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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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gouvernement constitutionnel doit être ajourné à la paix. »
    Le 10, la fête se passa bien. Presque sous le canon ennemi, ce fut une sombre solennité. David avait élevé trois statues géantes : sur les ruines de la Bastille, la Nature ; sur la place de la Révolution, la Liberté ; sur l’esplanade des Invalides, le Peuple terrassant le fédéralisme. Tandis que le cortège se déroulait par les boulevards, on ne pouvait savoir si la liberté, la république existeraient encore dans huit jours. Pourtant la Convention, les Jacobins défilant derrière leur bannière, l’immense peuple montraient une confiance égale et une résolution farouche. En marchant on chantait comme un défi le Chant du départ :
    La République nous appelle.
    Sachons vaincre ou sachons périr.
    Un Français doit vivre pour elle,
    Pour elle un Français doit mourir.
    composé anonymement par Marie-Joseph Chénier qui, suspect de girondinisme, se cachait. Sur les pierres de la Bastille on but l’eau de la régénération. Au Champ-de-Mars, les délégués des districts provinciaux et des sections parisiennes acceptèrent symboliquement la Constitution, Hérault-Séchelles qui présidait la Convention salua l’urne contenant les cendres des héros morts pour la patrie. Claude n’était allé que jusqu’à la place de la Révolution, il avait regagné par le jardin l’aile du pavillon de Flore où il lui fallait conclure d’énormes marchés pour fournir les armées en chaussures.
    Le lendemain matin, Carnot, arrivant à Paris, se présenta aussitôt au Comité avec son compatriote Prieur. Ils acceptèrent d’y prendre place et, sur-le-champ, Carnot proposa un plan de campagne pour barrer d’abord la route aux ennemis puis prendre hardiment l’offensive. On l’écouta, on se pencha sur des cartes. Saint-Just posait des questions.
    Pendant ce temps, dans l’autre aile du Palais national, Delacroix, « pour confondre, disait-il, ceux qui accusent la Convention de vouloir se perpétuer », l’invitait à préparer la convocation d’une nouvelle assemblée, « en procédant au recensement de la population électorale et au découpage des circonscriptions ». Un coup de Danton. Et bien machiné. Les Montagnards, mal vus presque partout en province, peu sûrs même d’une majorité à Paris, pouvaient être éliminés de l’Assemblée législative prévue par la Constitution proclamée la veille. Ce matin, en début de séance, les députés n’étaient pas en nombre, sauf les Dantonistes et les rescapés de la Gironde assurément prévenus, comme les quelques Hébertistes, favorables à des élections qui, pensaient-ils, porteraient au pouvoir d’autres hommes de leur bord. Pour toutes ces raisons, le décret proposé par Delacroix fut voté en un clin d’œil. Gay-Vernon, quittant la salle, se hâta d’aviser Claude.
    La plus grande partie du Comité fut stupéfaite. La déclaration du curé Royer, le 6, semblait avoir écarté toute idée d’une assemblée nouvelle. Robespierre réagit avec violence. Le complot des modérantistes lui apparaissait doublement : dans la Convention par cette tentative, au Comité par l’introduction des deux nouveaux venus, très suspects malgré le jugement de Claude, et qui formeraient avec Thuriot, Séchelles, l’ondoyant Barère et peut-être Lindet, un bloc d’opposition. À la séance de relevée, Maximilien avertit expressément la Convention : « Je ne croupirai point membre inutile d’un comité. Si ce que je prévois arrive, je déclare que nulle puissance humaine ne pourra m’empêcher de dire toute la vérité, de montrer les dangers au peuple et de proposer les moyens nécessaires pour les prévenir. »
    Le soir, au club, il commença d’exécuter sa menace. « Appelé contre mon inclination au Comité de Salut public, dit-il, j’y ai vu des choses que je n’aurais jamais osé soupçonner. J’y ai vu d’un côté des membres patriotes faire tous leurs efforts pour sauver leur pays, et de l’autre des traîtres qui trament au sein de ce même conseil contre les intérêts de la nation… Rien ne peut sauver la république si l’on adopte la proposition faite ce matin que la Convention se sépare et qu’on lui substitue une assemblée législative. Cette proposition ne tend qu’à faire succéder aux membres épurés de la Convention actuelle les envoyés de Pitt et de Cobourg. »
    Des frissons passèrent au long de quelques échines danto-nistes ou

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