Une histoire du Canada
de la faillite, au début de l’année 1820, ce qui accélère les négociations en vue de mettre un terme à ses querelles et à la concurrence dont elles sont devenues le symbole. Mettre un terme à une rivalité entre compagnies n’est cependant pas l’unique enjeu. il existe une dissension au sein de la Compagnie du nord-Ouest entre les « hivernants », les associés de l’intérieur des terres, qui pratiquent la traite comme telle, et l’extrémité montréalaise de la chaîne.
vu les circonstances, les gens de la nord-Ouest sont prêts à faire des compromis. selon une entente confirmée lors d’un conseil des « hivernants »
tenu à fort William en 1821, la plupart du personnel actif de la Compagnie du nord-Ouest passe à la Compagnie de la baie d’Hudson. Ceux qui font de la traite pour la Baie (les « commandants » ou « agents principaux ») recevront une part des profits de la compagnie, le partage étant régi par un document appelé le « Deed Poll ». À plus long terme, le changement le plus important est que la base de la traite des pelleteries passe de Montréal et fort William aux comptoirs de la CBH sur la baie d’Hudson. Guidée dans 142
UnE HIsTOIRE dU Canada
son exploitation par un écossais compétent et ambitieux, George simpson (il deviendra sir George), et encouragée par un gouvernement britannique soulagé, la CBH va dès lors exercer son contrôle sur la traite des fourrures du Labrador au Pacifique et de l’arctique à la frontière américaine. Mais où se trouve exactement la frontière ?
LA DéFiniTiOn ET LA DéFEnSE DE LA FROnTièRE
La guerre de 1812 n’a pas éliminé ni relâché par miracle les tensions entre la Grande-Bretagne et les états-Unis, pas plus qu’entre les provinces britanniques et leurs voisins américains. Le gouvernement américain a des ambitions commerciales : il demande aux Britanniques de permettre aux navires américains de faire du commerce dans les ports des antilles britanniques et riposte quand on le lui refuse. Les années 1820
sont témoin d’une brève course maritime. La réglementation de la pêche au large des provinces de l’atlantique ne cesse de soulever des plaintes.
La presse américaine fait état de mécontentement puis, dans les années 1830, d’une rébellion chez les provinciaux. Beaucoup d’américains demeurent convaincus que les gens des provinces, si on leur en laisse la moindre occasion, vont se joindre à eux. Pendant les années 1820 et 1830, on pourrait raisonnablement qualifier beaucoup de politiciens américains d’anglophobes, et bon nombre de leurs homologues britanniques font preuve de condescendance, voire de mépris, envers les américains.
À la frontière, on maintient tant les fortifications que les garnisons.
Les Britanniques prennent des mesures défensives coûteuses, comme la construction du canal rideau, et maintiennent ou étendent leurs fortifications, comme à la Citadelle de Québec. Les américains construisent des forts eux aussi, dont un se trouve par inadvertance, en raison d’une erreur d’arpentage, du côté britannique de la frontière. situé à rouse’s Point, sur le lac Champlain, ce fort doit être abandonné, avec les 100 000 $ que les américains y ont investis. Le gouvernement britannique dépêche une série de généraux, sherbrooke, richmond, dalhousie, Maitland et Colborne, pour diriger les colonies nord-américaines. ils seront ainsi disponibles en cas de guerre avec les américains, mais la guerre ne viendra pas. On leur demande alors de s’arranger, sans grand succès en général, avec la politique locale, ce qu’ils font très mal, comme nous allons le voir.
Fort heureusement, les gouvernements britannique et américain doivent payer la dette accumulée pendant les guerres antérieures et rétablir leurs relations avec leurs électeurs et contribuables. de l’avis de généraux britanniques, dont le duc de Wellington, qui semble immortel, les chances de victoire militaire des américains augmentent, bien que la supériorité 7•TransformaTionseTrelaTions,1815–1840
143
de sa marine permettra à la Grande-Bretagne de conserver les villes portuaires et les régions côtières en plus d’imposer un blocus le long des côtes américaines. il apparaît de plus en plus qu’il ne vaut pas la peine de dépenser de l’argent pour défendre l’amérique du nord britannique, et il y a bien sûr d’autres priorités, politiques et économiques.
Le
Weitere Kostenlose Bücher