Une histoire du Canada
qui est aujourd’hui le lac Champlain, algonquins et Hurons l’emportent au terme d’une brève bataille au cours de laquelle Champlain utilise une arme à feu, sa curieuse arquebuse, pour intimider l’ennemi. il semble que cela fonctionne.
après avoir effectué un voyage en France à l’hiver 1609-1610 pour faire rapport au roi Henri iv et son supérieur, de Monts, Champlain revient faire une nouvelle expédition et livrer une nouvelle bataille, au cours de laquelle il est blessé par les iroquois. il rentre à nouveau en France pour y passer l’hiver et, cette fois, pour s’assurer du soutien économique et politique qui garantira l’avenir de sa petite colonie. il y parvient et gagne à sa cause toute une série de commanditaires nobles et politiquement influents qui peuvent intercéder en sa faveur devant le nouveau roi, Louis Xiii. Fait tout aussi important, en 1613, il publie le récit de ses expéditions de 1604
à 1612, ses Voyages , qui assoient sa réputation d’explorateur héroïque et contribuent à consolider le sort de sa colonie émanant de la France.
Champlain poursuit ses explorations de l’intérieur des terres pendant les années qui suivent, établissant la carte de la rivière des Outaouais et d’une bonne partie du bassin des Grands Lacs. il survit aussi aux caprices de la politique française. Lorsqu’un commanditaire baisse dans l’estime royale, un autre y grimpe ; mais Champlain demeure le « lieutenant » responsable de la colonie du Québec, ou de la nouvelle-France (l’expression « nouvelle-France » remonte à 1529 ; c’est le nom qu’un cartographe a donné au territoire découvert et revendiqué au nom du roi de France).
À bien des égards, la nouvelle-France bénéficie de la chance. nul doute que son emplacement dans le nord glacial est favorable au scorbut, mais le rude hiver préserve ses habitants des autres maladies, comme la fièvre jaune1. Bien que le nombre de colons demeure restreint, la colonie bénéficie du tampon constitué par ses alliés indigènes et échappe aux guerres autochtones dévastatrices qui anéantiront presque la colonie anglaise de virginie.
La politique européenne représente cependant une menace constante. Champlain fait preuve d’une grande habileté dans la gestion de sa colonie face aux périls de la cour du roi. il s’attire les faveurs du 2•Terreàcoloniser
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ministre en chef du roi, le cardinal de richelieu, qui met sur pied, en 1627, la Compagnie des Cent associés, afin d’assurer la gestion et, surtout, le financement de la nouvelle-France. Champlain devient le représentant personnel du cardinal, fait qui ne garantit pas sa sauvegarde ni celle de sa colonie quand un flotte anglaise hostile remonte le saint-Laurent en 1629
(l’angleterre et la France sont en guerre depuis 1627). emmené en captivité en angleterre, Champlain ne revient à Québec qu’en 1633. en réalité, la paix a été signée avant la prise de Québec par les anglais, mais personne sur place ne pouvait le savoir. trouvant la traite des fourrures rentable, les anglais restent autant qu’ils le peuvent.
Cet intermède anglais ne fait pas progresser la situation de la colonie, mais il n’en sonne pas non plus le glas et Champlain est en mesure de rebâtir ce que les anglais ont détruit. il ne vit cependant pas assez longtemps pour assister à l’essor de sa colonie puisqu’il meurt à Québec en décembre 1635.
Les réalisations de Champlain n’en sont pas moins considérables.
suivant les traces de Cartier, il a obtenu au nom de la France le fleuve saint-Laurent, seule voie navigable jusqu’au cœur du continent, depuis les rochers de Gaspésie jusqu’aux Prairies, au-delà des Grands Lacs. La place occupée par Champlain à titre de géographe et d’explorateur est incontestable ; fait tout aussi important, c’était un agent publicitaire notoire et un promoteur infatigable, qualités qui l’ont aidé à éviter les écueils de la cour de France et à traiter avec une série de commanditaires riches et puissants. Comme il l’a prédit, sa colonie convient à l’agriculture ; au moment de sa mort, il y a de faibles tentatives d’exploitations agricoles, cultivant les espèces végétales qui peuvent s’adapter à la rigueur du climat.
néanmoins, la colonie de Champlain demeure extrêmement dépendante des apports réguliers d’argent et de faveurs du gouvernement français. Ce gouvernement qui, au cours des années 1620
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