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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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dans les restaurants du ci-devant Palais-Royal. Là, rien ne manquait, nul ne vous demandait votre carte de sûreté ni votre carte de viande. Le combustible ne manquait pas non plus dans la cheminée du salon où Hébert accueillit Claude assez bien, avec ses manières d’hypocrite. Toutefois, il montra quelque sincérité.
    « Je devrais t’en vouloir, Mounier-Dupré, dit-il. Tu m’as joué un mauvais tour. Nous vous avons laissés au Comité de Salut public, et non seulement vous ne nous avez pas soutenus dans l’affaire du Conseil exécutif, mais encore vous prenez parti, Robespierre et toi, contre les bons Cordeliers. »
    À son égard, aucun scrupule n’embarrassait Claude. Il ne mentait d’ailleurs qu’à demi en répondant : « Je ne t’ai joué aucun tour. J’ai voulu te voir pour te détromper, car je me suis bien aperçu de ton mécontentement. Ni Robespierre ni moi n’avons pu vous soutenir dans l’affaire du Conseil : les Dantonistes vous avaient trop enfoncés. Nous aurions compromis en vain, avec le peu de crédit dont nous disposons, toute possibilité d’action future. Il ne faut pas nous accuser, nous, mais Vincent et la sottise de ses propos. Comment veux-tu défendre devant la Convention un maladroit qui l’insulte et la menace ? Quant à tes Cordeliers, tu serais avisé de te défier d’eux : ils vont trop vite, ils te feront couper le cou si tu ne les retiens. Est-ce intelligent d’irriter la Convention en exigeant la tête de soixante-treize imbéciles réduits à l’impuissance ? Vous avez, dans l’Assemblée, des ennemis autrement redoutables, et par cette demande vous leur fournissez l’occasion de vous montrer comme des furieux, altérés de sang. Ce n’est pas contre nous que vous avez à vous battre, c’est contre les amis de Danton.
    — Je le sais. Sois tranquille, ils vont subir un rude assaut. »
    Donc, c’était bien exact, la faction méditait une contre-offensive. Claude essaya d’en apprendre davantage, mais Hébert ne se livra pas. Il dit seulement qu’on blanchirait Vincent et Ronsin.
    Tout se découvrit quand Collot d’Herbois parut soudain à l’Assemblée. Le Père Duchesne l’avait appelé, il accourait de Lyon à l’aide des Hébertistes. Il lui fallait d’abord justifier les exécutions massives, les fusillades et mitraillades organisées par lui et Fouché dans la plaine des Brotteaux. Au Comité de Salut public, on savait que les modérantistes exagéraient beaucoup ces massacres. En réalité, la commission populaire, créée par Collot et Fouché, avait condamné à mort trois cent cinquante lyonnais, parmi lesquels nombre d’hommes couverts de crimes, et prononcé mille huit cents acquittements. Collot souligna ce chiffre et fut applaudi. Succès pour les Hébertistes. Mais, un instant plus tard, la Convention leur portait un nouveau coup en accordant à Fabre d’Églantine l’arrestation d’un des leurs : le démagogue Mazuel, adjudant-général, qui déclamait dans les clubs contre les représentants, les traitait de conspirateurs. Par la même occasion, Fabre, avec le sourd appui de Sergent et Panis, réussit à faire arrêter de nouveau Stanislas Maillard. En raison de son état de santé, il serait détenu chez lui.
    Cependant c’était aux Jacobins – où Claude présidait depuis l’avant-veille – qu’Hébert comptait prendre sa revanche. Il sortit de son silence pour inviter Collot d’Herbois à rendre compte de sa mission à Lyon devenu commune affranchie, et donner son avis sur le général de l’armée révolutionnaire. L’ancien auteur-acteur déclara que Ronsin les avait bien servis, Fouché et lui, dans l’accomplissement de cette mission. Ronsin, jeune homme très intelligent mais très ambitieux, ne s’illusionnait d’ailleurs point sur ses hommes. « C’est un ramassis de brigands, disait-il, mais trouvez-moi donc des honnêtes gens qui veuillent faire ce métier ! » Avec tous ses vices, une telle armée était nécessaire pour la besogne qu’il avait fallu accomplir à Lyon. Collot revint sur les massacres des Brotteaux. Il affirma qu’en recourant aux mitraillages pour foudroyer deux cents coupables d’un coup (à la Convention, il parlait seulement de soixante), lui et Fouché avaient obéi à la sensibilité. « Parce qu’en guillotinant vingt coupables de suite, on fait mourir vingt fois le dernier. » En bon disciple de Rousseau, il insista sur cette sensibilité. « Oui,

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