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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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française, la Meuse et la Sambre. Le Comité de Salut public en avait donné le commandement suprême à Jourdan. Ainsi Bernard, après trois ans, retournait sous les ordres de son ancien lieutenant-colonel, de l’ami qui avait fait de lui un soldat.
    « Tu es devenu un sacré stratège, lui dit Jourdan, veux-tu être mon chef d’état-major ? Cela ne t’empêchera pas de combattre.
    — Bien volontiers », répondit Bernard.
    Malinvaud se montrait ravi. Il lui semblait revenir « au temps du bataillon ».
    Pendant les deux jours de repos que l’on donna aux troupes, ils eurent tous les deux un gros travail pour refondre les corps d’armée, répartir les demi-brigades en divisions, redistribuer l’artillerie. Bernard apprit avec surprise que le contingent venu de l’armée du Nord comprenait une compagnie d’ aérostiers, et alla se rendre compte de ce à quoi elle pouvait servir. Un officier de liaison le conduisit. La compagnie était isolée du camp, près d’un petit bois. Le ballon captif, à demi gonflé, s’arrondissait sur l’herbe, entouré par une couronne de sacs. Une longue manche de toile le reliait à un fourneau en briques, distant d’environ cent pas, d’où s’élançaient avec bruit des jets de vapeur. Une activité remarquablement méthodique régnait ici. Le capitaine commandant le corps, accueillit Bernard et lui fournit toutes les explications. On gonflait l’aérostat avec du gaz hydrogène obtenu en faisant agir la vapeur d’eau sur du fer en limaille porté au rouge. Une fois le ballon rempli, on le chargerait, avec sa nacelle et son treuil, sur une voiture spéciale, pour le conduire là où il plairait au grand état-major de l’utiliser.
    « Quoi ! s’exclama Bernard, vous emmènerez cette machine près de la ligne de feu ?
    — Assurément, citoyen général. Je dois veiller à ne point l’exposer inutilement. Mais là où elle pourra être utile, le treuil sera fixé en terre. Au gré des observateurs montés dans la nacelle, l’aérostat s’élèvera et, parvenus à bonne hauteur, ces deux officiers signaleront l’emplacement et les mouvements de l’ennemi.
    — Comment ça les signaleront-ils ?
    — Le plus simplement du monde : en lançant des messages au long d’un filin, dans des étuis lestés. Si nous progressons, le ballon sera, chaque fois qu’il le faudra, ramené à terre et porté plus en avant. »
    Si vraiment cela pouvait se faire avec cette facilité, c’était admirable. Ainsi, plus besoin de tâtonner pour trouver l’adversaire. On connaîtrait ses forces, ses manœuvres, ses cheminements.
    « Voilà, constata Bernard, qui rend caduc le système des reconnaissances. Je suis impatient, capitaine, de voir cette machine à l’œuvre. »
    Jourdan, lui, employa ces deux jours à visiter les bataillons, exaltant le zèle des uns, relevant le courage des autres, un peu abattu par leurs trois échecs, dont le dernier, particulièrement, leur laissait un amer souvenir : après avoir passé la rivière, Saint-Just, attaqué de nuit par des forces supérieures, s’était vu rejeté violemment sur la rive droite. Hommes, chevaux, voitures encombraient le pont étroit, il y avait eu un grand nombre d’écrasés et de noyés.
    « Ce ne sera point pareil, cette fois, mes amis, assurait Jourdan aux soldats. Nous allons faire payer toutes vos misères aux Kaiserlick. »
    Le soir, Bernard se déclara prêt à mettre l’armée en mouvement. Il en avait bien dans la tête les effectifs, leur répartition et tout leur détail à l’échelon divisionnaire. Il connaissait toutes les ressources. On pouvait passer au plan d’opérations. Les commissaires et le grand état-major se réunirent autour des cartes. Saint-Just, impatient, voulait charger un corps d’investir Charleroi tandis que, sans s’arrêter à ce siège, cinquante mille hommes pousseraient sur Bruxelles par Genappe, Mont-Saint-Jean, Waterloo. Plus sage, Jourdan songeait, comme le lui prescrivaient les instructions de Carnot, à enlever Charleroi, bloquer Namur puis nettoyer la forêt de Mormal, camp retranché des Autrichiens, avant de s’avancer vers Bruxelles. Bernard leur démontra qu’il ne fallait penser à rien de tout cela pour le moment. Il dit amicalement mais fermement à Saint-Just : « Tes échecs proviennent d’une préparation insuffisante. Il ne suffit pas d’aller de l’avant à corps perdu. Si nous recommençons à la manière dont tu as agi en

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