Une histoire du Canada
l’est, l’île du Cap-Breton. il existe, lorsqu’on y regarde de près, un grand port sur la côte est et le site, appelé Louisbourg en l’honneur du roi de France, Louis Xiv, devient une forteresse française.
Louisbourg a été conçue comme une base navale et un port commercial, un havre pour les vaisseaux français poursuivis par les Britanniques en temps de guerre. Complexes et coûteuses, constituées de 68
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fortifications et de nombreuses pièces d’artillerie, ses défenses, soi-disant les meilleures que la science militaire puisse concevoir, protègent le port (les Français sont les meilleurs concepteurs de forteresses au monde, grâce à l’ingénieur militaire et maréchal de France vauban, au service de Louis Xiv). Le gouvernement français ne cesse d’expédier de l’argent et des approvisionnements pour construire Louisbourg, mais le résultat s’avère moins concluant que cela n’en a l’air. Les agents gouvernementaux se plaignent de la piètre qualité de l’exécution et des matériaux de construction. il y a également une faille dans ces défenses car leurs éléments tournés vers l’intérieur des terres n’ont été rajoutés qu’après-coup, pendant les années 1730 et le début des années 1740. L’entretien du fort pose un autre problème et le moral de la garnison n’est pas fameux. inquiets, les responsables de la forteresse signalent que la défense de Louisbourg sera une mission impossible sans renforts importants, surtout des navires.
Mais quand la guerre finit par éclater en 1744, guerre qu’on appellera en amérique la guerre du roi George en l’honneur du monarque britannique George ii, il n’y a pas de navires à Louisbourg et on ne peut non plus en dépêcher (c’est en réalité une guerre continentale européenne entre l’autriche et la Prusse avec pour enjeu, le droit d’une femme, Marie thérèse, d’hériter du trône d’autriche ou, à tout le moins, des parties des possessions que la Prusse convoite, d’où son appellation en europe de guerre de succession d’autriche). La France est occupée ailleurs, surtout sur le continent, et, comparativement à la flotte britannique, la flotte française est faible. Les Britanniques règnent donc sur le secteur occidental de l’atlantique et, avec un léger retard, confinent la flotte française dans ses ports sur l’atlantique et en Méditerranée. autre mauvais présage, une mutinerie éclate à Louisbourg et il faut des concessions méprisables des autorités du fort pour amener les troupes à reprendre leur service.
Le déclenchement de la guerre suscite aussi des préoccupations au sein des colonies britanniques. Quarante ans plus tôt, le Massachusetts a beaucoup souffert des incursions françaises et amérindiennes et les années de paix n’ont fait que renforcer l’attachement des nations amérindiennes se trouvant entre les frontières françaises et britanniques à l’égard des Français. La situation de l’acadie est floue. Les frontières sont imprécises, les amérindiens (surtout des Mi’kmaq) peu avenants et les Français offrent, avec Louisbourg toute proche, un point d’intérêt. il est vrai que les habitants – près de dix mille dans les années 1740, sont demeurés sur place après la cession de la colonie à la Grande-Bretagne et son changement de nom en nouvelle-écosse, mais il s’agit d’un piètre avantage puisque ces habitants sont, au mieux, neutres et pourraient fort bien se réjouir du retour des Français. enfin, le Massachusetts, une colonie de pêcheurs, est très intéressé par les zones de pêche au large de la nouvelle-écosse.
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toute mesure visant à assurer la pêche, éliminer les rivaux et resserrer les liens entre la nouvelle-écosse et le Massachusetts sera certainement bien accueillie dans cette colonie.
aidé de la Marine royale britannique, le gouverneur shirley du Massachusetts organise une attaque maritime et terrestre contre Louisbourg au printemps 1745. son expédition démontre la véracité des sombres rapports concernant les défenses de Louisbourg. Le seul espoir des défenseurs de la forteresse réside dans l’apparition de la marine française, mais celle-ci ne vient pas. Le maréchal vauban a non seulement prescrit la manière de défendre le fort mais aussi celle de le prendre. suivant la méthode prescrite de faire converger tranchées et bombardements
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