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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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proche de la perfection que le Canada ait connu : grand (plus d’un mètre quatre-vingts), mince et beau, avec des cheveux châtains passant graduellement au blanc, éloquent et bilingue (il parle anglais avec un accent écossais), intelligent et bien élevé. Laurier provient d’une famille de Patriotes des campagnes au nord de Montréal mais, à l’encontre de nombreux ex-Patriotes, il demeure « rouge ». au terme de ses études en droit, il obtient la médaille d’or à l’Université McGill. À une époque où les curés des paroisses enseignent à leurs ouailles que « le ciel est bleu, l’enfer est rouge », Laurier s’en tient à ses convictions libérales1. il embrasse le libéralisme, entre en politique active, d’abord à titre de membre de l’assemblée législative du Québec, puis de membre du Parlement fédéral et enfin, en 1877, de ministre dans le gouvernement libéral d’alexander Mackenzie.
    encore jeune sinon jeune, plein d’entrain et d’imagination, actif, Laurier incarne ce que beaucoup considèrent comme les vertus archétypes canadiennes. Pourtant, à l’instar du pays qu’il dirige, ses valeurs et ses comportements sont davantage ancrés dans le siècle qui s’achève que dans le nouveau siècle, dont il prétend saisir les promesses. À l’encontre de nombreux partisans canadiens, dont les idées politiques sont le fruit de leur héritage ou de leur intérêt personnel, Laurier voit dans le libéralisme un ensemble de principes clairs. sa définition du libéralisme modèle son parti et en fait l’institution politique dominante sur la scène politique canadienne. si Laurier doit préciser la position de son parti, c’est en raison de l’opposition de l’église catholique, sous l’inspiration d’un pape extrêmement conservateur, Pie iX, au « libéralisme » politique, que Pie considère comme une des graves erreurs de l’époque moderne.
    Prenant la parole devant deux mille personnes à Québec en juin 1877, Laurier se proclame lui-même réformateur et non révolutionnaire.
    « Je suis un de ceux qui pensent que partout, dans les choses humaines, il y a des abus à réformer, de nouveaux horizons à ouvrir, de nouvelles forces à développer. » C’est l’angleterre qui est le modèle que le Canada devrait suivre. Les réformes libérales ont « fait du peuple anglais le peuple le plus libre, le plus prospère et le plus heureux de l’europe ». il poursuit en disant que « [l]a politique du parti libéral est de protéger [nos] institutions, de les défendre et de les propager, et, sous l’emprise de ces institutions, de développer les ressources latentes de notre pays. telle est la politique du parti libéral ; il n’en a pas d’autre. »

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    son affection pour l’angleterre, ou la Grande-Bretagne, n’est pas feinte. Laurier admire les institutions britanniques et vénère l’empire britannique. il n’est pas non plus indifférent à la richesse et à la puissance britanniques. Cette richesse fertilisera, espère-t-il, l’économie canadienne.
    Quant à la puissance britannique, inattaquable en raison de la Marine royale, elle protège le Canada contre les dommages, à tout le moins ceux qui viennent d’outre-mer. il y a bien les états-Unis, mais il vaut mieux traiter avec ces derniers dans le cadre d’un puissant empire que comme un petit pays périphérique blotti le long de la frontière septentrionale de la grande république.
    L’amour de l’angleterre ne se traduit pas nécessairement en amour des anglais, particulièrement ceux du Canada. Laurier est très au fait des divisions sectaires que connaît le pays, ainsi que des animosités nationales.
    tout en espérant les transcender, il demeure réaliste et choisit de les éviter dans la mesure du possible. dans certaines régions du pays, et aux yeux des ultra-protestants, étant Français et catholique, il demeurera toujours suspect (il est certes Français mais on peut douter qu’il soit un catholique convaincu, par opposition à pratiquant). Chez lui au Québec, il apparaît suspect aux yeux des catholiques conservateurs et des nationalistes, qui estiment qu’accommoder les anglais et frayer avec les protestants constitue un premier pas sur le chemin de l’enfer.
    Laurier ne change pas grand-chose aux institutions canadiennes qu’il trouve en place. son Canada n’est pas tant un pays insulaire qu’une colonie isolée. et s’il utilise le langage de

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