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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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même pas fait entendre notre canon à nos héroïques frères de Mayence, pour leur prouver au moins que la république ne les abandonne pas. Rentrons, s’il vous plaît. Notre reconnaissance est maintenant sans raison.
    — Général, répliqua le divisionnaire Ferrette en saluant, permettez-moi, au nom de tous vos officiers, dont le cœur saigne comme le vôtre, de vous rendre hommage pour ce que vous avez essayé de faire. Si les…»
    La parole lui fut coupée par un roulement de sabots, des coups de feu, des cliquetis, des appels : « Gardez-vous, voilà l’ennemi ! » Des chevaux lancés déboulaient d’un bois sur la petite lande ronde où se trouvait l’état-major. Les uniformes gris des hussards se mêlaient à des habits blancs de dragons autrichiens à cuirasses, fonçant sur le groupe empanaché et doré. L’ennemi ! Il arrivait à point. Bernard, assurant son chapeau d’un coup de poing, tira son sabre, saisit dans une fonte un des pistolets de Guillaume Dulimbert, et, des talons, lança son cheval.
    Ce fut une mêlée violente, rapide : un tourbillon qui, bientôt, se désagrégea. L’essaim blanc se regroupa en galopant et disparut dans une ravine, suivi de bêtes aux selles vides. Quelques corps parsemaient l’herbe courte. Du côté français, on comptait deux morts : un petit hussard aux tresses blondes, et le général de division Leblée, tué net d’une balle dans l’œil. On ramena les corps à Eisenberg où l’on passa la nuit. Les blessés autrichiens confirmèrent que Mayence était entièrement investie et bombardée depuis l’aube.
    Le 22, à neuf heures du matin, le courrier du Comité de Salut public arrivait à Landau, portant tout un paquet de dépêches. Ordre aux représentants de faire appliquer le plan du général Delmay, ordre à celui-ci de mettre ses troupes en marche, ordre au général Beauharnais d’opérer de concert. Tout était mis en œuvre, annonçait une note, pour faire parvenir à Landau sous quarante-huit heures le principal de ce qui manquait. De ces quarante-huit heures, trente étant déjà écoulées, on pouvait compter sur ces fournitures pour demain, sans doute. Les troupes laissées sur place ne resteraient donc pas longtemps sans armes. Elles ne seraient pas abandonnées mais au contraire serviraient de réserve. Les deux commissaires allèrent eux-mêmes porter les ordres, l’un à Beauharnais, l’autre à Bernard.
    Aussitôt une activité intense se déclencha. Les divisionnaires, mandés au quartier général, reçurent leurs instructions. Dans la relevée, Bernard et Beauharnais conférèrent afin de régler leurs mouvements et d’établir leurs liaisons à travers le Hardt. Déjà les demi-brigades cantonnées dans les villages aux abords de Gleisweiler se mettaient en marche pour rejoindre les divisions avancées. À six heures, après un bref repas, Bernard quitta son quartier en laissant la réserve à Malinvaud. Dès qu’il aurait reçu les fournitures, il devrait s’échelonner le long de la chaîne montagneuse, de façon à pouvoir, selon l’éventualité, envoyer des renforts vers le nord ou se porter au secours de Landau.
    Avec son chef d’état-major : le colonel Laferières, et les officiers d’ordonnance, Bernard se mit en route, suivi par Sage qui trottait à la tête du petit personnel et surveillait le bagage. On dépassait des colonnes qui acclamaient le général en chef. Il avait fait lire dans chaque demi-brigade une courte proclamation : « Soldats, vous vous êtes couverts de gloire au printemps dernier, dans une campagne qui restera l’honneur de vos armes. Depuis, les difficultés intérieures de la république vous ont maintenus inactifs. Aujourd’hui, nous reprenons l’offensive pour tenter de dégager Mayence. L’ennemi a sur nous l’avantage du temps et des fournitures. Qu’importe ! Nous lui opposerons notre audace, notre enthousiasme patriotique, notre volonté de sauver la nation. Citoyens, il n’y a qu’un mot pour nous : Vivre libres ou mourir ! » Il n’en avait pas dit davantage, car il ne gardait pas grand espoir. Soumise à un bombardement intense, la place devait être à bout, et la garnison ne pourrait probablement rien faire de son côté pour ceux qui venaient la secourir. En revanche, après avoir battu Wurmser et Brunswick, plus ne serait besoin de s’affaiblir en renvoyant une partie des forces vers Landau, puisque Malinvaud avec la réserve armée prévenait toute

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