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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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maison entrait en remue-ménage. On entendait la voix de Jourdan crier des ordres. Des portes claquaient, des hommes couraient.
    « Quelle heure est-il ? demanda Bernard, enfilant déjà ses bottes.
    — Un peu plus de trois heures. L’attaque s’est produite il y a un moment. »
    Bernard reboutonnait son gilet. Malinvaud lui passa l’habit, le ceignit de la grande ceinture tricolore sur laquelle il boucla le ceinturon avec le sabre tandis que Bernard nouait sa cravate. Sage entra portant un plateau.
    « Du café, général.
    — Ah ! toi, tu n’oublieras jamais la gueule ! Prépare donc les chevaux.
    — Ils sont prêts. »
    Bernard et Malinvaud avalèrent le café et descendirent vivement. Dans la grande pièce du bas, Jourdan achevait de s’habiller en écoutant les rapports. La veille, pour remédier à la difficulté des communications, Bernard avait pris soin de faire installer des relais de cavalerie entre les corps d’armée et le grand quartier. Ainsi s’était transmise rapidement l’annonce de l’offensive. D’ici, on ne pouvait entendre la canonnade ; le grondement du siège couvrait ce bruit plus lointain. Tous les divisionnaires faisaient savoir que d’imposantes forces les attaquaient. Saint-Just martelait du poing le pommeau de son sabre.
    « Si vous m’aviez écouté, c’est nous qui aurions surpris les Autrichiens et les Bataves ! »
    Il sortit brusquement.
    « Championnet se trouve le plus en flèche, dit Jourdan. Il faut aller là. »
    Bernard prescrivit de faire transporter l’aérostat au village de Ransart.
    Dehors, l’obscurité brouillardeuse, pleine de brouhaha et de silhouettes indistinctes, les surprit, puis les yeux s’habituèrent. « Général ! » appelait Sage. Il tenait les chevaux. Bernard se mit en selle. Jourdan donnait la direction à l’escorte : « Heppignies. Au galop ! » Un officier disparut, prenant la tête, et tout le groupe, où les revers blancs, les visages, le cheval gris de Jourdan faisaient de vagues taches, partit dans un roulement de fers, les craquements des cuirs, les tintements des gourmettes et des sabres. Le parfum frais de l’aube, de la verdure humide se mêlait à l’odeur de la poudre et des incendies qui venait de Charleroi par bouffées traînantes. Bientôt la nuit se mit à blanchir. On entendait maintenant le canon et la fusillade, partout en avant. Quand l’état-major parvint au village de Ransart autour duquel était massée la réserve générale, le jour se levait rapidement, mais on n’y voyait guère à plus de vingt pas, dans la clarté cotonneuse. Les blessés évacués des demi-brigades refluaient ici, les uns soutenus par des camarades moins gravement touchés, d’autres amenés par les voitures bataillonnaires qui repartaient aussitôt. Les chirurgiens, avec leurs tabliers déjà sanglants, s’affairaient.
    Tandis que Jourdan continuait au galop pour atteindre le front de bataille, Bernard s’arrêta là, interrogeant les blessés, dont la plupart montraient une extraordinaire ferveur patriotique. Un grenadier, atteint au ventre par un éclat d’obus, surmontait sa souffrance pour expliquer comment son bataillon s’était replié sur Heppignies, et il ajouta : « Si je dois mourir, je suis content, j’ai servi ma patrie. » Avec les indications de ces hommes et celles que lui rapportèrent les aides de camp envoyés dès l’abord aux corps d’armée, Bernard eut très vite une idée de la situation dans son ensemble. Elle était fort sérieuse. Quatre puissantes colonnes ennemies, attaquant de la droite au centre, avaient repoussé Marceau dans le bois de Campinaire, pris Fleurus à Lefebvre, chassé Championnet d’Heppignies, mis Morlot en retraite sur Gosselies. À gauche, Kléber défendait résolument à deux autres colonnes le passage du Piéton, mais Montaigu, menacé d’être coupé de la Sambre, allait devoir abandonner Trazegnies.
    Pour Bernard, campé sur la place du village avec ses officiers, tout cela se lisait comme s’il eût eu la carte de ces cinq lieues de front étalée devant lui. Au nombre des blessés, il estimait l’état des divisions. Elles avaient engagé toutes leurs réserves, il fallait lancer la réserve générale. Il fit aussitôt partir une brigade de cavalerie avec laquelle Jourdan pourrait donner un secours immédiat aux corps du centre. En même temps, il expédiait du renfort à Kléber en lui prescrivant d’avancer sur l’aile droite de

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