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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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L’état-major, diminué des messagers, trottait entre prés et vignes vers le chemin d’Hillesheim, lorsque des canons de 4 aboyèrent, assez loin sur la gauche, à environ une lieue au nord, semblait-il. Bernard eut un fugitif sourire. Il avait pensé juste.
    « C’est Dubois qui aura rencontré l’ennemi, dit Laferières. Ferrette doit être plus proche de nous. »
    Le contact se produisait un peu trop haut. Tant pis ! Sans doute les flanqueurs de Wurmser étaient-ils tombés, dans les collines, sur l’aile gauche de Dubois. Cela ne surprenait probablement pas le vieil Autrichien, il s’attendait à des rencontres de patrouilles sur le versant, il ne s’arrêterait pas pour si peu. La petite canonnade ne pouvait inquiéter personne : elle ne se nourrissait point tandis que l’état-major, fanion claquant, tournait au galop le petit village d’Hillesheim par la gauche, au milieu des corps de Duhau et de Ferrette accomplissant la manœuvre prescrite. Le général en chef la rectifia en leur expédiant l’ordre d’avancer jusqu’au plateau à double étagement couvert de vignes, qui s’élevait devant eux. Ferrette occuperait l’arrière de l’étage. Duhau resterait dissimulé par le ressaut. Il en sortirait au commandement pour s’étendre en potence, comme prévu, et barrer la grand-route. Malheureusement, Dubois, pris de trop court, ne pourrait pas se rabattre de son côté sur l’ennemi pour lui couper la retraite. Il faudrait y aviser.
    Bernard ne s’était pas arrêté. Tandis que retentissaient toujours, à distance, quelques coups de canon de petit calibre mêlés à une fusillade spasmodique, il pressait des talons son cheval, le soutenait des rênes, le portant sur la côte pierreuse. Qu’allait-on découvrir de là-haut ? Terrible, le métier de chef d’armée ! Il faut calculer, supputer, agir sans savoir. Et si ce n’était pas seulement Wurmser mais aussi Brunswick qui s’avançaient : l’un au bord du Rhin, l’autre sur la ligne des crêtes ! Il venait jeter entre leurs crocs ses divisions dont ils ne feraient qu’une bouchée. Cependant, il ne s’était pas découvert, il pouvait encore se retirer en replongeant dans le Hardt, rejoindre la réserve de Malinvaud. Ce serait désastreux, car il fallait donner à cette réserve, à celle de Beauharnais, le temps de recevoir les armes et les fournitures promises, de s’organiser, de se renforcer pour soutenir le choc non pas d’une mais de trois armées libérées par la chute de Mayence. Il ne s’agissait donc pas de fuir. On devait livrer à la première de ces armées ennemies, même sans espoir de l’anéantir, une bataille retardatrice.
    Enfin parvenu en terrain plat, Bernard demanda un dernier effort à sa bête blanchie d’écume, la poussa des jambes à travers le plateau, contourna un bosquet de sapins dans l’ombre desquels il s’arrêta au bord de la déclivité. Tirant sa lunette, il l’ajusta et bientôt, pour la seconde fois, son sourire de joueur de paume qui a réussi une chasse aux effets bien médités lui vint aux lèvres.
    En contrebas, à très courte distance, passait dans la plaine la grand-route poudreuse. On la voyait s’étirer sur la gauche en une légère courbe jusqu’aux maisons d’un bourg surmonté de son clocher trapu, des toits d’un château, à plus d’une demi-lieue dans le nord. Sur la droite, elle filait vers un petit village beaucoup plus proche, au bord d’une très étroite rivière, plutôt un ruisseau, qui sortait sous la route juste devant Bernard, puis la suivait en décrivant des méandres. Et l’armée impériale était là. Son avant-garde de cavalerie blanche en éventail, ses colonnes surmontées, dans une légère poussière, par le scintillement de l’acier. L’arrière-garde opérait une conversion par le flanc pour répondre à la division Dubois – pas si mal placée, ma foi ! – qui bordait en ce moment même la ligne de crête piquetée par ses drapeaux, par les bouffées de ses canons. La lunette montrait une demi-brigade chassant des pentes, à la baïonnette, les flancs-gardes autrichiennes. Plus haut, les batteries de campagne commençaient un tir à obus sur la division arrière de l’ennemi.
    « Colonel, concentrez dès maintenant la réserve sous le village. Quel est-il ?
    — Alsheim, répondit Laferières qui avait la carte sous les yeux.
    — Et le bourg, à l’opposé ?
    — Guntersblum.
    — Bon. Faites ordonner le pas

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