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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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Monnaie, pour y prendre des fonds et rallier le peuple en lui distribuant de l’argent.
    « Les preuves de ce que je vous annonce, dit Billaud, sont au Tribunal révolutionnaire, devant lequel comparaîtra le Régent choisi par les conjurés. Ils espéraient dissoudre la République française et lui substituer une autre puissance. Des hommes qui auraient dû être contents d’avoir atteint la hauteur où ils étaient parvenus et où jamais ils n’auraient dû arriver, des ambitieux qui aspiraient au ministère : ces hommes qui n’étaient auparavant que des ouvreurs de loges, étaient montés aux premières loges, ces hommes sont les conspirateurs d’aujourd’hui. Leur exemple, ajouta perfidement Billaud, apprendra au peuple qu’en révolution il ne faut jamais idolâtrer personne. »
    Robespierre se leva, non pour répondre à cette flèche qui pouvait s’adresser à lui comme à Danton, mais pour recommander la mesure en toute chose. « On ne doit pas impliquer de vrais patriotes dans le procès intenté aux contre-révolutionnaires. »
    Billaud-Varenne et Collot d’Herbois avaient mis longtemps à se déclarer contre la faction. Ils s’y étaient résolus en la voyant découvrir ses ambitions effrénées. À présent, Billaud l’intraitable menaçait de s’emballer. Il fallait prendre contre lui des précautions.
    Atterrés par son réquisitoire, plusieurs Cordeliers présents aux Jacobins coururent faire part à leur club de l’horrible conspiration imputée aux détenus. La majorité refusa de l’admettre. Beaucoup, néanmoins, étaient ébranlés. Au demeurant, presque tout Paris approuvait le Comité de Salut public. Claude et ses collègues le savaient et sentaient que, dans la lutte contre les ultras, ils pouvaient tout se permettre.
    Après la séance au club, on se réunit encore, avec les membres du Comité de Sûreté générale. On résolut d’incarcérer Chenaux, successeur de Momoro à la présidence des Cordeliers, et Ancard qui avait excité au soulèvement. Mais il fallait ne point frapper un côté seulement, ne point encourir le reproche de modérantisme. Déjà, dans les maisons de détention où les nouvelles avaient été apprises avec transport, on célébrait la fin du système de rigueur, les suspects croyaient voir demain les portes s’ouvrir. Le Comité devait montrer sa résolution d’atteindre tous les ennemis de la république. Billaud-Varenne, Vadier, réclamaient l’arrestation de Danton non moins compromis qu’Hébert, et celle d’Hérault-Séchelles, également demandée par Saint-Just. Hérault, revenu d’Alsace, avait reçu au pavillon un accueil si glacial qu’il ne s’y était plus présenté. Retiré dans sa luxueuse demeure, il épuisait, avec les plus belles femmes, tous les raffinements de la volupté, avant de quitter la vie dont il savait bien qu’il ne jouirait plus longtemps. Robespierre refusa une fois encore l’arrestation de Danton en s’écriant avec colère : « Vous voulez perdre les meilleurs patriotes ! » mais il s’offrit pour rédiger le rapport sur Séchelles. La majorité décida de le confier à Saint-Just.
    Hérault fut arrêté le lendemain et enfermé au Luxembourg. En apprenant la chose, Danton s’insurgea. « Si la tyrannie du Comité n’est pas contenue, je désespère du salut de la république », proclamait-il parmi les groupes qui attendaient l’ouverture de la séance, dans la salle de la Liberté où le soleil, entrant par les fenêtres hautes, jouait sur le bonnet phrygien de la déesse et sur la peinture marbrée des murs.
    Mais lorsque la Convention siégea, Danton ne chercha point à défendre Hérault. De nombreuses délégations se succédaient à la barre, envoyées par les sections, par les municipalités de la banlieue, pour féliciter l’Assemblée d’avoir étouffé dans l’œuf la conjuration. Seule, la Commune de Paris n’était pas représentée. Bourdon de l’Oise le fit remarquer et s’en indigna. Pour lui, Hébert ne manquait point de complices dans le Conseil général. Le complot restait incomplètement dévoilé, il fallait enjoindre aux deux Comités d’épurer la municipalité parisienne.
    Cette motion, adoptée, provoqua, le soir, une très vive dispute entre Claude et Maximilien. Pour obéir au vœu de l’Assemblée – auquel il souscrivait d’ailleurs avec empressement – Robespierre voulait arrêter Chaumette, et lui adjoindre ceux qui avaient avec lui provoqué la

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