Un vent d'acier
royalistes veulent du sang ? Eh bien, ils auront celui des conspirateurs, des Brissot, des Marie-Antoinette ! »
On décréta que l’armée révolutionnaire pour les subsistances serait formée de six mille fantassins et mille deux cents canonniers, sous le commandement de Ronsin, ex-auteur dramatique, créature d’Hébert et de Bouchotte qui, de capitaine, l’avaient fait en quatre jours chef d’escadron, général de brigade, général de division. On vota cent millions pour la défense nationale. Puis la longue séance fut levée. À celle du soir, comme la présidence de Robespierre expirait, la Convention lui donna pour successeur Billaud-Varenne. Le lendemain lui et Collot d’Herbois étaient appelés, par les membres du Comité de Salut public, cédant au courant manifeste, à siéger avec eux. L’hébertisme entrait au gouvernement. Peut-être serait-il ainsi moins redoutable. Mais en somme, il avait fallu capituler sur tout. On n’avait sauvé que Vergniaud et ses amis, en escamotant le vote à leur propos. Danton, invité à reprendre sa place au pavillon de Flore, avait refusé. Évidemment, il entendait garder les mains libres pour mener sa politique à lui, aimanter l’opposition.
Deux jours plus tard, le 8, le Comité portait à cette politique et à cette opposition un rude coup en annonçant la victoire d’Hondschoote.
VII
Sur le Rhin, en revanche, la situation n’était pas brillante. Prévoyant de frapper au nord, Carnot avait réservé à cette armée tout le renfort et toutes les fournitures disponibles. L’est attendrait. On ne demandait de ce côté-là aux généraux que de tenir, juste le temps de leur préparer le nécessaire. Seulement l’armée de Moselle s’étant laissé repousser, à Pirmasens, par des forces bien supérieures, Bernard, son flanc découvert, dut, bon gré mal gré, abandonner Landau, le 15, et se replier, comme il l’avait prévu, sur Wissembourg afin de rétablir le front.
L’armée du Rhin faisait là face à Wurmser. À gauche, l’armée de Moselle s’opposait à Brunswick. À gauche encore se trouvait l’armée de Metz qui n’avait guère bougé depuis Valmy. L’armée des Ardennes continuait cette ligne de défense jusqu’à l’armée du Nord.
Le 11 septembre, Jourdan avait été nommé général en chef de l’armée des Ardennes et opérait sur le flanc droit de Houchard – sous les ordres de qui il restait, bien que commandant en chef. Houchard, ne se jugeant pas en force pour défier les troupes de Freytag et d’York réunis devant Furnes, s’était attaqué aux Hollandais du prince d’Orange qu’il chassa de Menin. Deux jours plus tard, assailli par la cavalerie de l’Autrichien Beaulieu, il ne sut pas soutenir ses bataillons. Ils se débandèrent, abandonnant le terrain à l’ennemi. Petite panique sans gravité, mais c’était le genre de chose que l’on n’admettait plus. Le Comité fut impitoyable. Contrairement aux ordres, Houchard n’avait pas attaqué Furnes, Houchard laissait faire un pas en arrière à ses divisions : fini d’Houchard. Destitution immédiate, et en avant pour le Tribunal révolutionnaire. Le successeur saurait ce qui l’attendait à la moindre faute. Quel serait ce successeur ?
« Delmay, dit Claude, on ne peut hésiter. C’est l’homme de ce poste.
— Delmay ? » fit Carnot pour qui ce n’était là qu’un nom. Claude lui brossa un rapide tableau des services de Bernard, rappela son plan audacieux pour débloquer Mayence, peu avant que Carnot entrât au Comité.
« Ah bah ! qu’est-il donc advenu de ce plan si hardi ? On n’en a point vu les résultats.
— Il n’a pu être exécuté à temps, faute de moyens. Delmay n’en a pas moins arrêté Wurmser à Guntersblum.
— Aurions-nous remporté une victoire que j’ignore ?
— Tu n’étais pas encore ici, tu n’as pas suivi ces opérations, répliqua Claude agacé. Demande les rapports à Bouchotte, et tu constateras que cette campagne, même si, par la faute de circonstances dont le Comité précédent porte la responsabilité, elle n’a pas produit de résultats, est un modèle d’audace et de prudence tout ensemble, d’inspiration, de calcul et de fermeté.
— Il est vrai, approuva Saint-Just. Delmay unit l’intelligence à la valeur. J’ai lu très attentivement ses rapports. Toute sa conduite dans le Hardt montre un homme de guerre accompli. »
Carnot n’aimait pas Saint-Just : ce jeune
Weitere Kostenlose Bücher