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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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glacial à Barère, qui développait sa proposition ; puis, touchant le bras de Claude, il l’entraîna dans le couloir.
    « C’est une cabale ! siffla-t-il entre ses dents. Je suis à peine entré ici, que l’on cherche à y réduire mon influence. Et tu y prêtes les mains, avec Couthon ! »
    Ah ! cette manie soupçonneuse !
    « Mais voyons, tu n’y penses pas, mon ami ! protesta Claude. La question est arrivée fortuitement sur le tapis, tu l’as bien vu. Au demeurant, l’idée de Barère, me semble bonne.
    — Allons donc ! Ces deux noms ne lui sont pas venus soudain. Carnot et Prieur sont des hommes à lui. Il a en tête tout autre chose que les intérêts de la république. Danton en avait fait un personnage, mon arrivée l’a rendu à sa médiocrité, il cherche une revanche.
    — Laisse-le faire, dit Claude, il remuera toujours et cela n’a pas d’importance. Je connais bien Carnot. Il a participé au 10 août, il a voté la mort du roi. Il n’est pas jacobin mais je te réponds de son patriotisme et de son énergie. Que nous faut-il de plus ? Viens, rentrons. »
    Robespierre le suivit dans le salon blanc et or, mais il resta crispé, ses lunettes à la main, les yeux baissés. Il se rapprocha de Saint-Just debout dans une embrasure où il relisait le rapport de Bernard, à la lumière, car on avait tiré à demi les rideaux contre le soleil. Maximilien et le jeune homme se parlèrent à voix basse. Quand Séchelles demanda les avis, Saint-Just acquiesça du front. Robespierre ne dit rien. À la majorité, Carnot fut mandé d’urgence à Paris.

VI
    Grâce à la fermeté avec laquelle Robespierre venait de frapper Roux d’une part, Cauchois de l’autre, on arrivait au 10 août sans avoir subi un soulèvement des sections. Restaient les dangers de cette fête même. Pour l’anniversaire de la prise des Tuileries, la nouvelle Constitution, acceptée par les assemblées primaires dans tous les départements fidèles ou ramenés, serait proclamée solennellement au cours d’une grande fête fédérative où l’on célébrerait la purification, la régénération nationales. Tous les adversaires avoués ou secrets de la Convention, et dans celle-ci du Comité de Salut public, comptaient sur l’appui des délégations de province pour imposer : 1 o  une amnistie générale proposée par les amis de Roland ; 2 o  la mise en vigueur du gouvernement constitutionnel, sitôt la Constitution proclamée. Les modérés, avec nombre de Dantonistes se montraient favorables à l’amnistie. Hébert et Robespierre s’y étaient l’un comme l’autre opposés, le premier en déclarant à juste titre : « Cette mesure, réclamée par les Endormeurs, aurait pour résultat le rétablissement de la monarchie. » Robespierre fit plus : en guise d’amnistie, il demanda avec Couthon, la mise en accusation de Carra qui proposait, l’année précédente, d’offrir le trône au duc d’York, et qui, de sa prison, complotait maintenant avec les meneurs déguisés des sections monarchistes. Du coup, Barère, penchant jusque-là vers l’indulgence, déclara impossible toute amnistie tant que le fédéralisme ne serait pas écrasé. Quant à la mise en vigueur immédiate de la Constitution, c’eût été la fin du gouvernement révolutionnaire, la disparition du Comité de Salut public, l’abandon de l’effort juste entrepris.
    Au Comité, on se défiait des fédérés, arrivant assurément avec un esprit anti-parisien, anti-montagnard. On craignait qu’ils ne se laissassent gagner, séduire ou corrompre par la clique modérantiste, contre-révolutionnaire, monarchiste, royaliste. On n’avait pas hésité à employer les grands moyens. Aux premiers jours d’août, des agents d’Héron, postés sur les routes, fouillaient les arrivants, ouvraient leurs lettres, arrêtaient ceux qui paraissaient suspects. On avait mis à la disposition d’Hanriot trois cent mille francs pour exercer une surveillance discrète autour des fédérés. D’autre part, on leur offrit la salle des Jacobins pour leurs délibérations, les Montagnards du club, de la Commune, des sections les entourèrent, les choyèrent. Ils furent conquis. Dès le 6, leur orateur, Royer, curé de Chalon-sur-Saône, se prononçait aux Jacobins contre l’application de la Constitution.
    « C’est, dit-il, le vœu des Feuillants, des modérés, des fédéralistes, des aristocrates et des contre-révolutionnaires de tout genre. Le

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