Une histoire du Canada
d’indépendance des nations indiennes d’amérique du nord. elles marquent la montée de la Grande-Bretagne et le déclin relatif de la capacité française à subvenir aux besoins d’un empire outre-mer. elles entraînent aussi la division de l’amérique du nord d’une manière inattendue, les colons français du Canada faisant partie d’un empire britannique et la plupart des colonies britanniques cessant d’être britanniques pour devenir américaines.
C’est le gouvernement français qui prépare le terrain. incapables de rivaliser avec le flot d’immigrants vers les colonies anglaises, les Français décident de construire des postes à l’intérieur des terres. La paix de 1701
conclue entre les amérindiens et les Français permet à ces derniers de se déplacer librement le long des Grands Lacs. afin de renforcer leur position, le ministre français de la Marine, responsable des colonies, fait bâtir un fort à detroit. Certes, ce fort servira à pratiquer la traite des fourrures, mais d’abord et avant tout à aider les alliés amérindiens des Français à faire obstacle à l’expansion anglaise.
detroit fait partie d’une stratégie visant l’établissement de liens entre Québec et la Louisiane, récemment fondée en bordure du golfe du Mexique. relié en théorie par le réseau du fleuve Mississippi et des Grands Lacs/du saint-Laurent, l’empire français en amérique du nord s’étend désormais, à tout le moins sur les cartes, depuis terre-neuve jusqu’au golfe du Mexique et aux tropiques, jusqu’aux colonies insulaires françaises dans les antilles.
selon la conception des cartographes, la nouvelle-France est vaste, faisant paraître petites les colonies anglaises de la côte et éclipsant les îles françaises comme la Guadeloupe, la Martinique et saint-domingue, devenue Haïti de nos jours. Plus de la moitié, en fait beaucoup plus de la moitié, de la population de l’amérique française est améridienne. La France n’exerce un contrôle direct que sur une toute petite partie de l’amérique du nord, de la nouvelle-France, de l’acadie et de la Louisiane. elle ne contrôle en réalité que la vallée du saint-Laurent, quelques établissements en acadie et de rares postes à l’intérieur des terres. superficie et pouvoir se neutralisent.
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UnE HIsTOIRE dU Canada
sur le plan économique, le poids de la nouvelle-France est minuscule par rapport à celui de n’importe quelle île française, la Guadeloupe, la Martinique ou saint-domingue, avec leurs lucratives exportations de sucre. en dépit de tous les efforts des intendants et des encouragements du gouvernement en France, c’est de la traite des fourrures exclusivement que proviennent les profits en nouvelle-France. et encore ces profits présentent-ils d’énormes fluctuations. au cours des années 1690, le gouvernement fait même une brève tentative pour fermer l’Ouest aux marchands en raison de l’engorgement du marché français des fourrures.
Les forts de l’intérieur des terres ne constituent pas de simples petits avant-postes français. L’idée est de louer les fabriques de fourrures de l’Ouest à des entrepreneurs, qui en assumeraient les coûts et en empocheraient les profits. Cela devrait signifier que c’est le marché qui supporte le coût du gouvernement, en réalité le coût d’affirmer la souveraineté française dans les territoires reculés. Malheureusement, il est rare que théorie et réalité se fondent. en période de maigres profits, ou de profits inexistants, les postes sont remis au gouvernement et l’entrepreneur devient un fonctionnaire jusqu’à ce que les perspectives du capricieux marché parisien de la fourrure s’améliorent. Car le gouvernement tient à garder ses postes, et l’empire qu’ils représentent. À tout prix.
LA GUERRE DE SUccESSiOn D’ESpAGnE
La guerre de 1689 à 1697 entre la France et l’angleterre ne résout rien. en amérique du nord, elle ne change pas grand-chose ; on pourrait même affirmer que les Français conservent leur avantage en s’emparant des forts de la baie d’Hudson et en attaquant la pêcherie anglaise à terre-neuve.
sur la côte ouest de l’atlantique, on ne rencontre ni grandes armées, ni soldats de métier et encore moins de puissantes flottes : c’est en europe, et pour des raisons propres à ce continent, que se décide l’issue des combats.
Louis Xiv ne renonce pas à ses rêves d’empire. La
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