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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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peuple… Quel mérite y a-t-il à être patriote quand on est comblé de biens, quand un pamphlet vous rapporte trente mille livres de rente ? »
    Il évoqua sévèrement Le Père Duchesne : « Un écrit sans naïveté, mais sombre et guindé où, par un piège tendu peut-être depuis longtemps, la liberté est burlesque. » Puis, passant aux néo-Cordeliers : « Depuis que les sociétés populaires se sont remplies d’êtres artificieux qui viennent briguer à grands cris leur élévation à la législature, au ministère, au généralat, depuis qu’il y a dans ces sociétés trop de fonctionnaires, trop peu de citoyens, le peuple est annihilé. »
    Avec amertume, Saint-Just constatait : « Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. »
    Ayant fait ainsi le procès des tendances, il en vint au complot « connu depuis longtemps par le Comité de Salut public », et il décrivit les menées des factieux d’accord avec l’Angleterre pour le relèvement du trône avec un régent. « Cette idée a saisi l’espoir ridicule de quelques personnages qui croient déjà se voir sur le pavois. » Il réunissait là, de nouveau, Hébertistes et Dantonistes, auxquels il lança cette apostrophe : « Que voulez-vous, vous qui ne voulez point de la vertu pour être heureux ? Que voulez-vous, vous qui ne voulez point de terreur contre les méchants ? Que voulez-vous, ô vous qui, sans vertu, tournez la terreur contre la liberté ? Et cependant vous êtes ligués, car tous les crimes se tiennent et forment dans ce moment une zone torride autour de la république. » Pour la sauver, il fallait déclarer une guerre impitoyable à la corruption. « Il vous sera fait dans quelques jours, conclut-il, un rapport sur les personnages qui ont conjuré contre la patrie. Des mesures sont déjà prises pour s’assurer des coupables, nous les cernons. L’intérêt du peuple et de la justice ne permet point de vous en dire davantage et ne permettait pas d’en dire moins, parce que la loi que je vous propose est instante, et devait être motivée. »
    Il n’y eut pas, il ne pouvait y avoir, d’opposition. La loi fut votée immédiatement. Elle portait : « Sont déclarés traîtres à la patrie et seront punis comme tels, ceux qui seront convaincus d’avoir favorisé dans la république le plan de corruption des citoyens, de subversion des pouvoirs et de l’esprit public ; d’avoir excité des inquiétudes à dessein d’empêcher l’arrivage des denrées à Paris ; ceux qui auront tenté d’ouvrir les prisons, d’ébranler ou d’altérer la forme du gouvernement républicain. »
    Si Danton, si Camille ne comprenaient pas qu’avec cet avant-dernier membre de phrase le couteau était sur leurs têtes !… On vota également l’impression de ce décret et son envoi aux sociétés populaires, aux armées, aux départements. Legendre demanda et obtint aussitôt qu’il en serait donné lecture, chaque décade, dans le Temple de la Raison.
    Nous cernons les coupables, avait dit Saint-Just. Effectivement, depuis le matin, les principaux Hébertistes se trouvaient sous la surveillance de la police. Dans la nuit, les gendarmes nationaux procédèrent aux arrestations d’Hébert, de Vincent, de Ronsin, de Momoro et de deux comparses. Un commencement. Fouquier-Tinville continuait à informer.
    Quand il vint, à onze heures de la nuit, rendre compte au pavillon de l’Égalité, il apportait une dramatique nouvelle : Jacques Roux, rééditant à deux mois d’intervalle sa tentative du 12 janvier, s’était cette fois frappé mortellement. Il avait expiré ce soir même, à l’infirmerie de Bicêtre.
    « Ce sont, dit Amar, les modérantistes et les royalistes masqués du Châtelet qui l’ont tué, ce malheureux, avec leur arrêt de renvoi. Nous ne voulions pour lui qu’une peine correctionnelle.
    — Bah ! fit Moïse Bayle, qu’avait-il donc à craindre du Tribunal révolutionnaire ? Il eût été le cent quatre-vingt-troisième acquitté depuis quarante jours. Le tribunal ne condamne que les coupables. Cet homme n’était pas sain d’esprit. »

IV
    Paris s’éveillait tranquillement sous un ciel tendre. Comment le peuple allait-il réagir à la nouvelle du coup de filet ? -
    Un peu avant la séance de la Convention, Héron fit passer un premier rapport résumant les observations des mouches. « Dans leur grand nombre, les sections sont calmes. Elles paraissent éprouver une

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