Une histoire du Canada
Les colonies nord-américaines produisent ce dont les Britanniques ont le plus besoin : des céréales et du bois. Les Britanniques revoient leurs tarifs et leurs subventions de façon à décourager les importations européennes peu fiables et à encourager la production coloniale, avec bonheur. ils troquent leurs subventions contre la sécurité et assurent ainsi leurs approvisionnements ; pour les colonies, voilà un nouveau marché à la fois lucratif et prévisible. Le système mercantile qui relie le commerce des colonies à la Grande-Bretagne connaît désormais un été des indiens et les colonies bénéficient d’une prospérité sans précédent.
Les colonies exportent aussi vers l’empire. elles expédient de la nourriture, du blé et du poisson vers les antilles, un marché auparavant desservi par les américains. Ceux-ci s’y opposent et finissent par avoir gain de cause, mais, pendant plus de quarante ans, cela restera une pomme de discorde entre la Grande-Bretagne et les états-Unis, et, en passant, une source de profit pour les colonies de l’amérique du nord britannique.
Le Bas-Canada et le nouveau-Brunswick sont les deux colonies les plus touchées par les changements résultant de la guerre. Leurs terres sont couvertes de forêts, surtout de pins blancs, de grands arbres bien droits, idéaux pour construire des pièces de mâture, et toutes deux ont de grands cours d’eau s’avançant profondément dans l’arrière-pays. La technologie du commerce du bois est simple : à l’aide de grandes haches, les bûcherons abattent les arbres avant de les « équarrir » en rectangles. Le bois carré qui en résulte est ensuite poussé dans les rivières toute proches, puis flotté sous forme de madriers ou de trains de bois jusqu’au port le plus proche, généralement saint-Jean ou Québec, chargés sur des navires de transport de bois – leur forme carrée facilite leur empilement et ils ne rouleront pas au cours des tempêtes sur l’atlantique, à destination de la Grande-Bretagne.
aux endroits où il n’y a pas de grandes rivières mais seulement des forêts, comme en nouvelle-écosse, ce secteur industriel dépérit. Une fois les forêts accessibles par mer abattues, le secteur disparaît.
Le commerce du bois attire des immigrants et modifie les schémas de colonisation. en 1800, Philemon Wright remonte la rivière des Outaouais à la tête d’un groupe de colons du Massachusetts ; en 1806, il lance des trains de bois au fil de la rivière jusqu’au saint-Laurent puis jusqu’à Québec.
Wright crée sa propre entreprise mais il arrive que les marchands de bois soient des employés de sociétés commerciales britanniques ; c’est le cas de William Price, qui arrive à Québec en 1809. sa compagnie, Price Brothers, 6•lesguerrespourlaconquêTedel’amérique(3) 121
règnera sur le commerce de bois et de bois d’œuvre dans la région de Québec pendant tout le dix-neuvième et une bonne partie du vingtième siècle.
Les quantités de bois exportées sont impressionnantes : neuf mille chargements au début des années 1800, vingt-sept mille en 1807 et quatre-vingt-dix mille en 1809. dans le Bas-Canada, l’agriculture et le bois remplacent la fourrure comme exportations principales de la colonie : si la fourrure continue d’assurer la fortune des commerçants de Montréal, seule un proportion restreinte et en déclin de la population de la province travaille dans ce secteur.
La prospérité attire les immigrants et stimule la création de familles : la population du nouveau-Brunswick passe de trente-cinq mille âmes environ en 1806 à soixante-quatorze mille en 1824. La croissance démographique dans le Bas-Canada est véritablement remarquable : de 165 000 personnes en 1790, la population passe à 300 000 en 1815 – c’est quatre fois plus qu’en 1760. au nouveau-Brunswick, les établissements s’étendent le long des rivières, tandis que, dans le Bas-Canada, la population progresse vers le nord et vers le sud, en s’éloignant du saint-Laurent vers les limites du Bouclier canadien et les appalaches. Le nombre d’anglophones grimpe lui aussi, jusqu’à 15 pour cent environ de la population de la province en 1815
grâce, entre autres, à l’immigration du vermont vers ce qui deviendra les Cantons de l’est, au sud et à l’est de Montréal. La population des villes du Bas-Canada augmente elle aussi, moins rapidement cependant que celle des campagnes.
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