Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
Vom Netzwerk:
une représentation nationale, et l’Assemblée des représentants a jugé elle-même les soixante-treize. Elle les a condamnés à la détention jusqu’à la paix. Elle ne peut tolérer qu’on lui intime de se déjuger. Je rappelle aux citoyens pétitionnaires que tenter d’affaiblir l’autorité de la Convention, c’est se ranger au nombre des ennemis de la république. »
    Robespierre prit la parole pour approuver Claude et conclut en proposant l’ordre du jour. Danton appuya également. Quelques rares voix hébertistes protestèrent, en haut de la Montagne, mais, noyées sous les applaudissements, elles se turent.
    Quand on donnait au Marais le courage de ses opinions, l’Assemblée se montrait massivement hostile aux ultra-révolutionnaires. Malheureusement, les hommes capables de lui fournir ce ressort se trouvaient pris entre les périls, très réels, du modérantisme qui faisait relever la tête aux royalistes, Feuillants, rétrogrades de tout poil, et les non moins dangereux délires de la faction cordelière : des Hébert et des Momoro. C’était épuisant, cette nécessité de garder la mesure entre les efforts, ou sournois ou violents, des deux extrêmes. Surtout, avec tant de chacals du genre Barère, prêts à sauter sur vous à la moindre défaillance. Robespierre y perdait sa santé, Claude son bel équilibre. Chaque coup d’arrêt infligé à l’une des deux cohortes menaçantes provoquait une avance de l’autre. Sitôt Vincent et Ronsin sous les verrous, des femmes de suspects emprisonnés vinrent en groupe réclamer la libération de leurs maris. Si touchantes que fussent leurs larmes et leurs supplications, cette démarche n’en était pas moins une manœuvre aristocratique. « Tu vois, Camille, dit Claude, le fruit de ta campagne pour la clémence. »
    Robespierre montait à la tribune. La volonté de réprimer certaines exagérations ne devait pas, rappela-t-il, faire oublier la menace de l’aristocratisme toujours agissant. Déjà, Maximilien, aux Jacobins, avait mis la Société en garde contre un relâchement de la suspicion. « L’aristocratie est plus dangereuse que jamais, parce que jamais elle ne fut plus perfide. Autrefois elle vous attaquait en bataille rangée, maintenant elle est au milieu de vous, dans votre sein. Déguisée sous le voile du patriotisme, elle vous porte, dans le secret, des coups de poignard dont vous ne vous défiez pas. Puisqu’elle a changé de tactique, il faut changer nos moyens de défense. Il est temps enfin de fonder le repos des gens de bien sur la ruine des scélérats. »
    Ce « voile du patriotisme » déguisait aussi bien les amis modérantistes de Danton et les Cordeliers, que les royalistes, pour Maximilien. Il protesta contre la démarche des femmes pétitionnaires : « Des épouses vertueuses et républicaines auraient pris une route bien différente. » Cependant il était acquis à l’idée d’un comité de justice, dont Claude, Couthon et lui avaient longuement discuté. Lui seul disposait de l’autorité nécessaire pour en proposer l’institution. Il le fit et obtint que l’on désignerait un ensemble de commissaires, dont les noms ne seraient point publiés, car il fallait mettre ces vérificateurs à l’abri de l’or et des séductions féminines, pour réviser les dossiers de tous les détenus, comme Claude, Panis et leurs compagnons du comité de surveillance l’avaient fait, à la Commune, à la veille de Septembre.
    Mais, après le coup de boutoir porté aux Hébertistes par l’arrestation de Ronsin et de Vincent, cette nouvelle mesure mettait le comble à leur colère. Ils rendaient responsables « la faction d’Églantine » et surtout Desmoulins. Avec véhémence, ils reprochaient à Camille d’avoir, dans son Vieux Cordelier, passé volontairement sous silence, comme un péril imaginaire, le double effort de l’Europe coalisée et de la Vendée rebelle, pour ne signaler que les persécutions des terroristes contre « des femmes, des vieillards, des cacochymes ». Hébert se taisait. Ce silence inquiétait Claude. Le Père Duchesne le fuyait, à présent. Au risque d’être mal reçu, il se fit conduire vivement rue Antoine par une voiture du Comité.
    Comme Marat, Hébert avait un intérieur bourgeois, une femme aimante – laide mais aimante. Il jouissait en outre d’une aisance que n’avait jamais connue l’Ami du peuple, et ne se privait point de festoyer à prix d’or, avec ses amis,

Weitere Kostenlose Bücher