Une histoire du Canada
alors que les Britanniques améliorent progressivement leur position sans qu’il se produise cependant de retournement du sort d’un côté ou de l’autre. sur la côte est, sherbrooke occupe l’est du Maine et détourne les revenus des impôts et des droits vers Halifax, où ils servent en fin de compte à doter l’Université dalhousie.
Pesant le risque de recrudescence de la guerre en europe et la possibilité de profiter de sa nouvelle prépondérance de force en amérique du nord pour tâcher d’obtenir une victoire militaire décisive et une paix avantageuse, le gouvernement britannique hésite. soutenant qu’une victoire décisive militaire est improbable et qu’on a déjà suffisamment fait pour prouver que le Canada est défendable, Wellington conseille de faire la paix. « À mon avis, écrit-il, la guerre a été une très grande réussite, tout à l’honneur des forces britanniques. » il est vrai que les américains détiennent toujours une partie du territoire du Haut-Canada, mais on peut l’échanger contre des territoires américains – l’est du Maine et fort niagara – aux mains de Britanniques28.
Les dés en sont jetés. des représentants britanniques et américains se réunissent à Gand en Belgique, une ville neutre, et le jour de noël 1814, signent un traité de paix qui a pour effet de revenir au statu quo par rapport à avant la guerre, avec les frontières et autres dispositions exactement semblables à ce qu’elles étaient avant la déclaration de guerre en juin 1812.
La paix de 1814 met un terme aux années d’hostilités qui ont débuté par la guerre de l’indépendance américaine. À de nombreux égards, c’est l’affaire d’une génération : ceux qui ont combattu comme jeunes gens pendant la guerre de l’indépendance étaient encore au pouvoir pendant la guerre de 1812, par exemple, le président Madison et son secrétaire d’état, James Monroe. Pour d’autres, comme le futur secrétaire d’état et président John Quincy adams ou son rival andrew Jackson, la guerre fait partie de leurs souvenirs d’enfance.
La guerre est maintenant finie. La puissance britannique n’a pas remporté la victoire contre un mouvement révolutionnaire bénéficiant
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UnE HIsTOIRE dU Canada
d’appuis importants au sein de la population et remarquablement dirigé. Les Britanniques ont repoussé une faible invasion américaine, médiocrement dirigée et bénéficiant d’appuis douteux au sein de l’opinion publique américaine. en ce qui a trait aux habitants des provinces, dans les Canadas et les Maritimes, ils ne se sont pas ralliés à la cause américaine au départ et, par la suite, ils ont été suffisamment provoqués par les actions américaines pour donner leur appui à leur propre gouvernement colonial. américaines sur le plan géographique, par leur affinité culturelle et, à l’exception du Bas-Canada, par leur langue et leur façon de vivre, les provinces de l’amérique du nord britannique demeurent britanniques. en 1814, l’empire britannique offre à ses colonies des avantages à la fois importants et évidents en matière de commerce et de défense. Les colons raisonnables entretiennent l’espoir que l’empire continuera à leur offrir le même genre d’avantages substantiels à l’avenir.
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Transformations
et relations, 1815–1840
Colonisation rurale : une exploitation agricole récemment défrichée sur la rivière rideau, Haut-Canada, 1830.
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auTermedelaguerre de 1812, l’amérique du nord britannique semble connaître la stabilité tant intérieure qu’extérieure. ayant survécu aux hostilités, les colonies font partie d’un empire triomphant, avec son armée victorieuse et une marine qui ne semble pas connaître de rivaux.
On n’observe ni manque de loyauté manifeste ni rébellion importante dans aucune des provinces de l’amérique du nord et la nouvelle-écosse, le nouveau-Brunswick et le Bas-Canada ont retiré d’immenses avantages de la guerre. Pour les colonies, le système mercantile est garant d’avantages économiques particuliers – des droits favorables et un marché protégé – au sein de la mère patrie. entre-temps, les affaires résultant du développement économique ont de quoi rendre les politiciens locaux heureux, ou en tout cas préoccupés.
Le monde, ou à tout le moins la place qu’y occupent les colonies, est plus incertain qu’il n’y paraît. Le traité de Gand a
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