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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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aidant Fanny dans sa coupable entreprise, je te demande instamment de lui signifier qu'elle doit immédiatement rentrer à Boston et rompre toute relation avec ce marin anglais, dont elle s'est entichée. Seule son impudicité et la cupidité de l'homme peuvent expliquer une telle relation. Je lui écris aujourd'hui pour lui dire ce que je pense de sa conduite et lui intimer l'ordre de rentrer. Que ton mari t'assiste, comme il doit le faire, et l'embarque sur le premier bateau en partance pour l'Amérique. Je compte sur vous deux pour agir sans faiblesse. Il y va de la réputation de notre famille. »
     
    – Comme elle est dure, se plaignit Susan, blottie dans les bras de Pacal.
     
    – Que comptez-vous dire à Fanny ? Elle arrive demain à Londres. Allez-vous la convaincre de rentrer à Boston, comme une écolière qui a manqué la classe ?
     
    – Fanny n'est pas obéissante. Et puis, nous l'avons vue si heureuse. Elle n'a rien de sénile et, depuis que je sais qu'Andrew Cunnings n'a que six ans de moins qu'elle, je me dis, après tout, qu'ils vont bien ensemble. Mais je dois tout de même lui faire part de l'exigence de tante Fanny.
     
    – Avant cela, laissez-moi le temps de confesser Cunnings. Il va nous amener Fanny avant de se rendre chez ses parents, dans le Kent. Andrew est un gentleman. Il sera sincère avec moi. Et maintenant, allez vous habiller : nous dînons en ville, dit Pacal.
     
    Dès son arrivée à Belgravia Square, Susan avait été conquise par Cornfield House. Elle évoluait dans le décor de ce vieil hôtel, d'une somptueuse simplicité, comme en rêve, au bras de lady Mary Ann Gordon, la veuve de Willy Main-Leste, maîtresse de maison en l'absence du propriétaire. Meubles anciens, tapis persans, portraits d'ancêtres peints par des maîtres, souvenirs des Indes, dont un tigre royal naturalisé, vases précieux, porcelaines de Minton, cristaux de Baccarat, lourde argenterie armoriée éblouissaient l'Américaine. Elle découvrait que luxe, confort et raffinement de bon ton, que les Bostoniens enrichis tentaient parfois de reproduire chez eux, étaient ici des données familières, un art de vivre façonné par des choix ancestraux.
     
    La veille de la réception que lord Pacal donna pour les derniers amis survivants de son grand-père, afin de présenter sa femme à ces représentants de l'aristocratie, Fanny et Cunnings arrivèrent.
     
    Tandis que Susan installait sa tante, lord Pacal conduisit Andrew Cunnings dans son cabinet de travail.
     
    – Vous êtes en train, lieutenant, de semer le désarroi dans ma belle-famille. Votre aventure avec miss Fanny Buchanan m'oblige à vous mettre en garde. Cette femme, encore fort désirable, je le reconnais, est si manifestement amoureuse de vous qu'elle brave tous les tabous familiaux. Je crains que, votre passade consommée, elle ne se retrouve désemparée et malheureuse. Y avez-vous songé ?
     
    – Il ne s'agit pas d'une passade, my lord . J'aime miss Fanny. Au commencement, ce ne fut qu'attirance physique. Je me disais : « Bonne affaire de mettre dans mon lit de célibataire une femme mûre, au corps sans défaut, ardente et tendre. » Mais j'ai découvert ses qualités, son intelligence, toutes les frustrations imposées par une éducation puritaine. À l'âge de cinq ans, la redoutable tante Maguy l'enfermait dans un réduit, pendant une heure chaque jour, pour qu'elle apprenne par cœur des poésies religieuses. Elle a mis des années à s'affranchir de cette religiosité contre nature. Elle dit avoir trouvé, auprès de moi, l'honnête jouissance des plaisirs qu'offrent le corps, le cœur et l'esprit. Si nous devions être séparés, my lord , je serais au moins aussi malheureux qu'elle, acheva l'officier en triturant sa casquette d'une main nerveuse.
     
    – Pourquoi vous sépareriez-vous Andrew ? Si vous l'aimez, épousez-la, que diable !
     
    – Je n'ose le lui proposer, my lord . Miss Fanny est riche, très riche, et j'ai six ans de moins qu'elle. À Boston, on pensera : « S'il prend une épouse plus âgée que lui, c'est à cause de la fortune des Buchanan. » Je passerai pour un séducteur intéressé.
     
    – Je vous connais assez, Andrew, pour me porter garant, devant tout Boston, de vos sentiments et de votre sincérité. Voulez-vous que je parle à miss Fanny ?
     
    – Ah ! my lord . Si vous pouviez la convaincre, vous feriez deux heureux. Elle aime Soledad et serait, je crois, heureuse d'y

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