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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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formant son aile droite. On voyait les bataillons bleus pivoter rapidement comme une aiguille de montre. Leur front, raccourci de la sorte, devenait diantrement faible devant la masse centrale des Impériaux divisés en deux gros corps : un qui contre-attaquait en tête, l’autre qui soutenait le feu du plateau. Mais déjà Bernard avait envoyé les dragons – toute sa ressource en chevaux – avec ordre de passer derrière Duhau et prendre eux-mêmes en flanc la cavalerie autrichienne.
    Il balaya une dernière fois avec sa lunette l’étendue verdoyante sur laquelle s’enlevaient les écharpes de fumée, là blanches, ici rousses, selon l’incidence de la lumière. La bataille atteignait son plein développement. Sauf les réserves, les troupes se trouvaient engagées partout. La phase des manœuvres avait pris fin. Il était presque trois heures et demie.
    « À nous, citoyen », dit Bernard à Ferrette.
    Tandis que celui-ci donnait ses ordres afin de former la division pour l’assaut, le général en chef désigna les officiers qui allaient le suivre, les autres restant avec Laferières chargé d’entretenir les liaisons. Les trois brigades s’allongèrent sur le plateau en trois colonnes espacées, chacune avec son général en tête, Ferrette au centre du front. Bernard l’y rejoignit, tira son sabre et l’agita en criant à pleine poitrine : « En avant, citoyens ! Vive la République ! » Une immense clameur répondit. Les tambours battirent la charge. Passant entre les tirailleurs, qui s’adjoignaient à l’arrière des colonnes, les bataillons se déversèrent au pas de course sur la déclivité. Tout ce poids d’hommes et de baïonnettes, généraux sabrant, tomba sur la division autrichienne opposée, la ramena d’un élan jusqu’au ruisseau. Là, il y eut un flottement. Les Kaiserlick, repliés sur la rive gauche et soutenus par un feu nourri, s’efforçaient d’interdire le passage. Ils lardaient de coups les voltigeurs escaladant la berge, qui se trouvaient à leur tour en situation difficile. Mais les officiers avaient franchi en deux bonds de leurs montures l’étroite rivière, et, taillant, pointant, déchargeant leurs pistolets, ils se faisaient place. Bernard, protégé par Sage qui se démenait comme un centaure, mit au bout de son sabre son chapeau empanaché de tricolore. « En avant pour la nation, pour la liberté ! En avant, citoyens ! » Les tambours, après avoir passé l’eau en soulevant leur caisse, se remirent à battre. Les grenadiers poussaient les voltigeurs, les épaulaient. Les hommes parvenus en haut tiraillaient et se jetaient sur les diables blancs à coups de baïonnettes et de crosses, entraînaient le reste des compagnies. Pied à pied, les Impériaux reculèrent vers la route.
    Pendant ce temps, les dragons, quoique inférieurs en nombre, avaient eu raison de la cavalerie adverse, éprouvée par son choc avec l’infanterie. Duhau, libéré de ce côté, soulagé par la charge que menaient Bernard et Ferrette, unit ses efforts aux leurs contre le gros de Wurmser. Après avoir subi de graves pertes sous la canonnade, le général ennemi devait tenir tête à des troupes ménagées, elles, et pleines d’ardeur parce qu’elles se sentaient en bon chemin de vaincre. Les Autrichiens n’en résistèrent pas moins vaillamment. Deux fois, ils arrêtèrent la charge, la repoussant même, à l’aile gauche où Bernard courut avec deux compagnies de grenadiers pour rétablir la situation. Au troisième élan, après plus d’une heure ils cédèrent enfin. Les tambours roulèrent et les deux divisions du centre, entourant l’état-major, se mirent en retraite sur l’arrière-garde sans cesser leur tir par échelons, pour tenir les Français à distance.
    Comme Bernard se dégageait du combat, il vit un officier de Laferières accourir au fanion. Le général Dubois signalait que, faute de munitions d’artillerie, il devrait bientôt se retirer. « Dites-lui de suspendre son feu en conservant ses positions, ordonna Bernard sans hésiter. L’ennemi ne les lui disputera pas. Dites aussi au général Dubois que nous avons obtenu tout le possible avec nos moyens, et que je le remercie, lui et sa troupe. »
    Effectivement, un quart d’heure plus tard, le feu s’éteignit aux abords de Guntersblum. Peu après, comme d’un accord tacite, il s’arrêta partout. Wurmser avait rassemblé ses corps, il les établit en un vaste rectangle couvert à

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