Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
Vom Netzwerk:
Claude trouvait son discours très habile : cet appel à l’union, après l’arrestation des factieux, pouvait rallier tous les modérés, voire les Robespierristes, dont Danton avait l’air d’accepter la politique de juste-milieu. Il alla plus loin encore dans sa tentative en justifiant, sans les nommer, Pache et la Commune qu’il désirait attirer dans son orbite. Il visait évidemment à réunir, face à ses ennemis, une vaste majorité de révolutionnaires sages et politiques sur laquelle il s’appuierait. Là-dessus, Rulh tint à préciser qu’en dépit de ses remontrances aux délégués municipaux il ne les suspectait nullement. « Je vais, dit-il, descendre à la tribune pour m’expliquer. » Et, s’adressant à Danton : « Viens, mon cher collègue, occupe toi-même le fauteuil. » Danton déclina cet honneur : « Ne propose pas qu’on occupe un poste que tu remplis si dignement », puis termina son discours en demandant « de l’union, de l’ensemble, de l’accord ». Comme il quittait la tribune, il rencontra le vieil Alsacien descendant du bureau présidentiel. Les deux hommes s’embrassèrent tandis que de longs applaudissements crépitaient dans la salle. L’impression du discours fut votée dans l’enthousiasme.
    C’était incontestablement un succès. Il faisait verdir Billaud, Vadier, Collot d’Herbois, mais réjouissait Claude et avec lui tous ceux qui voyaient le salut de la république dans une collaboration entre Danton et Robespierre. Tout de suite, Panis, Legendre s’entendirent pour organiser une nouvelle entrevue. Maximilien consentit. Il restait, malgré toutes les discordes, attaché à l’ami auquel il écrivait, l’année précédente : « Je t’aime jusqu’à la mort », et qu’il avait défendu avec acharnement contre Billaud-Varenne, au sein du Comité. Panis offrit sa maison de campagne. On décida de s’y réunir le surlendemain pour dîner. En l’annonçant à Lise, Claude ajouta :
    « J’ai longtemps douté, mais je crois maintenant que Georges a compris. Sans doute, la leçon donnée aux Hébertistes lui a-t-elle profité. Une entente me paraît possible. Pour ma part, je désirerais beaucoup injecter le sang généreux de Danton à la république glacée et tyranniquement vertueuse de Robespierre. »
    Seulement Danton, déjà installé à Sèvres depuis les premiers jours de mars pour savourer le printemps, ne reparut plus à la Convention. Comme chaque fois qu’il avait remporté une victoire, ce paresseux colosse, capable de tout soulever et incapable d’organiser la suite, se reposait sur ses lauriers. Et pendant qu’il goûtait les saveurs printanières sur les lèvres de la jolie Lise, dans Paris les Dantonistes gâchaient tout. Desmoulins, ce pauvre fou, laissait circuler en manuscrit un extravagant numéro VII du Vieux Cordelier que nul imprimeur n’avait voulu publier. Il y dénonçait de prétendues faiblesses de la Convention envers les Comités, s’attaquait directement, avec sa vieille verve haineuse, à Robespierre son dernier protecteur, à Saint-Just, à Barère, Billaud, Collot, à Vadier, Voulland, Amar, à David « qui a déshonoré son art en oubliant qu’en peinture comme en éloquence le foyer du génie c’est le cœur », à Claude lui-même « qui a toujours, dès les premières luttes de la Révolution, précédé la victoire dans le camp où elle s’annonçait ». Enfin, il prétendait démasquer Héron, l’homme à tout faire de la nouvelle tyrannie.
    Claude comprenait assez bien l’irritation de Camille atteint dans ses amis, dans sa belle-famille, désavoué par Fréron, mais il était difficile de continuer à tenir pour patriote un homme dont tous les amis justement étaient pourris et la famille suspecte. Il comprenait aussi l’aversion de Desmoulins pour la république inhumainement Spartiate dont rêvaient Robespierre et Saint-Just. Ce n’étaient point là raisons suffisantes pour se déchaîner si fielleusement, pour sonner l’assaut à tous les ennemis de la Révolution. Ce n’était pas le moyen de l’assouplir mais de l’étouffer. Et tel s’affirmait à présent le désir de Camille, faute de la pouvoir conduire à son gré. Lui aussi, comme Fabre et les autres jouisseurs, il l’aimait quand il en tirait avantage. Sa mauvaise foi indignait Lise révoltée par cette odieuse façon d’interpréter la conduite de Claude.
    « Bah ! dit-il, on l’a vu depuis longtemps avec

Weitere Kostenlose Bücher