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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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flottante pour réceptions mondaines, comme souvent les yachts des millionnaires et financiers de Wall Street. Il navigue beaucoup entre Soledad, Nassau, la Floride, New York et autres ports américains ou canadiens. C'est un moyen de transport qui m'évite la promiscuité des paquebots, précisa Pacal, sans satisfaire la curiosité de Maguy.
     

    L'escale, à South Bimini – à cinquante milles des côtes de Floride –, d'un grand bateau attira les autochtones pour qui toute visite assurait profit.
     
    – Méfiez-vous des gens d'ici. Ce sont de fieffés coquins. Descendants des pirates qui pillaient les galions espagnols, ils vivent aujourd'hui plus du pillage des épaves que de la récolte des éponges, prévint John Maitland.
     
    – Les naufrages sont, en effet, fréquents dans ces parages et, si les gens de Bimini sauvent des vies, il arrive aussi qu'ils égarent, par des feux, les navires sur les récifs, pour s'emparer de leur cargaison, compléta Cunnings.
     
    – Ils tenteront de vous vendre des colliers de coquillages au tarif des bijoux de Tiffany, renchérit Andrew Cunnings.
     
    Ces considérations firent glousser les Bostoniennes. Dans leur décor sauvage, ces îles jumelles, peuplées de naufrageurs, exhalaient un parfum exotique, procuraient frisson d'aventure, sensation d'autant plus excitante que la présence des marins du Phoenix II conjurait tout danger.
     
    Tandis que ces derniers écartaient les indigènes importuns, la petite troupe, conduite par Tom O'Graney qui connaissait les lieux, se mit en route. Les femmes, sur les conseils de Maitland, s'étaient couvert le visage de voilettes, portaient des manches serrées au poignet et des gants pour se protéger des piqûres de moustiques. Par un sentier sinueux, dans une mangrove bourdonnante d'insectes, après une marche difficile au cours de laquelle tante Maguy ne lâcha pas le bras de Pacal, Fanny ayant tout de suite élu le lieutenant Cunnings pour cavalier, les visiteurs connurent une amère déception. La source miraculeuse, que Ponce de León avait vainement cherchée en 1513, était asséchée !
     
    – La nymphe Jouvence s'est esbignée, constata Pacal.
     
    – Moi qui comptais sur cette source pour effacer mes rides ! plaisanta tante Maguy.
     
    – Le Seigneur se moque toujours des coquettes. Les anges ont bu l'eau rajeunissante, lança Fanny.
     
    On fit demi-tour en riant et, après le déjeuner à bord du Phoenix II , lord Pacal fit déplacer le yacht vers North Bimini, « île plus civilisée », d'après le commandant Maitland.
     
    – Vous y trouverez un bourg, Alice Town 2 , et une source sulfureuse chaude, qui guérit les rhumatismes, expliqua l'officier.
     
    Prudente, tante Maguy refusa de suivre Susan et Fanny, qui débarquèrent avec leur hôte. Sur la berge, ils furent accueillis par Terence Chandler, un vieil Anglais connu de lord Pacal. L'unique résident britannique de l'île, sorte d'ascète à la peau parcheminée, respecté de tous, faisait fonction de médecin et, à l'occasion, de juge de paix. En d'autres temps, il avait accompagné lord Simon et son petit-fils à la pêche au tarpon et au marlin bleu, qui abondaient dans les eaux du Gulf Stream, entre Floride et Cuba. Dans sa barque, il conduisit Pacal et ses amies, par un dédale de petits cours d'eau cachés dans la végétation tropicale, à la source chaude, plus fréquentée que l'ingrate fontaine de Jouvence. Le lieu bucolique invitait à la méditation 3 et, tandis que Pacal et Susan observaient l'envol de colibris au plumage multicolore, Fanny décida, sans façon, d'ôter ses bas pour tremper les jambes dans le bassin naturel. Des bulles crevaient à la surface de l'eau en dégageant une vague odeur de soufre. La baigneuse, soutenue par Cunnings, dit ressentir un bien-être immédiat et ne rétablit sa toilette qu'à regret.
     
    – J'ai maintenant la jambe légère comme une danseuse. Dommage que cette fontaine soit si loin de Boston. J'y viendrais volontiers chaque semaine, dit-elle.
     
    Chandler, habitué aux engouements de ce genre, emplit deux bouteilles d'eau trouble et les offrit, ce qui lui valut, au retour, d'être invité à bord du Phoenix II à l'heure du thé.
     
    Comme Fanny vantait encore avec enthousiasme les merveilleux effets de la source tiède, lord Pacal intervint.
     
    – De tout temps, les hommes ont accordé aux sources une puissance souveraine. Ainsi, la fontaine d'Argos, en Grèce, où se baignait

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