Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
mot en français, avec un léger accent de Nouvelle-Angleterre.
     
    – Vous possédez admirablement le français, madame.
     
    – Vous avez devant vous, monsieur – peut-être devrais-je dire Votre Seigneurie, minauda-t-elle – trois générations de femmes qui ont appris et parlent le français. C'est une tradition familiale. Nous tenons cette langue de mon père, un Suisse, Guillaume Métaz, venu aux États-Unis en 1820, de Vevey, un pays de vignes, au bord du lac Léman.
     
    – Admirable, mais j'ignore encore vos noms, mesdames.
     
    Il revint encore à la plus âgée d'éclairer lord Pacal.
     
    – Je suis née Lorena Margaret Metaz O'Brien. Sans accent. Car, au fil des années, pour américaniser son nom, mon père avait décidé d'en supprimer l'accent. Tout le monde m'appelle Maguy, tante Maguy. Je suis, comme on dit en France, une vieille fille, ajouta-t-elle avec malice.
     
    – Voyons madame ! Le terme vieille fille définit un état d'esprit, qui n'est certes pas le vôtre, dit Pacal.
     
    – C'est bien trouvé. Voici Fanny Buchanan Metaz O'Brien, ma nièce, la fille de ma sœur aînée, Johanna-Caroline qui épousa John Francis Buchanan, ajouta-t-elle, désignant celle qui devait avoir une quarantaine d'années.
     
    Comme Pacal se tournait vers la troisième, tante Maguy acheva les présentations.
     
    – Quant à Susan, que voici, elle est ma petite-nièce, fille d'Arnold Buchanan, fils de Johanna et de John Francis. Il épousa Lucy, une vague cousine, laquelle, hélas, mourut en donnant le jour à la ravissante créature que vous voyez là, débita celle qui s'affirmait incontestablement comme chef de famille.
     
    – Tante Maguy, je vous en prie ! s'écria la jeune Susan, le rouge aux joues.
     
    – C'est vrai, Maguy, on dirait que tu fais l'article ! s'indigna Fanny.
     
    – Madame n'a fait que souligner une évidence, répliqua Pacal en s'inclinant.
     
    Voyant que la plus âgée se dandinait d'un pied sur l'autre, signe de fatigue, il désigna des sièges vides, autour d'un guéridon.
     
    – Allez vous asseoir, mesdames. Je vais obtenir de quoi nous rafraîchir.
     
    Les trois obtempérèrent et Pacal arrêta un serveur.
     
    – Faites porter une bouteille de champagne et quatre coupes à cette table, ordonna-t-il avec autorité en désignant le guéridon, maintenant occupé par ses nouvelles connaissances.
     
    Puis il rejoignit les trois femmes et, quand le champagne fut servi, il leva sa coupe.
     
    – Buvons à nos heureuses retrouvailles et à la prospérité des entreprises de notre hôte, Henry Flagler.
     
    – D'autant plus volontiers que sa prospérité est un peu la nôtre, ajouta naïvement Fanny, ce qui lui valut un regard excédé de son aînée.
     
    Pacal sut, dès cet instant que, seule, Fanny lui apprendrait tout ce qu'il voudrait savoir de cette famille.
     
    Au cours de la conversation, alors que Maguy et sa petite-nièce s'étaient un instant absentées, cette femme qui se définit elle-même comme « célibataire recuite », lui révéla que tante Maguy, propriétaire, avec son neveu Arnold Buchanan, du plus important general store de Nouvelle-Angleterre, était à la tête d'une fortune considérable. Fiancée à un médecin tué pendant la guerre de Sécession, elle ne s'était jamais mariée et se consacrait aux affaires familiales.
     
    – Elle ne fait aucune confiance à des conseillers financiers. Elle gère elle-même ses biens et les miens, car je n'ai jamais su compter. Elle a hérité le sens des affaires qui permit à son père, mon grand-père, le Suisse Guillaume Métaz, membre du Liberty Party, antiesclavagiste militant, de faire fortune et d'être connu comme l'un des plus riches négociants de Nouvelle-Angleterre, ajouta-t-elle fièrement, au moment où ses deux parentes approchaient.
     
    – Je ne sais ce que Fanny vous a raconté. Hors les mœurs des poissons que lui a enseignées Louis Agassiz, un savant du même pays que mon père, et son ami, elle n'entend rien aux affaires, s'empressa de prévenir la vieille dame, dès son retour.
     
    – Ce qui ne doit pas être votre cas, risqua Pacal.
     
    – Il faut bien, dans cette sacrée famille, qu'il y ait quelqu'un qui engraisse le patrimoine. Mon neveu, Arnold Buchanan, s'est remarié, après deux années de veuvage, et il a déjà donné à Susan six demi-frères et demi-sœurs. Vous imaginez le nombre d'héritiers !
     
    – Cela ne me dit pas la raison de

Weitere Kostenlose Bücher