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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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attentif, se préparait à frapper brutalement et juste. Il ne sentait pas encore le moment venu. Lecointre se leva. Pensant voir, sans doute, dans le refus de « déchirer entièrement le voile », une invite à la paix, il y répondit en proposant l’impression du discours. Barère appuya. Couthon demanda l’envoi aux quarante-quatre mille communes de la république. Une partie de la Montagne et toute la Plaine votèrent ces deux motions avec une mollesse qui fit tressaillir Claude. C’était maintenant ! Il bondit, et, d’une voix ferme, tranchante, lança :
    « Au nom de la majorité des Comités de Salut public et de Sûreté générale, je m’oppose à l’impression de ce discours insolent à l’égard de la Convention et de ses Comités. »
    Il y eut un instant de stupeur. Quoi ! quelqu’un osait ! Puis, très vite, Vadier, Cambon, Billaud-Varenne, Amar, Panis, Thirion se ruèrent vers la tribune, réclamant la parole. « Avant d’être déshonoré, je parlerai à la France ! » clamait Cambon. Les protestations des Robespierristes, d’abord bâillonnés par la surprise, commençaient de s’élever. Collot d’Herbois les couvrit vivement de sa forte voix et donna la parole à Vadier. Claude s’était rassis. Il avait porté le coup, cela suffisait.
    « Pourquoi as-tu fais cela ? » lui demanda tristement Saint-Just.
    — Parce que Robespierre est un traître. Il veut décidément étouffer la liberté dans les consciences. Il doit périr. »
    À la tribune le maigre et long Vadier, secouant sa tête aux cheveux blancs, s’étonnait que l’on pût soupçonner la Sûreté générale d’inventer de fausses conspirations. Il défendit le Comité, assura qu’il avait toujours agi en accord parfait avec celui de Salut public, dont seul un membre troublait cet accord en voulant monopoliser tous les pouvoirs de police. Puis il s’exclama : « Ainsi donc mon rapport sur Catherine Théot et dom Gerle ne serait qu’une farce ridicule !
    — Je n’ai pas dit cela ! » protesta Robespierre déconcerté par ce retournement soudain de la situation. Dédaignant l’interruption, Vadier poursuivit : « Mon rapport, il est vrai, était composé sur ce ton d’ironie propre à décourager le fanatisme, mais depuis j’ai recueilli des documents immenses, je ferai entrer cette conspiration dans un cadre plus imposant…»
    Bouillant, Cambon poussait le Vieil Inquisiteur, pour prendre sa place. Il avait à dire des choses autrement importantes. Et il les dit avec sa violence de méridional, le sang au visage, l’œil noir. « Moi, je n’ai pas cherché à former un parti autour de ma personne. Je ne viens pas ici armé d’écrits polémiques préparés de longue main, lança-t-il. Robespierre m’accuse d’être un fripon, c’est faux. Le fripon, c’est lui. Il critique la loi de finances du 23 floréal, il n’y a que les agioteurs qui ont intérêt à attaquer cette opération. Ils peuvent fournir des matériaux pour faire des discours, ils ne m’enlèveront pas le courage de dénoncer tout ce qui est contraire à l’intérêt national. »
    Robespierre, aussi fermé aux finances qu’aux choses militaires, s’était fié là-dessus à l’opinion du banquier suisse Haller, garanti par Augustin, et il avait eu tort. Il se défendit platement. « L’inculpation de Cambon, dit-il, me paraît aussi inintelligible qu’extraordinaire. J’ai cru m’apercevoir que les idées de Cambon n’étaient pas si favorables au succès de la Révolution qu’il le pense. Il prétend que son décret a été attaqué par les agioteurs ; cela peut être vrai, je ne sais pas quel parti ils en pourraient tirer, je ne m’en occupe pas. Je n’entends pas critiquer les intentions de Cambon. »
    Que venait-il donc de faire ? Après sa virulence contre le grand argentier, ces excuses étaient lamentables. Ainsi donc, il accusait les gens sans plus de preuves, prêt à se dédire, à balbutier, si on lui répondait fermement ! « Je trouve seulement, ajouta-t-il, que son décret désole les citoyens pauvres.
    — Cela est faux ! » riposta Cambon. Il cita des chiffres. Puis, avec colère et mépris, s’écria : « Il est temps de dire la vérité tout entière. Un seul homme paralyse la volonté de la Convention nationale, et cet homme c’est Robespierre. »
    Des bravos éclatèrent sur la Montagne. Tous ceux qui avaient tremblé exultaient, battaient des mains. Au centre, on

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