Une histoire du Canada
gouvernement britannique connaît ses propres difficultés politiques : l’acte d’émancipation (qui reconnaît aux catholiques des droits politiques, dont le droit de vote), la réforme politique (qui vient rajuster un régime parlementaire scandaleusement dépassé) et le gouvernement de l’irlande (qu’on a eu l’imprudence d’intégrer au royaume-Uni en 1801).
et puis, il y a l’émancipation pure et simple, celle des esclaves dans tout l’empire, qui met un terme à l’esclavage en tant qu’institution. enfin, en plus du Canada, il y a aussi un vaste empire à gérer.
vu ces considérations, les cabinets britanniques font montre d’une prudence grandissante dans leurs dépenses dans les colonies et, après les années 1830, au Canada en particulier. tant qu’il demeurera une relation équilibrée avec les colonies, le mercantilisme étant compensé par l’acceptation, par les colonies, de l’orientation politique et économique générale de la Grande-Bretagne, il ne sera pas vraiment nécessaire pour celle-ci de changer le cours sinueux de sa politique coloniale. Pourtant, comme cela arrive si souvent, l’économie ne dicte pas le cours de la politique.
Petit à petit, les états-Unis en viennent à oublier les colonies britanniques. réduites dans la période d’après-guerre, les garnisons britanniques ne constituent manifestement pas une menace et les forts et les canaux, en dépit de leur coût, ont manifestement été conçus dans un esprit de défense et non d’attaque. Les Britanniques cessent de subventionner les amérindiens du nord-Ouest américain : ceux-ci doivent se débrouiller seuls pour négocier avec le gouvernement américain.
Les flottes navales des Grands Lacs sont les premières victimes de l’effort de désarmement, situation ratifiée par l’accord rush-Bagot, qui restreint le nombre de navires de guerre sur les lacs plutôt que de les abolir.
il est suivi d’une convention, signée en 1818, qui fixe la frontière britanno-américaine le long du 49e parallèle à partir du lac des Bois, situé à l’ouest des montagnes rocheuses. dans un autre accord, on considère le territoire situé à l’ouest des rocheuses, au nord de la Californie espagnole et au sud de l’alaska, une possession russe, et qui s’appellera plus tard Oregon, comme un condominium, un territoire soumis à un régime de co-souveraineté.
Ce règlement manque de stabilité mais, en 1818, il n’est pas nécessaire d’établir un gouvernement pour ce territoire ni d’y installer des garnisons ni d’y instaurer des tribunaux. La Compagnie de la Baie d’Hudson devient principal exploitant commercial en Oregon, comme dans tout le reste du 144
UnE HIsTOIRE dU Canada
territoire britannique au nord des états-Unis et au sud et à l’est de l’alaska.
Pour l’instant, la recherche du profit n’y est soumise à aucune contrainte.
dans l’est, un conflit frontalier subsiste dans la région d’aroostook entre le nouveau-Brunswick et le Maine ; il faudra encore attendre une génération avant qu’il ne soit résolu.
Le manque de précision de ces ententes finit par entraîner des différends, qui s’accompagnent de beaucoup de discours enflammés. ni du côté américain ni du côté britannique, on ne souhaite particulièrement retomber en guerre, mais il arrive que certains exigent de mettre un terme aux compromis pour en arriver à une conclusion définitive : l’annexion de l’amérique britannique, même s’il faut pour cela repartir en guerre. Un de ces spécialistes de droit public international, John J. O’sullivan, crée l’expression « destin manifeste » ( Manifest Destiny ) pour désigner l’absorption inéluctable de tout le continent nord-américain par les états-Unis.
en fin de compte, en 1846, on met fin au condominium par voie de compromis en divisant l’Oregon en une zone britannique au nord du 49e parallèle mais incluant l’île de vancouver et une zone américaine au sud. On fixe également la frontière plus à l’ouest par voie de traité (le traité Webster-ashburton) et d’un arbitrage en 1842, qui a pour effet de répartir les terres contestées le long du cours supérieur du fleuve saint-Jean et de fixer la frontière entre le nouveau-Brunswick et le Bas-Canada d’un côté et le Maine de l’autre.
tout cela est rendu possible parce que les américains concentrent leur attention ailleurs : sur la colonisation de la vallée du Mississippi,
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