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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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n’enfantera pas son Verbe divin », annonçait Vadier parodiant Catherine Théot. « L’œuf que la poule couve n’aura pas de germe », enchaînait Amar.
    « Je n’entends rien à cette théologie, fit Vilatte, dis-moi donc ce qu’est cette Mère de Dieu.
    — Ah ! ce sont des mystères étrangers aux profanes. C’est la Mère du Sage qui est le centre où le ciel et la terre doivent aboutir. »
    Le jeune homme, subodorant quelque chose d’important sous ces plaisanteries, s’efforça d’obtenir des explications. Les deux autres se gardèrent de lui en donner.
    Robespierre rentrait chez Duplay. Tout le monde l’attendait de nouveau dans cette salle à manger d’où il était parti si heureux, si impatient, ce matin. À présent, fourbu, il écouta dans un silence consterné les compliments de ses hôtes. Tous, ils avaient assisté aux cérémonies du Jardin national et du Champ-de-Mars ; ils ne tarissaient pas sur le triomphe de leur cher grand homme. Il les laissa parler puis, secouant la tête, leur dit d’un ton las et triste : « Vous ne me verrez plus longtemps. » Et sans rien ajouter, il monta dans sa chambre.
    Pour lui, désormais, estimait Claude, il ne restait qu’un recours : supprimer tous les adversaires de son utopie, l’imposer par une oppression policière et une terreur accrues. Sans aucun doute, il allait adopter cette ligne. C’est ce que déclara Claude dès le lendemain, 21 prairial, aux principaux membres du Comité de Sûreté générale et à Tallien, furieux et bouleversé, car sa maîtresse, la belle Thérésa Cabarrus, ci-devant marquise de Fontenay, venait d’être arrêtée par le bureau de police aux ordres de Robespierre –, à Fouché, Barras, Legendre, Panis, Dubon, Carnot. Il les avait réunis chez lui afin d’aviser. « Attention à nos têtes ! poursuivit-il. Je t’engage vivement, mon cher Vadier, à ne pas perdre un instant pour présenter ton rapport. Tâche qu’il soit efficace. » Carnot émit l’avis d’accuser carrément Robespierre de dictature, devant la Convention. Le Comité de Sûreté générale arrêterait Hanriot et l’on dissoudrait la Commune. Cela parut irréalisable, pour le moment.
    Robespierre, qui présidait encore la Convention, ne perdit pas de temps, lui non plus. Le 22, Couthon se fit porter à la tribune et commença un discours auquel, tout d’abord, dans le brouhaha propre aux débuts de séances, nul ne prêta la moindre attention. Soudain, on se rendit compte que l’infirme était ni plus ni moins en train d’exposer un plan de réforme judiciaire. Du coup, les oreilles se tendirent. Il s’agissait là, évidemment, du moyen de « continuer à combattre les vices et les tyrans » annoncé l’avant-veille, pendant la fête, par l’Incorruptible. Puisque Saint-Just, lors de son bref retour à Paris, avait repoussé toute idée d’accélérer la justice, Maximilien s’était mis lui-même au travail, avec la collaboration de Couthon. On ne l’ignorait point. On connaissait même, par les protestations de Fouquier-Tinville auprès des deux Comités, le caractère outrancier du projet. Cela n’importait guère, car ledit plan devrait, avant de passer à la Convention, obtenir l’assentiment de la majorité au Comité de Salut public. Si Fouquier disait vrai, on démolirait la machine de guerre robespierriste. Claude et ses alliés attendaient d’en juger par eux-mêmes. Et voilà que Robespierre et Couthon, déjouant insolemment cette attente, se permettaient de passer par-dessus leurs collègues ! C’en était trop !
    De sa voix douce, le paralytique affirmait : « Les tribunaux sont destinés à punir les ennemis de la république. On ne doit prendre que le temps de les reconnaître. Il s’agit moins de les châtier que de les anéantir. L’indulgence envers eux est atroce, la clémence parricide. » En conséquence, proposait-il, le Tribunal révolutionnaire serait renforcé, on lui ajouterait deux nouvelles sections. Plus de défenseurs. « Les conspirateurs n’en doivent trouver aucun. » Plus de procédure écrite, plus de témoins, sauf cas exceptionnels, plus d’interrogatoires à l’audience, une simple constatation d’identité suffirait. Les jurés, ramenés à cinq par section, pourraient se contenter de preuves morales. Une seule peine : la mort. Tout citoyen serait tenu de dénoncer les suspects, c’est-à-dire, outre les catégories déjà désignées à différentes

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