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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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pèlerins du Mayflower  ».
     
    – Si nous nous revoyons, vous aurez beaucoup à m'apprendre, lord Pacal. Je suis assez ignorante de l'histoire d'Angleterre, confessa-t-elle.
     
    – Ne serait-il pas plus simple qu'à la mode américaine nous nous appelions par nos prénoms, Susan ?
     
    – Je veux bien, même si le vôtre n'est pas très chrétien, dit-elle.
     
    – C'est celui d'un roi maya… mais je me nomme aussi Simon et Alexandre ! Vous avez donc le choix, rétorqua Pacal en riant.
     
    Dans un élan soudain de tendresse, la jeune fille se blottit contre son compagnon. Surpris mais enchanté, Pacal entoura de son bras les épaules de Susan et lui posa un baiser sur la joue. Elle lui rendit son baiser, mais quand il voulut ses lèvres, elle les défendit en détournant vivement la tête. Ne sachant quelle contenance adopter devant cette réticence et voyant le trouble de Susan, joues empourprées, poitrine frémissante sous la soie du corsage, Pacal quitta le rocher et tendit les mains pour aider la jeune fille à se relever.
     
    – Il est temps de rentrer, dit-il.
     
    – Ne soyez pas fâché. Le flirt n'est pas mon fort. Ce que je ressens est si neuf, si inattendu, qu'il me faut le temps de comprendre, de m'habituer à ces… mouvements, dit-elle confuse.
     
    – Je ne voulais pas vous déplaire, Susan.
     
    – Mais vous ne me déplaisez pas. Au contraire, j'éprouve du plaisir en votre compagnie. Nous sommes ici depuis plus d'un mois, nous partirons bientôt et j'aurai regret à vous quitter. Vous l'avez bien compris puisque…
     
    – … j'ai embrassé votre joue.
     
    – Ce baiser, je l'ai rendu, n'est-ce-pas ?
     
    – Alors, comme au tennis, quinze partout, plaisanta Pacal.
     
    – Je ne joue pas au tennis et l'on n'échange pas des baisers comme des balles, répliqua Susan avec gravité.
     

    Le soleil allait disparaître, laissant sur l'Océan un sillage doré, quand ils regagnèrent en silence Cornfield Manor. Ils furent étonnés de voir, en conversation animée sous la véranda, Charles Desteyrac avec Maguy et Fanny. Avant même que Susan et Pacal aient pris pied sur la galerie, tante Maguy révéla l'événement qui mettait le trio en émoi.
     
    – Les journaux de Nassau, que vient de nous apporter Charles Desteyrac, annoncent, avec une semaine de retard, que, les 14 et 15 mars, des tempêtes de neige et un furieux blizzard ont ravagé l'est des États-Unis. À New York, la vie s'est arrêtée pendant trois jours et l'on compte quatre cents morts. On ne dit rien de Boston, mais nous devons craindre que la ville n'ait été, elle aussi, touchée. Qu'est-il advenu de nos parents et amis, de nos maisons ? Impossible de le savoir. Ici, il n'y a pas le télégraphe, et le courrier, comme nous l'avons constaté, met quinze jours ou trois semaines pour venir des États-Unis. Alors, nous allons faire nos bagages et rentrer chez nous le plus tôt possible.
     
    Une décision de la doyenne ne supportait pas de contestation. Susan et Fanny se déclarèrent disposées à partir, dès le lendemain, pour Nassau, où Charles Desteyrac avait proposé de les faire conduire par un bateau de la flotte Cornfield.
     
    – Si Boston avait souffert comme New York, The Nassau Guardian , qui dispose du télégraphe, n'aurait pas manqué de le signaler. Mais puisque vous souhaitez partir au plus tôt, je vais demander à John Maitland de mettre en chauffe les chaudières du Phoenix II , qui vous portera à Nassau, d'où vous pourrez télégraphier à Boston. Ensuite, nous vous trouverons un passage sur un navire de la Musson Steamship Line. On compte un départ par semaine. En trois jours, vous serez rendues chez vous, dit Pacal.
     
    Le dernier dîner des Bostoniennes fut mélancolique, bien que Pacal l'eût voulu intime.
     
    – Je m'étais déjà habituée à ce doux climat, au chaud soleil, aux bains de mer, à l'absence d'obligations mondaines. Des semaines sans sermons, sans ouvroirs, sans thés ennuyeux, sans commérages. J'étais faite pour une existence de lady sans souci, dit Fanny, maussade.
     
    – Eh bien moi, ne rien faire m'amollit. J'ai certes apprécié ce séjour pendant lequel tout a été organisé pour notre confort et notre distraction. Une délicieuse parenthèse, mais j'ai hâte de retrouver une activité. Je suis certaine que des affaires m'attendent, surtout si le mauvais temps a causé des dégâts à nos magasins et à nos maisons, avoua tante

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