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’étouffait et
toussait à force de boire la tasse. Avec un seul bras de libre, il avait beau
se démener comme un forcené, il parvenait à peine à se maintenir à fleur d’eau.
En outre, le corps massif du comte était alourdi par ses vêtements détrempés,
et Ralph peinait à le tirer. Le rivage se rapprochait avec une lenteur
désespérante.
    Enfin, il en fut assez près pour poser les pieds. À bout de
souffle, il entreprit de fendre l’eau, tirant toujours le comte Roland derrière
lui. Lorsque l’eau ne lui arriva plus qu’à micuisse, il se retourna et prit le
blessé dans ses bras pour le porter jusqu’au rivage.
    Ayant déposé le corps à terre, il se laissa choir à côté,
exténué. Puis, battant le rappel de ses dernières forces, il posa la main sur
la poitrine du comte. Son cœur battait.
    Le comte Roland était vivant !
    *
    L’effondrement du pont avait paralysé Gwenda de terreur. Son
brutal plongeon dans l’eau froide lui rendit ses esprits.
    Remontée à la surface, elle se découvrit entourée de gens
hurlant et se débattant. Seuls ceux qui s’agrippaient à un tronçon de bois
avaient réussi à se maintenir à flot. Pour tous les autres, il n’y avait qu’un
seul moyen de garder la tête hors de l’eau, c’était de prendre appui sur leurs
voisins. Maintenus sous l’eau, ces derniers ne devaient leur survie qu’à la
force de leurs poings. Les coups pleuvaient. Un grand nombre manquait leur but,
mais ceux qui l’atteignaient étaient aussitôt rendus. On aurait pu se croire au
beau milieu d’un pugilat nocturne devant une taverne de Kingsbridge. Sauf que
la situation n’était en rien comique, les gens mouraient par dizaines.
    Gwenda prit une grande goulée d’air et se laissa descendre
au fond. Hélas, elle ne savait pas nager.
    Émergeant à la surface pour la seconde fois, quelle ne fut
pas son horreur de découvrir le colporteur juste devant elle, crachant de l’eau
par la bouche comme une fontaine, avant de disparaître à nouveau sous l’eau. À
l’évidence, il ne nageait pas mieux qu’elle. Toutefois, dans son désespoir, il
l’avait saisie par l’épaule, cherchant un appui. Immédiatement, elle se laissa
couler. Sim la lâcha aussitôt.
    Sous l’eau, retenant son souffle, Gwenda fit de son mieux
pour combattre sa panique. Après ce qu’elle venait de vivre, elle n’allait pas
mourir maintenant !
    Refaisant surface pour la troisième fois, elle fut projetée
sur le côté par une grosse masse. Du coin de l’œil, elle reconnut le bœuf qui
lui avait donné un coup de tête juste avant que le pont ne s’écroule. La bête,
apparemment indemne, nageait vers le rivage de toute la puissance de ses
pattes. Battant violemment des pieds, Gwenda tendit le bras vers une corne et
parvint à l’attraper, forçant le bœuf à pencher son cou massif sur le côté.
L’animal ramena son museau à l’horizontale. Gwenda réussit à ne pas lâcher
prise.
    Puis ce fut Skip qui apparut à son côté, nageant sans effort
et aboyant joyeusement.
    Le bœuf nageait en direction de la rive du faubourg.
Agrippée à sa corne, Gwenda avait l’impression qu’on lui arrachait le bras.
    Soudain une main la saisit. Jetant un coup d’œil par-dessus
son épaule, elle reconnut Sim. En cherchant à se hisser hors de l’eau, il la
tirait vers le bas ! Elle le repoussa de sa main libre. Il retomba en
arrière, tout près de ses pieds. Visant soigneusement, elle lui balança sa
jambe en pleine figure, rassemblant dans son geste tout ce qui lui restait de
force. Il eut un bref cri de douleur et s’enfonça sous l’eau.
    Le bœuf avait trouvé le sol sous ses pattes et se hissait
lourdement hors de la rivière en renâclant et en s’ébrouant. Gwenda lâcha sa
corne dès qu’elle sentit la terre sous ses pieds.
    Skip poussa un aboiement effrayé. Gwenda regarda autour
d’elle avec méfiance. Ne voyant pas le colporteur sur la berge, elle balaya la
rivière des yeux, cherchant à repérer la tache jaune de sa tunique au milieu de
l’amas de corps et de poutres éparpillés sur l’eau. Elle l’aperçut. Accroché à
une planche, il se dirigeait droit sur elle en battant des pieds.
    Elle était à bout de forces, incapable de s’enfuir,
incapable seulement de courir dans sa robe alourdie par l’eau. Ce côté-ci de la
rivière n’offrait aucune cachette. Quant à gagner l’autre rive, inutile d’y
songer puisqu’il n’y avait plus de pont.
    Elle n’allait quand

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