Une histoire du Canada
d’argument, la France est un meilleur exemple que les états-Unis et les conspirations « jacobines » représentent une meilleure cible que les complots avec le gouvernement américain. Le problème des 126
UnE HIsTOIRE dU Canada
conspirations jacobines est qu’après 1797, il n’y en a plus, si ce n’est dans les esprits fiévreux des pouvoirs publics.
il y a cependant une vie politique active dans la province, bien évidemment centrée sur l’argent – comment en obtenir et le dépenser. Les commerçants montréalais sont en faveur d’un impôt foncier, tandis que, pour la majorité rurale, c’est tout sauf ça. Les conseils nommés diffèrent des assemblées élues et les anglophones des francophones. On assiste à l’apparition d’un parti local, à l’organisation assez sommaire, le Parti canadien qui, en 1810, se fondant sur les meilleurs principes britanniques, réclame un gouvernement responsable devant l’assemblée législative et sujet au consentement, et aux votes, de la majorité élue.
Cela entraîne un conflit entre le Parti canadien et le gouvernement et le gouverneur nommés à leur poste. À l’époque, le gouverneur est un général, sir James Craig, qui est en fonction de 1807 à 1811. Craig interprète librement la différence d’opinion comme un manque de loyauté, emprisonne le chef du Parti canadien et dissout l’assemblée, espérant ainsi obtenir de meilleurs résultats au terme de nouvelles élections. Ce n’est pas le cas et le tumulte qui s’ensuit amène Londres à remplacer Craig par un général moins belliqueux, sir George Prevost, antérieurement lieutenant-gouverneur de la nouvelle-écosse.
Prevost réussit là où Craig a échoué, politiquement parlant. C’est ce dont Londres avait besoin car les relations avec les états-Unis se détériorent et, en 1811, on s’attend à une guerre.
LA GUERRE DE 1812
La guerre éclate en amérique du nord longtemps avant qu’elle ne soit déclarée. dans un certain sens, elle n’a jamais cessé puisque l’occupation, par les américains, des terres situées au-delà des appalaches, le territoire concédé dans le traité de 1783, que le traité d’amitié, de commerce et de navigation vient confirmer en 1794, entre en conflit avec les aspirations des habitants actuels, les nations amérindiennes de la vallée de l’Ohio. Mettant en œuvre une combinaison de force militaire et de diplomatie astucieuse, le gouvernement des états-Unis a progressé, une bande à la fois, sur le territoire, forçant ainsi les amérindiens à retraiter de plus en plus. Les nations amérindiennes sont épuisées par la misère et la maladie ainsi que par la guerre : elles sont incapables de résister à l’afflux des américains, devenus nettement supérieurs en nombre en 1800.
Le gouvernement américain ne cherche pas le conflit : il met tout en œuvre pour placer ses relations avec les nations amérindiennes sur une assise 6•lesguerrespourlaconquêTedel’amérique(3) 127
solide et sûre, concluant le premier d’une longue série de traités (il finira par y en avoir plus de quatre cents) avec les autochtones. Les américains s’efforcent, avec une certaine réussite, de rompre les liens économiques entre les amérindiens, d’une part, et les Britanniques et Montréal, d’autre part, mais ce processus est lent et n’a pas encore atteint son terme en 1812.
Les iroquois n’exercent plus leur domination sur les autres nations amérindiennes. La guerre de l’indépendance américaine a mis un terme à leur puissance militaire et entraîné une fragmentation permanente de la confédération iroquoise. de nombreux iroquois ont suivi les Britanniques vers le nord, vers le Haut-Canada, et ceux qui restent sont disséminés dans de petites réserves dans le nord de l’état de new York, entourées d’immigrants américains. On observe cependant un renouveau spirituel parmi les iroquois, semblable à certains égards au renouveau de la foi religieuse chez leurs voisins. Leur chef, Handsome Lake, prêche une religion mettant l’accent sur les traditions iroquoises tout en cherchant à s’adapter à certaines façons de faire américaines à tout le moins – suffisamment pour garantir la survie des iroquois dans ce qui serait, sinon, un environnement étranger et destructeur23.
deux frères, tenskwatawa et tecumseh, qui appartiennent à une autre nation, les shawnis, reprennent le thème du renouveau autochtone mais, alors que
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