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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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Le 30 prairial, Hatry avait réinvesti Charleroi, et Marescot recommencé les travaux d’approche. Impatient, Saint-Just allait de redoute en redoute, inspectant, donnant des ordres. Comme un capitaine, chef de batterie, montrait peu de bonne grâce à les exécuter, il le fit fusiller là, sur-le-champ.
    Outré, Bernard s’en fut le trouver et lui dit : « Si un soldat manque à son devoir envers la patrie, tu as le droit de l’envoyer devant des juges, mais tu n’as pas le droit de le condamner toi-même, et nul officier n’a le devoir de te considérer comme infaillible. Quoi : je t’ai vu, en Alsace, souffrir des injures bien autres que l’hésitation d’un capitaine à t’obéir !
    — Tais-toi, mon ami, je suis bourrelé de remords », répondit Saint-Just. Tête basse, il se mit à pleurer.
    Rapportant à Jourdan cette scène plutôt stupéfiante, Bernard ajouta : « Je me demande si ce garçon n’est pas en train de perdre la tête. » Mais, peu après, il vint, extrêmement lucide, examiner la situation avec Le Bas et les généraux. Le Comité de Salut public les avertissait tous que Cobourg, retenu jusque-là sous Ypres par Pichegru, avait abandonné cette place en apprenant l’incapacité d’Orange à débloquer Charleroi. Il rassemblait de nouvelles forces empruntées aux garnisons de Landrecies, de Mons et de Valenciennes, pour grossir l’armée des coalisés dont il prendrait le commandement général. Jourdan dit qu’à son avis ces garnisons ne fourniraient guère plus de quinze à vingt ou vingt-cinq mille hommes. Renforcés de ceux-ci, les contingents d’Orange et de Beaulieu dépasseraient de peu leur effectif initial, réduit par leurs pertes du 28.
    « Mettons quatre-vingt-cinq mille. Mais comme nous sommes contraints de maintenir Schérer pour garder la Sambre entre Thuin et Maubeuge, nous n’en aurons de nouveau que soixante-dix mille à leur opposer.
    — Il faut absolument, dit Saint-Just, emporter Charleroi avant l’arrivée de Cobourg. »
    C’était l’évidence. Seulement les assiégés avaient profité de l’interruption pour réparer leurs brèches, bouleverser les terrassements. Harcelé par Saint-Just, Marescot obtint, avec le génie et l’artillerie de siège, des miracles. De nouveau toute l’armée avait repris ses positions du 27 prairial sur la rive droite. Bernard, cette fois, put à loisir fortifier le terrain. Le 5 messidor, au moment où la tête de Léonarde tombait, place du Trône-Renversé, Bernard, dirigeant à sa façon économique un petit combat dans lequel il ne voulait pas perdre un seul homme, portait les avant-postes à Fleurus. Il n’y eut point de contre-attaque. Orange et Beaulieu se réservaient. Le lendemain, Bernard acheva de retrancher les principaux points du demi-cercle par des abattis et des gabionnages qui transformèrent Gosselies, au centre, en un solide point d’appui pour la première ligne.
    Le 7 messidor, dans la matinée, Marescot annonça que les feux de la place étaient éteints. Saint-Just, Le Bas, accompagnés par Bernard s’y rendirent aussitôt. En effet, l’artillerie des assiégés ne répondait plus aux pièces françaises. Un nuage de fumée, de poussière, ocre dans le soleil, flottait sur la ville aux toits crevés, aux murs effondrés par endroits. Hatry formait ses colonnes pour donner l’assaut, lorsqu’un drapeau blanc apparut à l’une des brèches. Bernard commanda de suspendre le tir. Les canons, qui grondaient sans interruption depuis huit jours, se turent. Un silence surprenant, d’abord étourdissant, se répandit sur les lignes, tandis qu’un petit groupe d’uniformes autrichiens sortait de la place. Bernard et les deux commissaires s’avancèrent vers les avant-postes où l’escorte du parlementaire fut retenue tandis qu’une section le conduisait vers le fanion du chef d’état-major général. Le Kaiserlick, un colonel, salua et, dans un impeccable français, dit que le gouverneur l’envoyait s’informer des clauses d’une reddition.
    « Il ne saurait s’agir de conditions, lui déclara Saint-Just. La seule chose dont nous voulons entendre parler, c’est la capitulation pure et simple. Veuillez rapporter cette réponse, monsieur. Le feu reprendra dès que vous serez rentré dans la ville. »
    Il reprit, mais on retarda l’assaut, auquel on n’aurait probablement pas besoin de recourir. En effet, deux heures plus tard, le drapeau blanc reparut, le

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