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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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moins possédait-il les qualités les plus nécessaires à présent, celles que Danton n’avait jamais eues et n’aurait jamais : la méthode, l’obstination, la suite dans les idées. Son programme ne se bornait pas aux subsistances et aux lois populaires, il apportait au Comité tout un plan d’action afin de consolider et d’étendre – pourvu que les armées coalisées en laissassent le loisir – la victoire remportée le 2 juin sur le modérantisme. Il fallait développer d’une façon continue l’action révolutionnaire, punir sans faiblesse les traîtres et les conspirateurs, faire des exemples terribles de tous les scélérats qui outrageaient la liberté, versaient le sang des patriotes. Le Tribunal révolutionnaire serait mis en demeure d’agir plus énergiquement, sous peine d’être lui-même considéré comme suspect. Mais cela ne suffirait pas. Les dangers intérieurs venaient des riches bourgeois, on l’avait bien vu à Marseille, à Bordeaux, à Lyon. Pour vaincre cette caste ennemie, la Convention et le peuple devraient s’allier intimement. Seule, leur union étroite assurerait le triomphe définitif de la Révolution. Dans ce but, on devait exalter l’enthousiasme révolutionnaire par tous les moyens, éclairer, « colérer » les sans-culottes. Quant aux armées, il était temps d’en finir avec les généraux aristocrates, tous plus ou moins suspects. On allait mettre partout à leur place des républicains et l’on punirait les coupables, c’est-à-dire ceux qui ne remporteraient pas la victoire, car un général doit être ou victorieux ou mort. Enfin, pour désarmer les intrigants de toute espèce, il importait au plus haut point de résoudre rapidement la crise des subsistances.
    Ces vues étaient évidemment théoriques, comme presque toutes les idées de Maximilien, plus propre à énoncer des principes d’action qu’à donner les moyens de les réaliser. Au Comité d’imaginer ces moyens. Tâche peu aisée ! Un grand rapport de Bernard, arrivant sur ces entrefaites, montra bien que pour battre l’ennemi il ne suffisait pas de lui opposer des généraux patriotes. On ne pouvait suspecter ni le jacobinisme ni la résolution d’un Delmay. Or non seulement il n’avait pas débloqué Mayence, mais après avoir reculé d’un coup jusqu’à Landau, il annonçait maintenant comme inévitable un repli sur les lignes de Wissembourg. Tout autre eût aussitôt subi le sort de Custine qui venait de porter sa belle tête à moustaches sur l’échafaud. Loin de se défendre autrement que par l’exposé des faits, Bernard, dans ce rapport, accusait sévèrement la section de la Guerre. « Incapable de fournir aux soldats l’indispensable pour se battre, écrivait-il, elle n’a en outre aucune vue stratégique ; les armées sont dans une totale anarchie, livrées chacune à elle-même sans la moindre coordination dans leurs mouvements. Il n’est pas croyable que l’on prétende faire la guerre de la sorte, et nous nous demandons, je vous l’avoue, citoyens, si la trahison ne se trouve pas dans le sein même de votre Comité. »
    Couthon, qui écoutait cette lecture en caressant distraitement sa levrette couchée sur ses genoux, dit :
    « Delmay voit juste. La trahison est ici, non pas volontaire, assurément, mais dans notre incompétence. Nous trahissons la patrie en voulant nous occuper d’une chose sur laquelle nous n’avons aucune lumière.
    — Nous en avons assez, rétorqua Robespierre, pour savoir si un général accomplit ou non son devoir, et pour le châtier d’une façon exemplaire.
    — Ce n’est pas un moyen d’organiser, observa Claude. Couper la tête aux généraux ne fournira pas des canons, des fusils, de la poudre aux troupes, ni un plan de campagne aux armées. Te sens-tu capable d’en combiner un ? »
    Barère, en train d’écrire, à son pupitre, avait suspendu la course de sa plume. Il prit modestement la parole pour proposer de recourir à des spécialistes, ce que n’avaient été vraiment ni Delmas ni Gasparin. La Convention comptait, parmi les patriotes, des officiers savants. Pourquoi n’appellerait-on pas au Comité deux d’entre eux, l’un pour s’occuper de l’armement, l’autre de la stratégie ? Carnot, par exemple, justement en mission à l’armée du Nord, et Prieur de la Côte-d’Or retour de Caen où il avait été arrêté avec Romme par les fédéralistes. Maximilien serra les lèvres en jetant un regard

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