Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
Maguy.
     
    Lord Pacal tint à accompagner ses invitées jusqu'à Nassau. Durant la traversée, ses rapports avec Susan se firent plus tendres et des baisers, qui n'étaient pas de nourrice, furent échangés lors d'apartés concertés. Sous les assauts de Pacal, le décolleté de la prude Susan s'enflammait d'érythème pudique, ce qui ajoutait du charme à de brefs abandons, consentis mais contrôlés.
     
    À Nassau, John Maitland obtint de l'amirauté des informations télégraphiques sur les dégâts causés sur la côte est des États-Unis par la récente tempête de neige : elles furent rassurantes. La neige était tombée en abondance à Boston, mais le blizzard destructeur avait épargné la capitale de la Nouvelle-Angleterre.
     
    – Nous nous sommes peut-être un peu trop pressées pour faire nos bagages, observa Fanny, avec un regard langoureux pour le lieutenant Cunnings.
     
    Son cavalier lui avait prouvé avec chaleur qu'une quadragénaire pouvait encore plaire et éveiller le désir. Elle eût volontiers prolongé le séjour en compagnie du galant officier.
     
    Tante Maguy n'était pas de cet avis. À son souhait de retourner aux affaires s'ajoutait une raison plus sérieuse. Depuis quelques jours, la vieille dame observait le comportement de sa petite-nièce et de leur hôte. Elle craignait maintenant que Susan ne succombât au charme d'un célibataire que Dorothy Weston Clarke avait décrit comme grand amateur de femmes, ayant maîtresse à Nassau, à New York et à Londres. Susan, encore ignorante des entreprises des coureurs de jupon et découvrant le plaisir de cajoleries, peut-être osées, n'était pas à l'abri d'un moment de faiblesse. Mieux valait l'éloigner du séducteur.
     
    C'est seulement au moment de la séparation, devant le navire de la Musson Steamship Line, que Pacal dévoila ses intentions, fruits d'une réflexion prolongée. Comme Susan, dolente, lui tendait ses mains, le jeune homme les serra fortement.
     
    – Consentiriez-vous à devenir ma femme ? demanda-t-il à voix basse, sans préambule.
     
    Elle écarquilla les yeux, comme frappée de stupeur, et ses doigts se crispèrent sur ceux de son compagnon.
     
    – Parlez-vous sérieusement ? finit-elle par articuler, la gorge nouée par l'émotion.
     
    – Très sérieusement. Mais avant de formuler auprès de votre père ou de tante Maguy, une demande protocolaire, je veux connaître votre sentiment.
     
    Un coup de trompe impératif, rappelant aux passagers qu'il était temps de mettre fin aux effusions, interrompit le dialogue. Après s'être assuré du chargement des bagages, tante Maguy approchait. Elle pressa le mouvement.
     
    – Susan, nous n'attendons plus que toi ! lança-t-elle en s'engageant sur la passerelle.
     
    – C'est si soudain que j'ai besoin de réfléchir. Je vous écrirai bientôt, glissa la jeune fille, avant de suivre sa grand-tante.
     
    Du haut du pont, les trois femmes, appuyées à la lisse, agitèrent gants et pochettes, jusqu'à ce que le navire, escorté par un vol de mouettes, se fût éloigné sous un panache de fumée.
     
    Pensif et doutant déjà du bien-fondé d'un mariage américain, lord Pacal rejoignit Andrew Cunnings, qui l'attendait près de sa calèche.
     
    – J'ai le sentiment, lieutenant, que vous avez fait une conquête. C'est à vous que s'adressait ce baiser du bout des doigts, soufflé par Fanny, dit-il.
     
    – Je dois vous avouer, my lord , que je ne suis pas fâché de voir cette dame partir. Dès que nous étions seuls et où que nous soyons. Oui… my lord , ce que vous pensez. Et quel feu !
     
    – Votre agissante courtoisie laissera à cette femme de bons souvenirs, j'en suis sûr, plaisanta Pacal.
     
    – Elle m'a offert son éventail en disant qu'elle n'en aurait pas besoin à Boston, révéla le lieutenant, tandis que la voiture se mettait en route.
     

    Violet Russell fut, elle aussi, satisfaite, pour plusieurs raisons, de voir les visiteuses regagner Boston. Fille de pasteur anglican de la Haute-Église, elle considérait les presbytériens comme des égarés et désapprouvait leur puritanisme, souvent empreint d'hypocrisie. Contrainte de faire la dactylographie, à la demande de lord Pacal, du courrier de Maguy, elle avait constaté que la Bostonienne écrivait un Anglais émaillé d'américanismes, de fautes de syntaxe et même d'orthographe. Secrétaire dévouée, attentive au bien-être du lord – elle ne manquait jamais de fleurir

Weitere Kostenlose Bücher