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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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droite par la bourgade, à l’aile gauche par le Rhin. Bernard, lui, reprit sa disposition initiale en potence, la tête appuyée à l’autre côté du bourg, la ligne se prolongeant à flanc de coteau le long de la route, puis tournant à angle droit pour couper le passage. Elle se continuait jusqu’au fleuve, grâce à la réserve du général Michaud. Enfermée ainsi dans une sorte d’équerre, l’armée autrichienne devait nécessairement ou retraiter vers le nord, ou s’ouvrir demain, à toute force, une trouée. Elle n’était pas défaite, des moyens insuffisants n’avaient pas permis de transformer le succès en victoire, mais on marquait néanmoins un assez bel avantage en l’arrêtant là, en lui mettant hors de combat plus de deux mille hommes, contre quatre à cinq cents tués ou blessés français. Un parlementaire se présenta, proposant une véritable suspension d’armes jusqu’à minuit afin de relever les victimes tombées en territoire adverse. Bernard acquiesça volontiers. Il n’en avait point à relever dans les lignes autrichiennes, car il occupait le champ de bataille. Il voulait faire ramasser autre chose : les boulets, le plus possible de boulets. On en était là. Naturellement, on attendrait l’obscurité. Il ne fallait pas trahir cette disette. Mais Wurmser s’en doutait, assurément. Il devinait bien pourquoi son adversaire avait interrompu la bataille au moment où il tenait la victoire, lui laissant à lui-même le temps de souffler. Hélas ! on ne pouvait pas ramasser de la poudre. Aussi, dès la fin des combats, Bernard, sans perdre une minute, avait-il expédié à Malinvaud un nouveau message pour réclamer une partie des munitions qui devaient parvenir à Landau ce jour même.
    Le soir tombé, après avoir inspecté les positions, félicité les officiers et les troupes de leur conduite, il gagna Grimbsheim où le capitaine d’état-major avait installé le grand quartier. Partout les feux de bivouac commençaient de luire. Bernard donna des ordres pour qu’une garde vigilante fût montée sur toute la ligne à partir de minuit. Il craignait une attaque générale avant l’aube.
    La nuit fut profondément calme. Au jour, lorsque Bernard retourna sur le plateau, il n’aperçut pas le moindre remue-ménage dans le camp autrichien. Seuls, les vedettes, les postes avancés, étaient en armes. Pour le reste, on voyait les compagnies vaquer tranquillement aux corvées. Cela continua, même quand on entendit le canon dans l’ouest. C’était bien ce à quoi l’on devait s’attendre : Brunswick, sur l’autre versant, de la chaîne, pressait l’armée de Moselle. Peu avant midi, arrivèrent coup sur coup le convoi de munitions envoyé par Malinvaud, un message de lui, un autre de Beauharnais. Celui-ci se disait contraint de se retirer devant les forces prussiennes supérieures descendant du nord par les vallées et qui menaçaient de l’envelopper. Malinvaud annonçait, de la part des représentants en mission, un mouvement très redoutable de l’armée du Luxembourg. Bernard comprit alors pourquoi Wurmser ne cherchait point à forcer le passage. À quoi bon ? il suffisait d’attendre le départ des Français.
    Départ inévitable. Les généraux, réunis à Grimbsheim en conseil de guerre, le reconnurent unanimement : on ne pouvait plus songer à tenir le pays, il fallait tout évacuer jusqu’à Landau. Peut-être même devrait-on se concentrer plus bas encore, devant la frontière, pour éviter de s’en voir coupé. Ainsi se réalisaient les pires prévisions de Bernard. Il en prit son parti sans vaines plaintes. Il distribuait les ordres pour la retraite, lorsqu’un officier d’ordonnance vint donner l’alarme : les vedettes de la division Ferrette, postées sur le plateau, signalaient une puissante colonne, probablement prussienne, à la sortie de Guntersblum ; une vive agitation se manifestait dans le camp autrichien. Les généraux se hâtèrent de sauter en selle et de galoper vers la grand-route. Là, Dubois vit arriver un de ses jeunes officiers qui arrêta sa bête en sueur et lança tout à trac en saluant :
    « Général, une armée française descend du nord derrière un drapeau blanc. Ce doit être la garnison de Mayence. Quand je suis parti, elle allait entrer dans le bourg. »
    Ainsi donc, ils étaient libres. Leur héroïsme, reconnu par un adversaire généreux, leur avait valu de rejoindre leurs frères. Il y eut un instant

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