Une histoire du Canada
revêt encore plus d’importance. si certains engagements avec des navires américains se soldent par des défaites, les Britanniques disposent de beaucoup plus de navires que les américains et parviennent à bloquer les ports de Boston et de new York. Ultime humiliation, la Marine royale établit une base dans la baie de Chesapeake et recueille des « contributions » dans les municipalités en bordure de la baie en échange de l’assurance qu’elles ne seront pas rasées par des incendies.
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UnE HIsTOIRE dU Canada
Les combats dans le Haut-Canada sont marqués par des ravages du même genre. après le retrait de l’armée britannique de detroit et niagara en 1813, il ne reste plus aucune autorité ni force pour assurer le maintien de l’ordre le long de la rive nord du lac érié. Les guérilleros, en partie des rares habitants du Haut-Canada qui ont tenté leur chance dans le camp des états-Unis, y rôdent à volonté, pillant leurs anciens voisins et incendiant leurs fermes, leurs moulins et leurs habitations. Même la présence de soldats de métier ne constitue pas une garantie : quand les américains mettent le feu à Queenston, par une nuit glaciale de décembre 1813, laissant ses habitants se débrouiller seuls, les Britanniques et les Canadiens répliquent en incendiant Buffalo et Blast rock. La nature de la guerre au Haut-Canada ne fait que confirmer les habitants autrefois américains dans leur hostilité envers l’armée américaine. en autorisant la guérilla, les commandants américains renoncent à toute chance d’atteindre leur ancien objectif dans cette guerre : la prise de possession du Canada.
Pendant ce temps, le gouvernement américain éprouve des difficultés dans le recrutement, la formation et le maintien sur le terrain d’une force d’une quelconque envergure. importants sur le plan stratégique, les combats livrés le long de la frontière du Haut-Canada ne se comparent en rien sur le plan tactique avec les grands déploiements de troupes qui manœuvrent en europe à la même époque. On oublie souvent qu’en 1813, les Britanniques sont parvenus à rassembler une armée très considérable dans le Bas et le Haut-Canada, quinze mille hommes en tout, ce qui soutient très bien la comparaison avec les forces que les américains peuvent déployer le long de la frontière canadienne. (Ces quinze mille hommes sont toutefois dispersés sur treize cents kilomètres et ne sont jamais rassemblés en une seule force.)
tout cela a pour conséquence d’épuiser l’enthousiasme des américains envers la guerre. À la fin de l’année 1813, il est aussi évident que les chances de victoire américaine diminuent. napoléon est repoussé dans son invasion de la russie et perd le plus gros de ses troupes en cours de route. Les pays d’europe centrale renversent le pouvoir français et unissent leurs forces pour pourchasser l’armée française et son empereur d’un côté à l’autre de l’allemagne. Les Britanniques envahissent la France depuis le sud, où Wellington, devenu duc, a délivré l’espagne des Français et rétabli la famille royale espagnole. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’on puisse redéployer l’armée britannique victorieuse sous le commandement de son grand général de l’autre côté de l’atlantique si la guerre américaine se poursuit.
La guerre en europe prend fin avec l’abdication de napoléon Bonaparte en avril 1814. Le gouvernement britannique informe le gouverneur Prescot que des renforts ont bel et bien été envoyés, quinze mille hommes, 6•lesguerrespourlaconquêTedel’amérique(3) 133
parmi les meilleurs éléments de Wellington et sous commandement approprié.
Les espoirs sont grands de voir le conflit connaître une issue favorable, y compris la conservation des forts niagara et detroit, le Michigan devant alors devenir territoire amérindien. Personne n’envisage de conquérir les états-Unis ni de renverser l’issue de la révolution américaine : Wellington entretient des doutes quant à la faisabilité d’une guerre à grande échelle en suivant le modèle européen en amérique du nord et, en tout état de cause, répond catégoriquement au gouvernement qu’il n’a nullement l’intention d’aller en amérique.
Mais l’année 1814 donne lieu à une nouvelle impasse. Les combats violents – surtout les batailles de Chippewa et de Lundy’s Lane – se poursuivent le long de la frontière à niagara,
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