Une histoire du Canada
grandes plaines. en ce qui a trait aux êtres humains, les habitants autochtones du nord (britannique) de l’amérique du nord sont plus nombreux que les européens et leurs descendants.
Le territoire dans le nord-Ouest demeure inconnu ; les cartes de cette région sont vierges. La question de savoir à qui appartient le continent a été réglée en théorie, mais non sur le plan pratique. Les Grands Lacs, le saint-Laurent et les hautes terres divisant les bassins versants constituent les frontières entre les souverainetés britannique et américaine, mais personne ne sait exactement où se trouvent les hautes terres et les Britanniques continuent d’occuper des forts au sud des Grands Lacs. Leur occupation de territoires américains donne à penser que le traité de 1783 était inachevé ou à tout le moins incomplet et que la paix pourrait se traduire par une accalmie de quelques années avant la prochaine guerre.
À l’ouest, au-delà du Mississippi, la Louisiane appartient à l’espagne, qui n’a pas la puissance nécessaire pour en occuper la plus grande partie.
ses habitants blancs sont des Français, laissés derrière dans des forts le long du grand fleuve quand Louis Xiv s’est retiré. des marchands de fourrures parcourent les grandes plaines mais aucun explorateur blanc n’a jamais franchi les montagnes rocheuses. s’ils l’avaient fait, les européens auraient découvert sur la côte des villages autochtones prospères à l’abri de l’occupation européenne, comme le capitaine James Cook, un explorateur britannique, le fait au nootka sound, dans l’île de vancouver, en 1778. au sud, on trouve de rares missions espagnoles ainsi que de petites garnisons en Californie ; au nord, il y a quelques postes de traite russes en alaska.
au cours de la trentaine d’années qui suit 1783, la situation change du tout au tout. Les explorateurs remplissent les blancs sur les cartes alors que les commerçants en fourrures de Montréal suivent les grandes rivières et les grands fleuves vers l’ouest jusqu’à l’océan arctique en 1789, puis au Pacifique en 1793. Partis de Californie, les espagnols remontent la côte vers le nord jusqu’au nootka sound avant de battre en retraite sous la pression des Britanniques. en 1803, les états-Unis doublent la superficie de leur territoire en rachetant la Louisiane aux Français, qui l’ont brièvement récupérée des mains espagnoles. L’équilibre politique sur le continent s’en trouve modifié, mais l’équilibre démographique encore bien davantage. entre 1790 et 1810, 105
106
UnE HIsTOIRE dU Canada
la population américaine double ; de ce pays de 7,2 millions d’habitants, 300 000 vivent au-delà des appalaches dans les nouveaux territoires situés au sud des Grands Lacs. On observe une migration à l’échelle continentale vers l’ouest en franchissant les appalaches et remontant le saint-Laurent jusqu’à l’extrémité occidentale des Grands Lacs.
La population de l’amérique du nord britannique rocheuse, marécageuse et glacée est beaucoup plus modeste et les chiffres sont moins fiables. au meilleur de notre connaissance, il y a environ 166 000 habitants blancs sur les terres correspondant aux provinces de la nouvelle-écosse et du Québec en 1784 et 392 000 en 18061.
Pour voyager, il faut des chalands et des barges pour suivre les cours d’eau navigables et faire des portages autour des nombreux rapides ou sur les hautes terres séparant la région de l’atlantique de l’intérieur du continent. Certains nouveaux-venus répondent à des stimulations politiques, le meilleur exemple étant celui de la migration des américains loyaux, les Loyalistes, vers le territoire britannique au nord de la nouvelle frontière. Mais lorsque les américains déloyaux, venus plus tard du sud et de l’est, atteignent les limites du territoire britannique, rien ne peut les arrêter et les attraits sont nombreux, car les habitants sont dispersés et les terres disponibles sont abondantes. La logique de la colonisation dicte le développement, qui requiert lui-même une population. Une population, il y en a bien une, mais elle provient des états-Unis.
Une fois les colons sur place, la colonisation se révèle pénible. Les fermes pourraient fournir des moyens de subsistance mais il faut commencer par défricher la terre, abattre des arbres, arracher et brûler des souches au rythme de quelques hectares par année. il faut du temps, de
Weitere Kostenlose Bücher