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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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floréal et dans les dernières décades, nous serons rejetés une fois de plus. Le nombre n’y changera rien. » Jourdan l’approuva. Finalement, on arrêta qu’une division de quinze mille hommes, commandée par le général Schérer, resterait allongée par brigades au long de la Sambre pour la garder jusqu’à Maubeuge. Le reste des troupes franchirait la rivière. La division Hatry attaquerait Charleroi avec le génie qui procéderait aux travaux du siège. Le gros de l’armée, établi en avant, en demi-cercle appuyé par ses extrémités à la Sambre, repousserait toute offensive des coalisés pour débloquer la ville. De concert avec Jourdan, Bernard fixa très précisément sur la carte les futures positions françaises, tandis que les secrétaires écrivaient. À mesure, les aides de camp s’en allaient dans la nuit tombante porter les ordres aux états-majors divisionnaires.
    La veille, Bernard avait demandé aux aérostiers de faire une ascension aux premières heures nocturnes, afin de déterminer par les feux de camp la situation des forces ennemies. Elles aussi formaient un demi-cercle, mais au-delà des masses boisées entourant Charleroi. Cela laissait peu d’espace pour installer le dispositif. Il fallait pourtant prendre son parti de ces conditions défavorables.
    Des l’aube, le mouvement commença. Laissant à l’adjudant-général Malinvaud le soin de régler le passage, Bernard, suivi du fidèle Sage et des officiers d’ordonnance, partit le premier avec le général Hatry pour engager l’attaque de la place. Il ne s’agissait point de donner l’assaut, mais de contraindre les postes avancés à se replier, et de contrebattre l’artillerie des murailles pour permettre au génie de pousser les premiers gabions, d’établir des casemates, d’ouvrir la tranchée. Pendant ce temps, dans la brume planant sur la Sambre, et que la canonnade effilochait, le gros de l’armée franchissait les cinq ponts situés à gauche et à droite de Charleroi, celui de la ville même étant coupé. À midi, Malinvaud vint rendre compte qu’hormis les gardes des parcs et la division Schérer, dont l’aile extrême occupait Thuin, il ne restait aucune troupe sur la rive droite.
    En ce moment, les obusiers installés sans grandes pertes se mettaient à fouiller méchamment les remparts. Marescot pouvait entreprendre ses travaux, avec l’aide et la protection de Hatry qui empêcherait toute sortie des assiégés. Bernard alla rejoindre Jourdan à Gilly, fixé comme emplacement du grand-quartier, mais le général en chef était déjà parti avec Saint-Just pour inspecter les positions. Bernard les retrouva auprès de Kléber dont le corps d’armée formait toute la gauche, appuyé à la Sambre, montant jusqu’à Trazegnies, en avant duquel le général Montaigu faisait border par des grand-gardes le ruisseau du Piéton. Au-delà d’un bois, le demi-cercle se continuait par les deux divisions du général Morlot, coupant la route de Bruxelles, puis par Championnet, le plus avancé, couvrant les hameaux d’Heppignies et Wangenies, enfin par Lefebvre, rangé sous Fleurus, et Marceau dont les deux divisions, établies en avant du bois de Campinaire et du bois de Lambusart, fermaient à droite le dispositif en s’appuyant à la Sambre.
    Saint-Just, Jourdan, Bernard et leurs officiers avaient dû changer de chevaux pour parcourir cet arc dont cinq lieues au moins séparaient les deux points extrêmes. Cette distance rendait peu faciles les communications. En outre, même les positions les plus en avant de Charleroi, c’est-à-dire Heppignies et Wangenies ne s’écartaient guère de la Sambre, et l’on ne pouvait pousser davantage sans venir au contact des Impériaux. Leurs vedettes échangeaient sporadiquement des coups de feu avec les pelotons envoyés en reconnaissance. Jourdan montrait quelque inquiétude.
    « Il n’y aurait pas grand moyen de manœuvrer là-dedans si nous devions opérer un repli, remarqua-t-il. Nous avons quasiment le dos à la rivière. Il convient de prendre du champ le plus tôt possible.
    — Il faut attaquer, dit Saint-Just.
    — Il faut nous retrancher, dit Bernard, puis lancer des pointes afin d’attirer les ennemis sur notre terrain. Ils y subiront de lourdes pertes, et nous contre-attaquerons alors victorieusement. »
    Saint-Just, beau et pâle sous ses plumes tricolores, s’emporta. Pourquoi ces retards ? On devait tomber en masse sur l’armée du prince

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