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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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blancs et dorés. Les fenêtres étaient fermées et les rideaux tirés sur la nuit à peine close dans le jardin encore plein de monde à cette heure plus fraîche. Il faisait très chaud dans la salle. Autour de la table à tapis vert, sur les chaises blanches, tapissées de velours d’Utrecht blanc et bleu, ils étaient sept : Carnot, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois, Barère, Robert Lindet, Saint-Just et Claude, écoutant Robespierre. La veille, il avait irrité la plupart d’entre eux en demandant une fois de plus l’arrestation de Fouquier-Tinville. On la lui avait refusée avec force. Ce soir, on l’écouta avec indifférence parler de dom Gerle et de Catherine Théot, mais quand il entreprit de montrer, dans la façon dont cette affaire avait été rapportée à la Convention, un complot du Comité de Sûreté générale, et, au-delà, une vaste conjuration contre la loi du 22 prairial, l’exaspération éclata d’autant plus violemment qu’il disait vrai. Sauf Billaud, et Saint-Just retranché dans un silence morose, ils tombèrent tous avec colère sur cette loi, s’écriant qu’ils n’y avaient eu aucune part. Elle leur avait été arrachée par surprise, par traîtrise. Ils la désavouaient et ils entendaient la faire rapporter.
    « Elle est illégale, car elle contrarie celle du 16 germinal et les décrets de ventôse », observa Claude.
    Saint-Just, leur principal auteur, ne put pas ne point approuver. Le bureau de police et les commissions populaires instituées par ces décrets pour l’examen des dossiers auraient dû fonctionner en liaison avec la Sûreté générale. Dans l’esprit de Saint-Just, c’était un moyen de régulariser la Terreur, d’en sortir peu à peu. En son absence, Robespierre, Couthon et Herman, se servant de la loi du 22, avaient empêché ce fonctionnement en transformant en bureau de police générale le bureau créé par Saint-Just pour la surveillance des fonctionnaires, et pratiquement retiré au Comité de Sûreté toute efficacité, en dirigeant eux-mêmes la police sans rendre compte à qui que ce fût.
    Collot, solidaire, par son action à Lyon, de Fouché, de Barras et autres « proconsuls » visés par Robespierre, dit que cette loi « nationicide », comme la qualifiait Moïse Bayle, avait été extorquée à la Convention non dans une vue d’intérêt public, mais pour arracher de la Convention même et des Comités les meilleurs patriotes, pour instaurer la dictature. Furieux, car cela aussi était vrai dans un sens, Maximilien répliqua : « Vos paroles me prouvent qu’il existe bien dans la Convention et dans les Comités une conjuration résolue à perdre la liberté. Vous êtes des contre-révolutionnaires.
    — Et toi, tu es un dictateur ! lui cria Carnot. Il ne se commet que des actes arbitraires dans ton bureau de police.
    — Fort bien ! s’exclama Robespierre en se levant, secoué de colère. Si je suis un tyran, je m’en vais. Sauvez la patrie sans moi !
    — La patrie n’est pas un homme ! » lui lança Robert Lindet. Saint-Just sortit avec son ami, essayant de le ramener.
    Mais Maximilien était trop vivement blessé et déçu pour ravaler sa colère.
    Les jours suivants, il ne reparut plus aux séances. Il avait annoncé au club qu’il envisageait de quitter le Comité, ajoutant : « Si l’on me mettait dans le cas de renoncer à une partie des fonctions dont je suis chargé, il me resterait encore la qualité de représentant du peuple, et je ferais une guerre à mort aux tyrans. » Claude était bien convaincu qu’il ne démissionnerait pas. Il s’en abstint, effectivement. Il passait au Comité après le départ de ses collègues, pour donner des signatures. Le reste du temps, il se confinait au deuxième étage, au bureau de police, dans son cabinet à la porte duquel veillait en permanence un gendarme. On savait que là-haut il conférait avec Herman, Fleuriot-Lescot, Payan, Dumas, président du Tribunal révolutionnaire. Carnot avait déclaré qu’il ne signerait plus aucune pièce émanant de ce sanhédrin où nul d’entre eux n’avait accès.
    Héron, au service exclusif de Robespierre, dirigeait les agents du bureau et ceux d’Herman, tandis que Senar et Jaton continuaient d’agir pour le compte du Comité de Sûreté générale. Les deux polices se faisaient sournoisement la guerre. C’était avant tout les conventionnels ennemis de Robespierre que surveillaient les espions. Onze d’entre

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