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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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le Comité de Salut public veut livrer au Tribunal révolutionnaire les députés les plus estimables ». Et il ajouta : « Depuis deux mois, depuis plus longtemps, des hommes qui se disent représentants du peuple, et que je ne regarde pas comme tels parce que je crois qu’il faut avoir une âme pour être représentant du peuple, une certaine espèce d’hommes, dis-je, déploient toute leur force, tous leurs moyens pour jeter le poison dans l’âme pure d’une partie des membres de la Convention. Ils cherchent à réunir dans des soupers, dans des dîners indignes de républicains, des hommes purs, des hommes que nous embrasserions comme des frères. Là, l’objet de la conversation échauffée par les circonstances, c’est des calomnies contre vous, contre les vrais patriotes, contre les Comités de Salut public et de Sûreté générale. » Il ne voulait pas faire l’apologie des bons Jacobins ni des meilleurs membres des Comités, mais, poursuivit-il, « pourquoi nous a-t-on tellement liés à l’intérêt général que nous ne puissions plus parler en faveur du gouvernement, des principes, de la Convention nationale, sans paraître nous défendre nous-mêmes ? Lorsque Brissot nous attaquait, il suivait le même système. Il disait que nous étions sans cesse à faire notre apologie, il voulait nous rendre ridicules pour nous perdre. Mais je méprise tous ces insectes et je vais droit au but : la vérité, la liberté ».
    Si les Robespierristes du club applaudirent ces paroles, bon nombre de Jacobins, qui se sentaient ou se croyaient inclus parmi les « hommes corrompus », ne les apprécièrent point, et l’on s’arrangea pour que le discours ne fût pas inséré dans le Journal de la Montagne. En vérité, Maximilien avait perdu sa puissance sur la plus grande partie de cette Montagne. Claude voyait chaque jour, avec une satisfaction mêlée néanmoins d’une grande inquiétude, la ligue des anciens Dantonistes, des « Terroristes » et des patriotes rectilignes se nouer plus étroitement contre Robespierre. Il tenait à présent la Convention au moyen des modérés dont il finissait par représenter les espoirs. Son dessein était évidemment de purger une dernière fois l’Assemblée, d’en chasser tous les « hommes perdus », les profiteurs, les affairistes, les athées, de rétablir la paix extérieure, de mettre fin à la Terreur dès lors inutile, et d’instaurer sous une forme ou une autre, au nom de la liberté, une dictature démocratique et religieuse.
    Outre son influence encore solide sur la Convention, il pouvait compter absolument sur la Commune où l’opposition, représentée par Dubon et quelques membres du Conseil général, importait peu. Leur qualité notoire de patriotes, le soutien résolu de leurs sections – toutes des plus sans-culottes –, l’appui de la majorité du Comité de Salut public ne permettaient point de toucher, pour le moment, à ce petit groupe. On se bornait à le surveiller exactement. Le maire Fleuriot-Lescot, Hanriot, chef de la force armée, l’agent national Payan étaient à la dévotion de Robespierre. Payan jouait pour lui à la Maison commune le même rôle que le jeune Jullien à la Convention et dans les départements où il le faisait envoyer en mission, et Sempronius Gracchus Vilatte au Tribunal révolutionnaire et dans les couloirs des Tuileries.
    Payan toutefois ne se bornait pas à le renseigner. Intelligent, perspicace, il le guidait aussi. Il lui avait conseillé de ne point « enterrer » brutalement l’affaire de la Mère de Dieu, mais de riposter à Vadier par un rapport du Comité de Salut public. En cette première décade de messidor, il lui écrivait, le pressant de présenter ce rapport, d’en profiter pour écraser définitivement « l’opposition de la peur » à la loi du 22 prairial sur la nouvelle organisation de la justice. « Vos adversaires s’enveloppent aujourd’hui d’un hypocrite silence, mais leur immobilité est une feinte. Ils ont des scélérats qui les aident dans leurs perfides projets. » Agissez sans tarder, concluait-il. « Travaillez en grand. Vous ne pouvez pas choisir de circonstances plus favorables pour frapper. L’on sent que nos victoires sont le fruit de vos travaux, elles imposent silence aux malveillants. Mais voulez-vous atterrer en même temps ces derniers et les despotes ? Remportez de grandes victoires dans l’intérieur, faites un rapport qui frappe à la

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