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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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fois tous les conspirateurs. Apprenez à tous les citoyens de la France qu’une mort infâme attend tous ceux qui s’opposent au gouvernement révolutionnaire. »
    À vrai dire, ce vous, ces vos ne s’appliquaient pas seulement à l’Incorruptible, ils englobaient avec lui tout le Comité de Salut public. Les adversaires de celui-ci et de Robespierre, Payan les voyait dans le Comité de Sûreté générale et dans certaine partie de la Convention. Le mythe d’une union étroite entre les commissaires du pavillon de l’Égalité subsistait toujours. Maximilien lui-même contribuait à l’entretenir par la manière dont à l’Assemblée, aux Jacobins, il parlait des Comités.
    En fait, il aurait voulu « purger » largement celui de Sûreté générale et le réduire au rôle d’un simple rouage recevant toute son impulsion du Comité de Salut public, c’est-à-dire du triumvirat. Quant à rompre en visière avec ses propres collègues, malgré leur hostilité de plus en plus manifeste il n’y hésitait pas moins que Claude ne s’inquiétait de son éventuelle disparition. Sans doute était-il détestable et néfaste maintenant, avec son despotisme vertueux, sa religiosité rétrograde, mais abattre Robespierre ne serait-ce point rentrer dans l’anarchie ? Quelle nouvelle aventure allait-on courir avec ceux qu’il appelait assez justement des « hommes perdus » : les Tallien, les Barras et autres jouisseurs pareils à Danton. Fouché, un intrigant sournois, sans scrupules. Le cynique Fréron, devenu muscadin, mobilisant les culottes dorées. Legendre qui se débauchait sur le tard, oubliait ses déboires et ses craintes dans les bras des actrices. Enfin les rectilignes : les Collot d’Herbois, les Billaud-Varenne, les Amar, les Vadier, toujours hébertistes au fond d’eux-mêmes, prêts à massacrer la moitié de la France pour qu’il ne subsistât sur son sol ni un aristocrate ni un superstitieux. Délivrés de Maximilien, ne seraient-ils pas plus tyran niques encore que lui ? De même, pour lui, la guerre avec le Comité ouvrait une aventure périlleuse dans laquelle toute son œuvre, il ne l’ignorait pas, risquait de s’anéantir. Ses ennemis tremblaient, mais lui aussi se savait dangereusement menacé, depuis la fête du 20 prairial. Il se sentait très seul. Ses plus vieux soutiens, comme Mounier-Dupré, comme les Buissart à Arras, se détournaient de lui. Bonbon s’était éloigné, abandonnant la maison Duplay. Ils ne se voyaient guère qu’à la Convention, au club. Leur sœur Charlotte, brouillée avec eux, ne conservait de relations dans leur milieu qu’avec les Le Bas. Elle se laissait, disait-on, courtiser par l’odieux Fouché.
    L’immense retentissement de la victoire à laquelle Barère, en l’annonçant à la Convention, avait donné le nom de Fleurus, accroissait l’amertume de Maximilien. La joie populaire, l’illumination des Tuileries, le grand concert sur l’amphithéâtre conservé depuis la fête de l’Être suprême l’offusquaient. Il n’avait pas craint de déclarer, au club : « On juge de la prospérité d’un État moins par les succès de l’extérieur que par l’heureuse situation de l’intérieur. La véritable victoire est celle que les amis de la liberté remportent sur les factions. » Ces succès militaires ajoutaient à son isolement, à la faiblesse de sa position dans le Comité, lequel se trouvait renforcé. Toute la gloire bénéficiait à Carnot, à Saint-Just, qui semblait la dédaigner. Il n’en voulut point prendre sa part devant la Convention, mais elle n’en consolidait pas moins en lui une puissance qui ne se soumettait plus à celle de son ami. Ne fallait-il pas dire même de son ancien ami ? Saint-Just gardait une étrange indulgence pour le Comité de Sûreté générale, et de surprenantes affinités avec ses membres, en plus de son affection pour Le Bas.
    Trois mois plus tôt, Robespierre aurait chargé Saint-Just du rapport sur Catherine Théot, à présent le jeune homme n’accepterait pas. Il n’approuvait pas la loi de prairial. Couthon, le dernier ami, le plus fidèle, n’était guère propre à ce genre de tâche. Maximilien l’avait donc assumée lui-même. Le 10 messidor, il présenta son texte au Comité.
    Dans le salon blanc, aux boiseries rechampies de vieil or, sous le plafond peint, le lustre de cuivre et de cristal était allumé. Sur la table, les flambeaux brûlaient dans leurs garde-vue

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