Une histoire du Canada
sud-ouest de la rivière des Outaouais jusqu’à Kingston, sur le lac Ontario. avec ses grandes écluses en pierre et ses kilomètres de voies navigables de jonction, ce canal coûte la bagatelle de £800 000 ; à sa défense, on pourrait dire qu’il est construit selon des normes extrêmement rigides (si l’on tient compte des améliorations apportées aux canaux sur la rivière des Outaouais et le saint-Laurent et des contributions au nouveau canal Welland, qui contourne les chutes du niagara, les contribuables britanniques versent £1 069 026 pour l’amélioration des voies navigables du Canada)5.
Les écluses existent toujours aujourd’hui et les canaux demeurent un monument au génie du dix-neuvième siècle, bien que le canal rideau soit essentiellement devenu une attraction touristique de nos jours. Le canal contribue au peuplement du Haut-Canada et stimule légèrement l’industrie du bois d’œuvre. Un nouvel établissement, situé au confluent de la rivière rideau et du canal, est appelé Bytown, en l’honneur du colonel John By, l’officier responsable du projet. si elle n’a jamais servi de poste de ravitaillement pour les troupes, Bytown se révèle un lieu idéal pour l’expédition de bois de flottage et, plus tard, la construction de moulins à bois.
si les canaux constituent le principal attrait technologique du début du dix-neuvième siècle et amènent des spéculateurs et des gouvernements spéculatifs à investir des millions dans leur construction et leur entretien, ce n’est ni le saint-Laurent ni le canal rideau qui exerce la plus grande incidence sur le Canada. C’est plutôt un projet conçu par le gouverneur de l’état de new York, deWitt Clinton, reliant le fleuve Hudson aux Grands Lacs à Buffalo et à certains points situés sur le lac Ontario. Parachevé en 1825, le canal érié entre en concurrence directe avec les canaux inadéquats le long du saint-Laurent tout en assurant la position de new York comme principal point d’accès portuaire au continent. après tout, new York est libre de glace à longueur d’années, tandis que sa rivale la plus logique, Montréal, est bloquée par les glaces de décembre jusqu’à avril ou mai.
au cours des années 1820, Montréal perd l’activité commerciale qui a fait sa renommée, l’industrie sur laquelle reposait la fortune des grands commerçants de la ville. depuis 150 ans, les brigades des pelleteries 7•TransformaTionseTrelaTions,1815–1840
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quittaient chaque année la ville au printemps dans leurs grands canots en direction de la rivière des Outaouais et des pays d’en haut pour revenir à l’automne avec leurs cargaisons lucratives destinées aux marchés de la fourrure de Londres et Paris. La Compagnie du nord-Ouest de Montréal est en concurrence directe avec la Compagnie de la baie d’Hudson, qui a son siège social à Londres, et connaît beaucoup de succès. La Compagnie de la Baie a fini par s’activer pour concurrencer directement les Montréalais, envoyant des marchands dans l’intérieur des terres et établissant des comptoirs de traite dans tout l’Ouest, jusqu’à ce que, en 1819, les rivaux de la traite des fourrures amorcent des négociations afin de mettre un terme au supplice de la concurrence. Le long de la rivière rouge, dans ce qui est désormais le Manitoba, où l’un des administrateurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson, le comte de selkirk, un pair du royaume écossais, a fondé une colonie d’écossais déplacés, on observe de véritables actes de violence, dont le meurtre de certains colons, ce qui donne mauvaise presse en Grande-Bretagne6. en 1817, les différends entre le comte et la Compagnie du nord-Ouest sont enchevêtrés dans le système juridique canadien, marqué par la corruption et subissant la forte influence, sinon la domination, des associés de la Compagnie du nord-Ouest et de leurs relations. (Un des hommes de selkirk déclare avec justesse que « les juges, membres du jury et représentants de la Couronne ne sont qu’une bande de maudites fripouilles »
et que, par conséquent, le comte agira indépendamment des « fripouilles du gouvernement du Canada7 ».)
de façon fort compréhensible, le comte n’est pas pressé de voir se régler les différences entre la Compagnie du nord-Ouest et la Compagnie de la Baie d’Hudson, à moins que la plupart des associés de la nord-Ouest se rendent et soient traduits en justice. Mais le compte meurt, au bord
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