Une histoire du Canada
d’artillerie, les forces anglo-américaines obligent la garnison française à se rendre.
Le siège de Louisbourg est la seule grande bataille qui soit livrée en amérique du nord pendant une guerre qui dure de 1744 à 1748. C’est en europe, où les Français ont l’avantage, et en inde, où la chance sourit d’avantage aux Français qu’en amérique, avec la prise de l’important fort commercial britannique de Madras, que se déroulent les principaux événements de la guerre. La prédominance britannique sur les mers constitue un élément crucial, mais les Britanniques bénéficient en outre des événements météorologiques lorsqu’une partie de la flotte française affronte des tempêtes et fait naufrage alors qu’elle est en route pour reprendre Louisbourg en 1746.
À l’intérieur des terres du continent, les alliances entre les Français et les nations amérindiennes tiennent. Les iroquois conservent leur neutralité et les peuples de la vallée de l’Ohio demeurent généralement du côté des Français tout en commerçant avec les Britanniques. L’alliance française vacille sans toutefois crouler sous la pression de la rareté des marchandises, qui sont retenues à la source de l’autre côté de l’atlantique en raison de la maîtrise exercée sur les mers par les Britanniques.
Le traité d’aix-la-Chapelle met fin à la guerre en 1748. Les Britanniques échangent Louisbourg contre Madras, soulevant la colère des habitants de la nouvelle-angleterre, qui s’en sont emparés. Le rôle de Louisbourg n’est cependant pas sans importance puisque c’est la possession de la forteresse par les Britanniques qui amène les Français à accepter l’impasse au terme de la guerre, chaque camp revenant au statu quo qui prévalait avant la guerre15. Ce traité ne fixe toutefois pas avec précision les frontières de la nouvelle-écosse, pas plus bien sûr qu’il n’élimine l’attrait de Louisbourg pour les Français acadiens.
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UnE HIsTOIRE dU Canada
ni GUERRE ni pAix
La guerre du roi George démontre clairement aux autorités françaises à Québec que leur empire américain se trouve en équilibre précaire entre la marine britannique et les alliances incertaines qui lient les amérindiens vivant le long de la frontière française au roi Louis plutôt qu’au roi George. La nouvelle-France dépend de l’argent, des fournitures et des troupes que lui envoie la mère patrie et les obtenir en traversant l’océan en temps de guerre exige une marine plus puissante ainsi que le maintien des défenses françaises qui relient par un lien ténu Louisbourg à La nouvelle-Orléans. en ce qui a trait aux alliances, elles reposent sur des marchandises de troc bon marché et en abondance – autrement dit, des subventions en permanence – pour pouvoir livrer concurrence aux marchands britanniques de virginie et de Pennsylvanie. Ce sont là pour l’essentiel des questions financières – mal vues par un gouvernement français peu enclin à envisager de nouvelles et lourdes dépenses. de sorte que les Français décident ce que font la plupart des gouvernements dans des circonstances semblables : ils prennent des demi-mesures mêlées d’espoir et cachées derrière une façade de détermination. Celle-ci prend la forme d’une promotion dynamique des intérêts français à l’encontre des marchands britanniques dans le pays de l’Ohio et de la faible colonisation britannique en nouvelle-écosse. Les troupes ne tardent pas à se mettre en marche, à construire des forts et à mettre en vigueur les revendications territoriales françaises.
C’est un jeu dangereux. Le chef du gouvernement du roi George, le duc de newcastle, ne tarde pas à se plaindre « de la sauvagerie des gouverneurs français en amérique ». Les Français ne peuvent justifier leurs politiques agressives ; quant aux Britanniques, comme le dira newcastle,
« nous ne pouvons les tolérer ».
Ce sont les habitants acadiens de la nouvelle-écosse qui sont les premiers à subir les conséquences de l’agressivité de la politique française. au cours des années 1720 et 1730, alors que la paix perdurait indéfiniment, les colons français avaient vécu en paix avec la minuscule garnison britannique de Port royal. Les Britanniques n’ont pas fait la moindre tentative pour s’établir en nouvelle-écosse et les missionnaires français ont pu garder leur emprise sur les améridiens de l’endroit, les abénaquis, les
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