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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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glas sonnait dans la vieille chapelle, et s’obstinerait-il comme eux ?

VIII
    Lorsque Jean Bon Saint-André était revenu à Paris, emmenant l’enseigne Fernand Dubon, il répondait à un appel pressant du Comité de Salut public. Malgré les déclarations du maire Fleuriot-Lescot, de Robespierre et de ses encenseurs, leur Divinité ne faisait point de miracles, la terre ne donnait pas plus aux déistes qu’elle n’avait donné aux athées, et les subsistances restaient compromises parce que ni Dieu ni la Nature ne rompaient le blocus anglais. Il devenait indispensable d’y procéder à leur place.
    Depuis le mois de décembre, à la demande de Robert Lindet, principal responsable du ravitaillement, le Comité avait résolu d’acquérir en Amérique des grains et des denrées coloniales en grandes quantités, d’en charger une centaine de navires marchands demeurés dans les ports américains, et de faire escorter ces navires par des vaisseaux de guerre sous les ordres du contre-amiral Van Stabel. L’escadre de Brest devrait se porter au-devant du convoi quand il entrerait dans la zone vraiment dangereuse, pour tenir à distance toute flotte anglaise.
    Le 11 avril, six jours après l’exécution des Dantonistes, Van Stabel et son armada étaient sortis de la Chesapeake. Ils devaient maintenant approcher. C’est pourquoi Saint-André, avec la division légère, venait de ratisser la mer jusqu’au golfe de Gascogne – sans rencontrer de forces adverses, comme il le dit au Comité. Il avait envoyé cinq vaisseaux, commandés par le contre-amiral Nielly, croiser au large de Belle-Île, pour accueillir le convoi. Le reste de l’escadre : vingt-six vaisseaux, se trouvait en rade, à Brest, prêt à prendre la mer si quelque flotte anglaise était signalée.
    Or, et voilà de quoi le Comité voulait informer d’urgence le commissaire à la Marine, on avait appris, par les agents des Affaires étrangères, que l’Amirauté britannique concentrait à Spithead trois divisions de vaisseaux de ligne, trente-deux au total, sous les ordres de lord Howe. Cela, évidemment, dans le dessein d’intercepter Van Stabel. Il fallait absolument le lui interdire. Il fallait absolument que les blés et les denrées américains arrivassent. Lindet se déclarait incapable d’assurer sans eux les approvisionnements. Mais le Comité manquait totalement de confiance dans ses forces navales. Hormis Jean Bon Saint-André, ancien officier de marine, il n’existait aucun marin au pavillon de l’Égalité. Prieur et Claude s’occupaient seulement de fournir et nourrir les flottes, comme ils fournissaient et nourrissaient les armées. Nul ne pouvait élaborer des plans de guerre sur mer ni même juger la valeur offensive d’une escadre, et l’on avait tellement l’habitude de tout décider ici, de contrôler étroitement les généraux, de tenir en bride même les commissaires auprès d’eux, que l’on n’osait pas se fier à des amiraux dont on ne savait point juger les talents, ni s’en remettre là-dessus à Saint-André, en dépit de ses mérites. Lui, de son côté, assumant seul une responsabilité dramatique, et n’étant pas sûr des gros vaisseaux de ligne, aux équipages de fortune, avec une mestrance improvisée, des officiers trop vite promus, n’envisageait pas sans appréhension une grande bataille navale. Il n’y aurait pas reculé, mais il ne voulait point s’y risquer sans une décision de ses collègues.
    Claude, qui avait soupé avec lui et Fernand, chez Dubon, était impressionné par l’enthousiasme, les affirmations de son neveu, la résolution calme de Saint-André, l’estime dont il témoignait pour le contre-amiral Villaret-Joyeuse. Il avait proposé de donner un blanc-seing au commissaire à la Marine. On s’était arrêté finalement à une cote mal taillée : Saint-André agirait au mieux pour assurer le passage du convoi, par tous les moyens possibles, toutefois on recommandait à l’escadre de s’en tenir au harcèlement et d’éviter le combat.
    « Mon bon oncle ! s’était exclamé Fernand à cette nouvelle, laisse-moi te dire que vous êtes d’aimables plaisantins, dans votre Comité. Si je comprends bien, nous devons nous battre sans nous battre et sauver l’indispensable convoi sans courir le moindre risque ! Eh bien, je te garantis que nous livrerons la bataille. Tous les équipages ne demandent que ça. »
    Jean Bon Saint-André avait depuis longtemps regagné Brest

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