Une histoire du Canada
1920 ont démontré que les provinces doivent composer avec des revenus insuffisants. La solution qu’elles trouvent consiste à emprunter et à compter sur une économie en expansion pour maintenir leurs finances à flot. au moment où l’économie se resserre, les provinces sont incapables de faire face à la situation, pas très longtemps à tout le moins. Leurs problèmes sont encore aggravés par ceux du palier inférieur de l’administration publique, les municipalités. Les villes, petites et grandes, relèvent exclusivement de la compétence provinciale et les provinces leur permettent d’augmenter leurs revenus par l’entremise d’impôts fonciers, d’impôts sur le revenu et de taxes de vente. au cours des années 1920, les municipalités découvrent que l’émission d’obligations représente une excellente façon de rapporter l’argent nécessaire à la construction d’écoles, de routes et d’égouts et, à l’instar des provinces, elles comptent sur le maintien de la prospérité.
Les municipalités ne sont pas les seules institutions à prendre des risques. dans les Prairies, les agriculteurs, remplis d’amertume face aux luttes avec les chemins de fer et les négociants privés en céréales, ont constitué des regroupements pour assurer la gestion de leurs récoltes, qui se chiffrent en millions de boisseaux. Pendant la Grande Guerre, le 12•mondeshosTiles,1930–1945
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gouvernement fédéral a mis sur pied un regroupement obligatoire, le Bureau des superviseurs de grains, qui deviendra la Commission canadienne du blé, mais il a mis un terme à son expérience à la fin des hostilités. Les regroupements ultérieurs, un par province, sont volontaires mais ils contrôlent ensemble quelque 60 pour cent de la récolte canadienne de blé3.
Ces regroupements s’efforcent d’assurer régularité et prévisibilité dans le métier rempli d’incertitude des agriculteurs : ils avancent de l’argent à leurs agriculteurs membres en fonction de la taille de leur récolte puis vendent les céréales pour le récupérer, réglant les comptes plus tard, une fois les céréales vendues et l’argent reçu. tout le mécanisme repose sur les prix sur le marché international qui, pendant la plus grande partie des années 1920, sont en hausse.
en 1929, les prix baissent et les regroupements sont pris de court.
déconcertés, les trois gouvernements provinciaux les renflouent mais, en 1930, la situation ne s’améliore pas. au faible niveau des prix vient maintenant s’ajouter un début de sécheresse dans le triangle de Palliser.
C’est au tour d’Ottawa d’intervenir à raison d’un montant fixé par un r.B.
Bennett de pierre (fait cocasse, il est député de Calgary). Bennett verse sa part mais en échange de la reprise des opérations de commercialisation du blé. Les regroupements sont relégués au rôle de collecteurs de céréales dans les silos locaux qui parsèment les Prairies pour les entasser dans de plus grands silos dans les ports d’expéditions céréalières du Canada4. La chute des prix se poursuit et la sécheresse empire. au milieu des années 1930, la terre s’envole alors que des vents chauds balaient les Prairies.
des observateurs situés aussi loin que Winnipeg, sur la frange orientale des Prairies, voient le ciel s’assombrir à l’ouest. Certains agriculteurs abandonnent leur exploitation et prennent la fuite avec leur famille. Ceux qui restent sont en proie à une pauvreté et des pertes sans précédentes dans les parties colonisées du Canada depuis le siècle antérieur. (La pauvreté et la privation ne sont cependant que par trop fréquentes dans les réserves indiennes du Canada.)
La catastrophe qui accable les regroupements ne tarde pas à rattraper les gouvernements des provinces des Prairies. déjà confrontés à de lourdes dettes, les voilà forcés à présent de continuer à emprunter pour offrir de l’assistance sociale aux chômeurs et aux indigents. Les finances municipales, elles aussi, s’évaporent. Les contribuables ne sont pas en mesure de payer leurs taxes et, bien que les municipalités pourraient saisir leurs biens, les défauts de paiement sont si fréquents que les ventes de biens fonciers ne pourraient permettre aux municipalités de couvrir leurs dettes.
L’inquiétude gagne les banques.
elle gagne même les banques de l’Ontario, province diversifiée et relativement plus prospère, où les agriculteurs connaissent
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