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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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citoyens ! » Et il prononça un discours qui, dans son éloquence grondante, ramassait toutes les exigences des Hébertistes et les dépassait en sans-culotterie.
    « Chaque jour, conclut-il, un aristocrate, un scélérat doit payer de sa tête ses forfaits. » Puis, à l’adresse des pétitionnaires : « Peuple sublime ! s’exclama-t-il, hommage vous soit rendu. À la grandeur vous joignez la persévérance, vous voulez avec obstination la liberté, vous jeûnez pour la liberté. Vous devez l’acquérir. Nous marcherons avec vous, vos ennemis seront confondus. »
    Une énorme explosion de bravos, de clameurs enthousiastes lui répondit. Il avait une fois de plus électrisé la foule. C’était du délire.
    « Et dire, marmonna Gay-Vernon, qu’il ne pense pas un mot de tout cela !
    — Si fait, répondit Claude, il le pense à l’instant où il forge sa phrase, mais sa sincérité n’est hélas que celle de son talent. Sa sincérité n’est que le besoin d’empoigner, d’enflammer, de triompher. Il reproche à Maximilien de n’avoir aucun sens pratique, mais lui c’est un fou. Jamais le « furieux » Marat n’aurait prononcé un discours si insensé, et seul Marat pourrait dire ici qu’il l’est. Si nous nous y risquions, nos têtes voltigeraient bien vite au bout des piques. »
    Robespierre lui-même, avec l’accusation de modérantisme suspendue sur lui, n’avait pas la possibilité de réagir. Il cherchait à noyer l’affaire dans de vagues déclamations appropriées : « Le bras du peuple est levé, la justice le fera tomber sur la tête des traîtres, des conspirateurs, et il ne restera de cette race impie ni traces ni vestiges. »
    Grâce à l’appui de Danton, les mesures demandées par Chaumette et Billaud-Varenne furent adoptées. Mais celui-ci proposa encore la suppression des passeports, la fermeture des barrières. Il voulait que l’arrestation des suspects fût une véritable rafle, comme en août de l’an dernier. Il réclama le rapport du décret « contre-révolutionnaire », dit-il, qui défendait les visites domiciliaires pendant la nuit. Bazire s’y opposa en observant qu’il faudrait d’abord définir exactement les suspects.
    « Il y a, déclara-t-il, des nobles qui servent avec dévouement la patrie, les prêtres ont été presque tous déportés. »
    Cette seconde assertion était fort inexacte, il y avait des quantités de réfractaires cachés dans Paris, comme l’abbé de Kéravenan. On adopta la motion de Billaud en la corrigeant par celle de Bazire. Après quoi celui-ci marqua un avantage considérable. S’attaquant aux « hurleurs des sections », beaucoup plus dangereux selon lui que les nobles et les prêtres, il fit décider que les comités révolutionnaires des sections seraient épurés. Gros atout pour le Comité de Salut public, car la mesure pouvait être tournée contre les Enragés, contre les Hébertistes mêmes. Sur le coup, le sombre Billaud-Varenne se tut. Le gouvernement se trouvait néanmoins en trop mauvaise posture pour tenter de contre-attaquer.
    On reçut une seconde délégation, composée de Jacobins hébertistes et des quarante-huit délégués sectionnaires. Ses principaux vœux venaient de recevoir satisfaction, mais elle réclamait en outre la destitution des nobles de tous les emplois militaires ou civils, et leur détention jusqu’à la paix, enfin l’envoi au Tribunal révolutionnaire des Girondins décrétés d’accusation, la mise en jugement de la ci-devant reine, de sa belle-sœur, de la femme Roland. Sur la Montagne et dans les tribunes, les gradins des arcades, on approuva. Oui, il fallait en finir avec les députés emprisonnés. Ils avaient mis la république à feu et à sang, donné la main aux royalistes, ils devaient payer leurs crimes. « À quoi vous a servi jusque-là votre modération ? lança le maître de poste Drouet aux Robespierristes. On vous appelle brigands, assassins, eh bien, soyons brigands pour le bonheur du peuple ! » Debout à la barre, le petit Père Duchesne qui ne voulait pas être en reste de sans-culottisme avec Danton, s’écria impérieusement : « Législateurs, placez la terreur à l’ordre du jour ! » L’inévitable Barère s’empressa de saisir la formule.
    « Oui, plaçons la terreur à l’ordre du jour, dit-il. C’est ainsi que disparaîtront en un instant et les royalistes et les modérés et la tourbe contre-révolutionnaire qui vous agite. Les

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