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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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la nation et du nationalisme – et ce, dans les deux langues – il n’a nullement l’intention de presser les choses.
    Le Canada finira par devenir une nation à son propre rythme et Laurier ne tient nullement à se sentir pressé. C’est l’un des grands attraits de l’empire britannique que, jusqu’à la fin de ses jours, Laurier considérera comme presque tout puissant et d’une supériorité incontestable en dehors de l’amérique du nord, et, même là, il est peu probable que cette supériorité soit remise en cause. son univers est celui du milieu du dix-neuvième siècle, un univers dans lequel la Grande-Bretagne sera, pour l’éternité, un grand pays. dans ce genre d’univers et ce genre d’empire, le Canada peut s’occuper de ses propres affaires.
    Laurier tient beaucoup à l’autonomie locale, pour le Canada au sein de l’empire britannique et pour les provinces au sein du Canada. il comprend le pouvoir des provinces et attache beaucoup d’importance aux droits de ces dernières. il se peut, en réalité, qu’il soit le politicien le plus décentralisateur à occuper le poste de premier ministre du Canada. sa victoire aux élections de 1896 est autant le résultat des griefs provinciaux à l’endroit du gouvernement que de la réputation d’administration conservatrice sénile des ses prédécesseurs. signe des temps, Laurier attire dans son cabinet 10•explosioneTmarasme,1896–1914

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    trois premiers ministres provinciaux, ceux de l’Ontario (Oliver Mowat), du nouveau-Brunswick (andrew Blair) et de la nouvelle-écosse (W.s.
    Fielding), en plus du procureur général du Manitoba, Clifford sifton. À
    l’exception de Mowat, qui n’est plus tout jeune, il s’agit d’hommes vigoureux et de politiciens puissants et, s’ils peuvent se mettre au service de Laurier, les électeurs anglo-saxons peuvent à coup sûr lui faire confiance eux aussi.
    en 1877, Laurier avait insisté sur le « développement » et ce terme exige quelques explications. Laurier et sa génération de politiciens considèrent le Canada comme un pays « jeune ». L’image la plus répandue à l’époque est soit celle d’une femme jeune mais vertueuse – « notre-dame des neiges », pour reprendre l’expression du barde impérial rudyard Kipling – ou comme un jeune homme costaud, vertueux lui aussi, et prometteur mais pas encore arrivé à sa pleine maturité. selon Laurier, le Canada a besoin de temps et d’espace pour atteindre à la fois maturité et prospérité. « Les perspectives du Canada sont véritablement énormes », pour reprendre les termes d’un enthousiaste de l’époque, mais ce ne sont que cela, des perspectives , pas concrétisées encore et il faut laisser au Canada le temps d’en tirer profit.
    L’éLABORATiOn DE LA pOLiTiqUE
    en matière économique, Laurier est optimiste, comme la plupart de ses concitoyens, et cela constitue certes une des raisons de sa popularité auprès des électeurs. il a aussi la chance de son côté car son accession au pouvoir coïncide avec une reprise économique et une ère de prospérité.
    Les coûts du transport chutent, ce qui offre un meilleur accès au marché européen. Les méthodes de culture s’étant améliorées (on peut citer l’exemple du blé Marquis), les plaines canadiennes arides et sujettes au gel revêtent tout à coup un nouvel attrait. il n’est pas surprenant que les immigrants se lancent vers les « meilleures terres nouvelles », la prairie canadienne, essentiellement vierge, et qu’ils choisissent ce moment pour le faire.
    Laurier confie à son ministre de l’intérieur, Clifford sifton, la tâche de peupler la prairie. Ce dernier cherche à attirer les immigrants par la publicité, quoique, vu la situation, ils y seraient sans doute venus de toute façon. il étend sa récolte de migrants à l’europe de l’est, amenant des empires russe et autrichien au Canada des slaves, surtout des Ukrainiens. Cela soulève parmi les Canadiens conservateurs des animosités ataviques, que le Parti conservateur cherche maladroitement à exploiter au cours de diverses élections fédérales. du coup, le travail qui reste à faire à stifton s’en trouve allégé : il est le premier, mais pas le dernier, politicien libéral à rappeler aux immigrants qu’ils sont arrivés au Canada sous un gouvernement libéral.

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UnE HIsTOIRE dU Canada
    Les statistiques relatives à l’immigration, et à la population en général, sont

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