Une histoire du Canada
Mi’kmaq et les Malécites. Ces nations ne sont pas non plus directement menacées par une colonisation britannique ou le prolongement direct du gouvernement britannique.
La guerre vient bouleverser la situation. Les missionnaires français sont aux avant-postes, intimidant les acadiens et encourageant les amérindiens à harceler les Britanniques. La guerre éclate dans les zones 4•lesguerrespourlaconquêTedel’amérique(1) 71
limitrophes acadiennes, bien que les Français ne parviennent pas à prendre la capitale britannique d’annapolis royal, autrefois Port royal. Les acadiens accueillent défavorablement les demandes d’aide des Français et ne les approvisionnent que sous la coercition. Mais ils ne veulent pas non plus se battre aux côtés des Britanniques et, même si c’est mieux que rien, cela irrite certaines autorités britanniques.
La paix en nouvelle-écosse ne vaut donc guère mieux qu’une trêve armée. désireux de renforcer leur pouvoir et de faire pendant à Louisbourg, les Britanniques y amènent trois mille nouveaux colons et investissent 700 000 £ dans une nouvelle base autour du splendide port naturel de Halifax, rebaptisé ainsi en l’honneur du ministre responsable britannique, le comte de Halifax. L’établissement ne prospère pas. Les Français et leurs alliés amérindiens ne cessent de harceler les colons, rendant la colonie aussi dangereuse que primitive et, très vite, sa mauvaise réputation rebute la plupart des colons en puissance. Pas tous cependant : les habitants de la nouvelle-angleterre sont attirés par une colonie maritime très semblable à la leur.
Les acadiens ont prouvé leur capacité à se tailler une existence respectable et confortable dans les marais qui entourent la baie de Fundy.
sur le plan économique à tout le moins, c’est une réalisation exemplaire. sur le plan politique, cependant, les acadiens sont vulnérables. ils se considèrent eux-mêmes comme des sujets britanniques de façon conditionnelle seulement et l’influence du roi de France parvient à leurs villages par l’entremise de ses missionnaires. au cours des années 1730 et au début des années 1740, les Britanniques n’insistent pas : les pouvoirs locaux concèdent même le fait que les acadiens ne sont pas tenus de prendre les armes pour défendre George ii, le monarque britannique. Mais les gouverneurs des années 1750
sont moins à aise avec cette notion que leurs prédécesseurs. À leurs yeux, si les acadiens ne se sentent pas des Britanniques à part entière ou de manière fiable, c’est qu’il y a autre chose ; et s’ils ne sont pas des sujets du roi de Grande-Bretagne, c’est qu’ils appartiennent au roi de France. dans un pays avec une frontière incertaine et sortant juste d’une guerre qui n’a donné aucun résultat, les acadiens représentent une tentation pour les Français et un fardeau pour les Britanniques. il n’en faudrait pas beaucoup pour que les acadiens en reviennent à leur vieille allégeance ; les Britanniques peuvent-ils courir ce risque ?
Les Français se mettent à faire appel à la force militaire pour soutenir leurs revendications territoriales. ils expédient un détachement militaire vers l’isthme de Chignectou, qui relie les provinces actuelles du nouveau-Brunswick et de la nouvelle-écosse, et bâtissent un fort à Beauséjour. Les Britanniques dépêchent eux aussi des soldats, principalement en provenance du Massachusetts, pour construire leur propre fort, Lawrence, ainsi baptisé 72
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en l’honneur du gouverneur de la nouvelle-écosse. Pendant tout le début des années 1750, les deux garnisons se lancent de noirs regards en attendant une guerre qui leur paraît inéluctable.
Les pouvoirs français déclenchent également des mouvements de troupes au pays de l’Ohio. Leurs actions mettent en évidence les différences entre les colonies britanniques, dispersées, manquant d’unité et sans desseins militaires, et la nouvelle-France, où il est facile de lever rapidement des troupes importantes pour les dépêcher sur de longues distances le long des autoroutes que constituent les voies fluviales de la colonie.
Jusqu’à la fin des années 1740, les Français peuvent compter sur la puissance des iroquois pour maintenir l’équilibre le long de la frontière et servir d’écran entre les colonies britanniques et les territoires revendiqués –
mais non occupés – par la France. Les iroquois
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