Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
où les reçut avec déférence et breuvage de bienvenue le cacique Palako-Mata, elles s'étonnèrent qu'à quelques miles du Cornfieldshire, où l'on voyait de belles et confortables résidences comme Valmy, Exil House, Malcolm House et quantité de villas disséminées autour de Cornfield Manor, ces descendants d'Indiens puissent continuer à vivre dans des abris à toit de palmes, comme leurs ancêtres.
     
    – À Cornfield Manor, notre femme de chambre, qui est de cette race, nous a dit que ses parents invoquent des dieux païens, se coiffent de plumes et se barbouillent le visage, pour danser en rond, au son de tambours en peau de chèvre, dit tante Maguy.
     
    – Mais elle nous a affirmé qu'ils n'étaient pas anthropophages, ajouta Susan, mi-plaisante, mi-sérieuse.
     
    – Ils sont plus gentils que nos Peaux-Rouges qui, dans l'Ouest, tuent nos fermiers et nos soldats. Et leur vin de palme est rudement bon, observa Fanny.
     
    – Et, comme nous tous, ils vénèrent la reine d'Angleterre, qu'ils appellent The Good Mistress , compléta Ottilia en désignant le portrait de la souveraine, suspendu dans la case de Palako-Mata.
     
    Au mont de la Chèvre, Manuela Ramírez fit les honneurs de l'ermitage – en attente d'un nouvel ermite – et, à Buena Vista, l'intrépide Fanny gravit l'escalier du phare jusqu'à la lanterne.
     
    – De là-haut, on voit vraiment que Soledad mérite son nom. Sur l'immensité de l'Océan, votre île est bien l'endroit le plus isolé du monde, commenta-t-elle en rejoignant Pacal et ses parentes.
     
    En dehors de quelques visites, qu'il accompagna par courtoisie pour ses invitées, lord Pacal ne modifia en rien ses habitudes. Tôt levé, comme autrefois son grand-père, il passait sa tenue d'équitation. Vêtu d'une redingote vert amande, à col et parements de velours noir, cravate de soie blanche, melon gris et botte de cuir fauve, lustré à l'os de cerf, il galopait sur les chemins, visitait une ferme, rejoignait son père sur un chantier, faisait halte, tantôt au village des artisans chez Uncle Dave, tantôt chez les Arawak. Sans jamais être annoncé – encore une règle grand-paternelle – il allait s'assurer du bon entretien du phare, du fonctionnement de l'orphelinat de Buena Vista, interrogeait la capitainerie sur les mouvements du port. À la résidence des marins, à l'hôpital, dans les écoles, ses apparitions étaient toujours appréciées. Conscient de ses responsabilités, il écoutait doléances et suggestions, avec le réel souci d'assurer au mieux le bien-être de tous, malades ou bien-portants, matelots, employés du chemin de fer, commerçants, débardeurs ou pêcheurs d'éponges. Quand, plus rarement, il allait inspecter la discrète résidence des prostituées, depuis peu pourvue d'un dancing, qui donnait aux rencontres vénales un ton plus social, il se faisait accompagner du docteur Luc RamÌrez, fils de Paul Taval et de Manuela, successeur d'Uncle Dave comme responsable sanitaire de la flotte Cornfield.
     
    Après une fin de matinée consacrée à l'étude des dossiers préparés par Violet Russell et à la correspondance, lord Pacal prenait, seul, une rapide collation dans son antichambre, avant de se remettre au travail. Ses invitées, qu'il ne retrouvait qu'à l'heure du thé, déjeunaient avec lady Ottilia, maîtresse de maison attitrée.
     
    Pour Susan Buchanan commençait alors le meilleur moment de la journée. Pacal la conviait souvent à une promenade à deux, en boghei, car tante Maguy avait décrété que « les vieilles gens comme elle et Fanny devaient se reposer avant le dîner ».
     
    À la fin d'un après-midi radieux, Pacal conduisit Susan à Deep Water Creek et l'invita à s'asseoir près de lui, dans le creux de rocher où, souvent, il venait méditer.
     
    – Le regretté Malcolm Murray, un architecte ami de mon père, nommait cet endroit le siège d'Arthur, parce qu'il lui rappelait un autre siège, creusé dans le roc, au bord de la falaise de Camelford, en Cornouailles, où d'après la légende, le roi Arthur aimait à méditer devant la mer.
     
    – Le roi Arthur ?
     
    Pacal comprit que la jeune fille ignorait tout de la légende arthurienne. On ne l'enseignait pas chez les puritains, à cause sans doute de l'infidélité de la reine Guenièvre, mauvais exemple pour les jeunes filles ! Il résuma en l'édulcorant l'histoire des chevaliers de la Table ronde, qu'elle jugea « aussi édifiante que celle des

Weitere Kostenlose Bücher